Olivier Bourdeaut, auteur du best-seller « En attendant Bojangles » en 2016, revient avec « Développement personnel ». Un quatrième livre où il n’est autre que son propre personnage principal, et ne se rend pas service.
C’est l’angoisse de la page médiocre que redoute Oliver Bourdeaut. Noircir des pages n’est franchement pas un problème pour lui : c’est donner corps à une idée de manière satisfaisante, tant pour lui que pour son éditeur, ce qui pose problème.
Lorsqu’il se retrouve dans cette impasse, en 2023, l’auteur du best-seller « En attendant Bojangles » (2016) décide de se retirer sur l’île d’Ibiza, s’échappant pour créer. Mais là encore, le poisson rouge tourne en rond dans son bocal. C’est qu’il n’a pas immédiatement compris que l’anti-héros qu’il cherche à incarner à travers ses paroles n’est autre que lui-même. C’est le personnage « le plus ridicule » qu’il connaisse.
J’étais tenté d’écrire sur un personnage ridicule qui me permettrait de développer toutes les formes possibles d’humour, d’ironie, d’absurde, de répétition, de bêtise.
Une école d’écriture
Commence alors un retour sur son histoire, son enfance, sa scolarité chaotique. De multiples fiascos s’ensuivent, professionnellement et personnellement. Autant d’échecs qui finiront par le transformer en écrivain. Là encore, c’est lorsqu’à 28 ans il fut acculé, jeté sans le sou dans sa Renault Espace que le beau parleur, tricheur, menteur et profiteur, puisque c’est ainsi qu’il se voyait et racontait ses histoires, n’eut d’autre salut que acceptant l’invitation de son petit frère.
Ce dernier lui propose un logement, à condition qu’il écrive au moins trois pages par jour. Une école d’écriture qui pour l’auteur en herbe durera deux ans. Ce livre de 500 pages ne sera jamais publié, mais maintenant quelque chose a changé, la graine est plantée et plus tard elle fleurira avec succès.
Un anti-manuel
Le « développement personnel » est pensé et présenté comme un anti-manuel. Olivier Bourdeaut use de conseils typiques dans les titres des chapitres qu’il s’efforcera de déconstruire de manière totalement ironique.
En matière d’anti, l’écrivain incarne également un anti-transfuge de classe, ou un transfuge de classe inversé. Fils d’un notaire nantais qui, à 18 ans, définitivement exclu du système scolaire, écrit sa première lettre de motivation dans une entreprise de nettoyage industriel pour décrocher un emploi de videur de déchets dans les cages d’escalier d’un immeuble. Après plusieurs ébauches, il a réussi et a obtenu le poste tout en suscitant des sourires et de l’hilarité.
L’incapacité d’écrire cette lettre fut à l’origine de mes premières insomnies littéraires. Même que! Je me suis dit, même que, au nom de Zeus, je n’en suis pas capable
Sincérité absolue
Des expériences qui seront pour lui des leçons de vie et d’humilité, et qu’il parvient à nous transmettre sans aucune morale, toujours avec humour et autodérision. Toutes ces étapes sont autant d’anecdotes qu’il nous raconte au fil des pages de ce livre qui se dévore avec enthousiasme.
Nul doute que désormais, l’enfant adulte dont on mettait en doute la sincérité lorsqu’il disait la vérité et que l’on croyait fermement lorsqu’il mentait, peut être fier de réussir à nous émouvoir et à nous faire rire avec un texte d’une sincérité absolue. qui, en ne cachant absolument rien de lui, dit tout de lui.
Céline O’Clin/ld
Olivier Bourdeaut, « Développement personnel », éditions Finitude, mars 2024.
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