le grand poète américain dans une anthologie illustrée par la peinture moderniste

Surnommée la « recluse d’Amherst » (Massachusetts), la poète Emily Dickinson (1830-86) partage avec Walt Whitman (1819-92) une approche transcendantale du monde, au-delà de la religion, où la poésie puise dans la nature sa spiritualité.

Sans aller jusqu’au paganisme, l’empreinte du gigantisme paysager américain confère à la poésie d’Emily Dickinson une dimension mystique.

Publié aux belles éditions Diane de Selliers et traduit par Françoise Delphy, « Poésies – d’Emily Dickinson » trouve dans ses pages, qui alternent textes et peintures de Georgia O’Keeffe, Grant Woot, Edward Hopper et bien d’autres, des correspondances fructueuses. Une transfiguration du réel qui, avec Emily Dickinson, passe du conceptuel au spirituel, et des mots à la peinture.

Après Walt Whitman, Emily Dickinson partage avec l’écrivain Howard Philip Lovecraft l’attribut de « reclus », lui, originaire de la ville de Providence (Rhode Island), connu pour ses œuvres fantastiques et également poète. Leur point commun s’arrête là. Mais cette solitude volontaire (remplie par une riche correspondance) leur offre en commun une ouverture sur le monde.

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« Butterfly Festival » de Charles Burchfield, 1956, aquarelle sur papier, 94×66 cm illustrant l’œuvre « Poetry – by Emily Dickinson ». Collection privée. (ARCHIVES DE BURCHFIELD PENNEY)

Ce partage du monde intérieur avec autrui par l’écriture, et la publication, quasi inexistant de son vivant, trouve enfin pour Emily Dickinson sa consécration dans les choix de cette anthologie, parmi des centaines de poèmes, et dans la qualité éditoriale de ce bel ouvrage. . Concernant un poète américain, on ne pense guère à un équivalent français contemporain, George Sand étant un romancier.

Les thèmes d’Emily Dickinson sont intimes : le jardin familial parsemé de fleurs, et « l’amant de toute éternité » qui évoque Le roman de la rose. Mais le macabre surgit aussi, comme chez Edgar Poe, et les psaumes évangéliques, le lien étant spiritualiste. Les poèmes bilingues se reflètent dans les couleurs des œuvres de Georgia O’Keefe, Helen Torr ou Edward Hopper, comme s’ils étaient complémentaires, dans un dialogue moderne, cent ans plus loin. Une belle harmonie éditoriale entre poésie et peinture, somptueuse et onirique.

Poèmes – par Emily Dickinson
Traduit par Françoise Delphy
Éditions Diane de Selliers
250 euros

 
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