« Arrêtons de mépriser les jeunes lecteurs ! » Et ouvrons-les au monde ! » – .

« Arrêtons de mépriser les jeunes lecteurs ! » Et ouvrons-les au monde ! » – .
Descriptive text here

Oui, il y a urgence à développer des politiques pour renforcer la lecture, partout et pour tous, comme le souhaite la ministre de la Culture Rachida Dati. Oui, il y a un travail crucial à faire à l’école, pour développer les pratiques culturelles les plus diverses, pour encourager l’esprit critique indispensable pour naviguer dans le monde numérique, pour lutter contre les inégalités sociales et géographiques. Et oui, nous sommes plus largement confrontés à un sujet de société, celui de la place du numérique, des écrans, dans nos vies – et qui ne touche pas que les jeunes lecteurs…

Cependant, tout n’est pas perdu. Nous, auteurs, libraires, éditeurs, fondateurs d’un réseau social du livre, voyons des raisons d’être optimistes. Il y a un vrai succès du pass Culture, et du livre sur le pass Culture, qui est aujourd’hui le 1D catégorie d’utilisation du Pass. L’impression d’un « Pass Manga » est également erronée : certes, les mangas représentent encore 31 % des achats via le Pass (données du Pass Culture, 2023), mais la bande dessinée, la romance, la mode mais aussi les genres plus conventionnels, les ouvrages de littérature générale le sont également. également populaire. Il y a un engouement pour les livres sur TikTok, qui se reflète dans les ventes. L’exemple de Chanson d’Achille de Madeline Miller (2015), qui connaît un grand regain, n’est pas isolée : d’autres comme Ce que le jour doit à la nuit de Yasmina Khadra (2008) ont également été redécouvertes grâce aux Booktokers, qui ne se limitent pas à la nouveauté. Et il existe de véritables best-sellers dont on n’a jamais entendu parler, mais que les lectrices – très souvent des lectrices – achètent par dizaines de milliers d’exemplaires. Il n’y a pas que les auteurs américains comme Lucy Score qui vendent à plus d’un million d’exemplaires dans le monde : Sarah Rivens et Morgane Moncomble, auteurs de romances francophones, viennent de franchir ce seuil. Et si ce n’est pas encore le cas de la poète Rupi Kaur, ses ventes sont impressionnantes – et prouvent que l’éventail des genres lus par les jeunes est plus large qu’on ne le croit parfois.

Avant d’augmenter le nombre de lecteurs, aimons déjà les jeunes qui lisent !

Arrêtons de sous-évaluer les genres qu’ils lisent. Le mépris de la romance doit, par exemple, cesser : c’est un genre avec de nombreuses sous-catégories, qui renvoient aux genres de la littérature classique : thriller, fantastique, science-fiction, etc., ponts qu’empruntent de nombreux lecteurs (et lectrices). Ce qui est important, pour encourager et accompagner ces lecteurs, c’est de mettre en place des parcours de découverte qui les mèneront progressivement vers de nouveaux genres, renforceront leur goût pour la lecture, et garantiront ainsi la pérennité de la diversité éditoriale, tout en augmentant le temps consacré à la lecture. Et ce n’est pas parce que les éditeurs vont renforcer leur offre dans de nouveaux genres appréciés des jeunes lecteurs qu’ils abandonneront les genres les plus traditionnels ; au contraire, ils veilleront à construire des ponts entre eux. La « découvrabilité » reste au cœur des préoccupations du ministère de la Culture et du Pass Culture : nous voulons tous créer cette ouverture.

Pour cela, il faut mieux connaître ce lectorat et savoir l’orienter, tant numériquement que physiquement, avec des recommandations ultra-personnalisées. Ce rôle central est avant tout celui des libraires, et il faut savoir le développer et le reproduire, notamment en ligne. Lorsqu’un libraire conçoit dans sa librairie une table destinée aux jeunes entre 15 et 18 ans, il peut désormais utiliser, en plus de son expérience et de son expertise, des données de lectorat hautement qualifiées et des éléments de recommandation utilisant l’intelligence artificielle. , sans que la recommandation humaine ne soit remplacée, bien au contraire. Ces données existantes, complémentaires aux conseils, sont aujourd’hui une aide, et permettent de constater que la romance, la bande dessinée, le manga ne sont pas les seuls genres représentés, que les thématiques abordées sont parfois très inattendues. Un témoignage graphique de Ginette Kolinka peut cohabiter avec une romance, un roman étranger de Blanche avec un manga, etc. Ce sont des signes tangibles d’espoir.

La bataille qui s’annonce est bien celle de la découverte de la pluralité par rapport à l’enfermement du tout numérique, qui ne conduit parfois qu’à des choix et des univers de plus en plus restreints. Pour gagner ce combat, nous devons nous appuyer sur les mêmes outils, mais les mettre au service de notre ambition culturelle diversifiée, au bénéfice d’un projet de transmission pour notre jeunesse.

Signataires :

Alexandre Jardin, eécrivain; Clara Arnaud, écrivaine ; Matthieu de Montchalin, président-directeur général de la librairie L’Armitière (Rouen) ; Félicité Herzog, écrivaine, présidente de la librairie L’écume des pages (Paris) ; Elsa Lafon, directrice générale des éditions Michel Lafon ; Gilles Haéri, président des éditions Albin Michel ; Guillaume Debaig et Jean Spiri, président et vice-président de Gleeph

 
For Latest Updates Follow us on Google News
 

NEXT Auteur de deux livres à 19 ans, Louis Lefèvre utilise les mots pour guérir