L’avis d’un général, et surtout ancien chef d’état-major des armées de 2017 à 2021, pose une double question : la question juridique préalable du devoir de réserve, question qui ne concerne que le droit et la discipline d’une part ; et une question politique de fond sur les arguments géopolitiques avancés, qui sont en revanche critiquables.
Question juridique préalable : sur le devoir de confidentialité
La situation politique, géopolitique, socioculturelle, intellectuelle, judiciaire, économique, démographique et diplomatique de la France ne cesse de se dégrader depuis les années 1980. De nombreux Français s’en inquiètent légitimement et de plus en plus. Les récentes aventures, erreurs, mésaventures et échecs géomilitaires (Liban, Rwanda, Serbie, Afghanistan, Irak, Syrie, Libye, Mali, Burkina Faso, Niger), le manque de sens politique des derniers présidents de la République, chefs des armées selon la Constitution, ont, de plus en plus souvent, amené celle que l’on qualifiait autrefois de « la grande muette » à s’exprimer, même si c’est le plus souvent via le cadre du « 2s ».
Certes, les postures et décisions politico-militaires des derniers présidents français ont frôlé l’arrogance, l’irresponsabilité, la collusion avec les puissances étrangères, l’incompétence et les positions aventureuses dans le domaine militaire. Or, l’acte militaire est un acte extrêmement grave puisque dans l’immédiat c’est la vie et la mort des soldats, nos fils, qui sont en jeu. Et donc se pose la question de savoir à partir de quels niveaux de problèmes politiques les militaires (qui disposent de bien d’autres moyens discrets et efficaces pour faire valoir leur point de vue) peuvent légalement exprimer leurs analyses au public.
Il y a trois ans, le 21 avril 2021, un tribune signée par de nombreux officiers supérieurs du framework 2S et publié par Valeurs actuelles Cette tradition du silence semblait révolue. Mais un spécialiste du droit de la défense nationale, le doyen Jean-Christophe Videlin…
