Il ne s’agit ni de nouvelles ni de microfictions, mais plutôt de microrécits. L’auteur de la pièce de théâtre mondialement connue Art, qui écrit à la fois des romans et des pièces de théâtre, récompensé par le prix Renaudot pour Babylone en 2016 ainsi que le prix Cino Del Duca en 2024, signe ici un livre dont la forme nous séduit d’abord par son originalité. En seulement une ou deux pages, elle rend hommage à certains de ses amis, aujourd’hui décédés ; Le portrait de Luc Bondy est une merveille. Elle parle des vieux couples vénitiens qui se promènent dans la ville et qu’elle aime photographier. Un adolescent, trop gros et très seul sur la plage du Lido, lui serre le cœur. Elle confie certains de ses souvenirs, tantôt drôles, tantôt mélancoliques ou absurdes, avec son mari, ses enfants, sa sœur… Mémorable est l’histoire de son fils devant la télévision, qui veut à tout prix rentrer à Paris – pour une fois. Il neige dans sa ville ! – plutôt que de rester avec son père en vacances à la montagne dans un bel hôtel, avec vue sur les sommets enneigés. Ces parenthèses littéraires – choses vues, choses entendues – sont ponctuées par d’autres récits, pour la plupart plus graves et liés à des procès criminels, qui fascinent Yasmina Reza depuis maintenant plusieurs années. Certains d’entre eux ont défrayé la chronique (Jonathan Davall, Jean-Luc Morandini, Nicolas Sarkozy, Tariq Ramadan…), d’autres non, mais elle parvient en quelques phrases à planter le décor, ce qui semble (…)
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