Jean de Léry, Alessandro Manzoni, comte de Rambuteau – .

Jean de Léry, Alessandro Manzoni, comte de Rambuteau – .
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« Histoire mémorable de la ville de Sancerre », de Jean de Léry, édité par Frank Lesstringant, Le Livre de Pocket, « Classiques », 348 p., 8,90 €.

« Histoire de la chronique infâme » (Storia della colonna infame), d’Alessandro Manzoni, traduit de l’italien par Christophe Mileschi, préface d’Eric Vuillard, apostille de Leonardo Sciascia, Babel, 208 p., 8,50 €.

« Mémoires », du comte de Rambuteau, édité par Sandrine Fillipetti, Mercure de , « Le temps retrouvé », 454 p., 12 €.

Unanime Serons-nous à proclamer que le mot « Sancerre » fait bien plus référence au goût du vin qu’à l’odeur du sang, qu’il ravit les papilles plus qu’il ne soulève le cœur, et que le seul cadavre qu’il ait connu était le coup de feu. blessure de M. Gallet, ancien représentant commercial devenu escroc, dont la mort concerna Maigret en 1931 (M. Gallet, décédé, de Georges Simenon, Fayard). Une vision vigneronne et apaisée quiHistoire mémorable de la ville de Sancerrepublié en 1574 sous la plume du pasteur et explorateur protestant Jean de Léry (1534-1613), célèbre pour son Récit d’un voyage effectué au pays du Brésil (1578 ; The Pocket Book, 1994), fait plus que vaciller.

Perché sur son éminence, la petite capitale viticole ralliée à la Réforme fut en effet le lieu, entre janvier et août 1573, dans le sillage meurtrier de Saint-Barthélemy (24 août 1572), d’un siège historique par les troupes catholiques de Claude de La Châtre, gouverneur du Berry. Siège impitoyable conduisant au fil des mois à une famine atroce (manuscrits bouillis et « crottes de cheval » servi comme une somme dérisoire), dont le point incandescent était un acte de cannibalisme commis par les parents sur leur fille de 3 ans, morte de faim.

Rédigé avec expertise et ferveur par Frank Lestringant, le récit direct de Jean de Léry (qui a négocié la reddition des lieux) a valeur à la fois de témoignage et d’analyse. Car Léry n’exerce pas seulement son métier de « reporter » partisan, tel l’explorateur qu’il fut : il figure et décrit le siège et sa famine avec une précision absolue. On sait que 5 915 coups de canon furent tirés par les assiégeants. Le catalogue des morts et le rôle des blessés « arquebuzés » Et “canonné” nous sont également fournies, tout comme la carte des matériaux singuliers ingérés par les assiégés. Un merveilleux témoignage analytique sur l’art de survivre.

L’année 1630, l’ennemi qui assiège Milan et les Milanais n’est pas visible, ne se tient pas avec des fusils pointés autour des murs, mais il dévaste tout : c’est le bacille de la peste. A l’époque, le seul remède que nous connaissions était moins médical que légal : à défaut de guérir les corps, il fallait apaiser les esprits, et donc retrouver les coupables. Là, il s’agira de l’officier de santé Guglielmo Piazza et du barbier Gian Giacomo Mora, condamnés suite à la dénonciation de la vieille Caterina Rosa, qui les a vus oindre les murs des maisons avec une substance grasse. Des tortures itinérantes sont décidées, au cours desquelles ils sont mutilés, battus et brûlés. Construit sur l’emplacement de la maison rasée du barbier Mora, un « chronique infâme » doté d’une plaque explicative perpétuera jusqu’en 1778 le souvenir de cette iniquité totale contre laquelle l’auteur du EngagéAlessandro Manzoni (1785-1873), dessiné avec Histoire de la tristement célèbre chroniqueentre le Voltaire de L’affaire Calas et le Zola de J’accuseun réquisitoire impitoyable d’une véhémence et d’une précision cinglantes.

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