un livre qui retrace tous les médaillés français dont les Varois et les Azuréens oubliés

un livre qui retrace tous les médaillés français dont les Varois et les Azuréens oubliés
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Un ouvrage de référence. Où odyssées humaines et sportives se succèdent avec clairvoyance. JO d’été : tous les médaillés français de 1896 à nos jours (1), c’est le titre de l’ouvrage du Nantais Stéphane Gachet, paru fin 2023. A 52 ans, ce responsable des événements sportifs de la métropole nantaise a mis près de 20 ans pour achever cet ouvrage et rédiger une liste – «exhaustif à ce jour» – 1 266 médaillés français. Parmi ces athlètes sacrés, plusieurs ont un lien fort avec nos départements du Var et des Alpes-Maritimes. Tour d’horizon des histoires les plus singulières avec un passionné insatiable.

Quelle est la genèse de ce livre ?

En 2005, j’ai découvert par hasard que Jean Gachet, un de mes homonymes, figurait sur la liste olympique et avait obtenu une médaille d’argent en boxe aux Jeux Olympiques d’Anvers en 1920. Cela m’attire et attise ma curiosité. Mais j’ai été confronté au manque d’informations à ce sujet. Cela m’a poussé à faire des recherches sur lui car je trouvais injuste et anormal qu’il puisse être oublié. Cela m’a pris un peu de temps, mais j’ai réussi à écrire sa petite biographie et je me suis dit qu’il fallait faire ce travail de mémoire pour tous les médaillés olympiques français. J’ai alors mis le doigt sur un engrenage où le travail à réaliser était titanesque. C’est pourquoi il m’a fallu vingt ans pour mener à bien ce projet.

Comment avez-vous trouvé ce nombre de 1 266 médaillés français depuis 1896 ?

J’y ai passé beaucoup de temps. Mais ce qui était fastidieux était de fiabiliser la liste de tous ces médaillés. Pour arriver à ce décompte, il a fallu comparer plusieurs sources officielles parfois contradictoires. Ce qui est assez surprenant. Prenons par exemple les médaillés français en 1900. Eh bien ! le Comité International Olympique annonce 114 médaillés pour la France, le CNOSF en déclare 103 ou encore le journal L’équipe il y en a 112. Ce qui est également le cas en 1924, 1928, 1932… où les informations diffèrent. J’ai donc comparé ces bases de données avec deux sources principales : les rapports officiels des compétitions des Jeux concernés ainsi que les articles de presse de l’époque. À ce jour, il s’agit d’un travail exhaustif puisque personne d’autre n’a avancé un autre chiffre. En revanche, je suis absolument certain qu’il manque encore quelques médaillés non identifiés. Probablement moins de dix. Cette recherche m’a demandé beaucoup d’efforts mais elle m’a aussi apporté beaucoup de satisfaction et de plaisir. Y compris en annonçant à certains descendants que leur arrière-arrière-grand-père avait été médaillé olympique. Ce qui s’avère complètement fou !

Dans votre livre, vous répertoriez 26 sportifs varois et azuréens nés dans nos départements. Quelle histoire vous a le plus marqué ?

Sans trop hésiter, j’ai choisi celui de Camille Muffat. D’abord parce que son destin est extraordinaire avec une fin absolument tragique. Mais je me souviens particulièrement de cet incroyable athlète pour deux raisons. La première est que très peu de Françaises ont obtenu trois médailles aux Jeux Olympiques, ce qu’elle a obtenu en 2012. Les autres sont de très, très grands noms du sport français : Laura Flessel [escrime, 5]Jeannie Longo [cyclisme, 4]Laure Manaudou [natation, 3]Suzanne Lenglen [tennis, 3]Marie-José Pérec [athlétisme, 3]…Et elle est probablement l’une des athlètes françaises les moins connues à avoir réussi cet exploit. La deuxième raison reste plus triste, mais m’a beaucoup touché. Sur les 1266, on compte 188 femmes et Camille Muffat est la plus jeune de toutes à être décédée, à 25 ans. Et tous sexes confondus, elle est la troisième plus jeune alors que les deux autres athlètes ont été médaillées en 1900. Une époque où l’espérance de vie n’était pas la même qu’aujourd’hui. Autre comparaison : la deuxième plus jeune médaillée française décédée est la célèbre navigatrice Virginie Hériot, qui a remporté l’or en 1928. Elle est décédée en 1932 à l’âge de 39 ans, soit 14 ans de différence avec l’âge du décès de Camille Muffat… C’est aussi pourquoi il ne faut pas oublier de célébrer sa mémoire.

D’autres médaillés ont un lien fort avec notre région comme Herman Berger, ancien maire de Saint-Raphaël de 1914 à 1921 décédé en 1924 à Nice…

Il a un parcours assez étonnant et, en même temps, pas tellement au regard des 130 ans des JO. Devenir maire après avoir été médaillé olympique [or en escrime, épée par équipes, en 1908] Ce n’est pas anodin, mais ce n’est pas un cas unique. De nombreux grands sportifs se lancent ensuite en politique. Je pense aux plus connus qui ont notamment été ministres des Sports : Roxana Maracineanu, David Douillet, Laura Flessel, Guy Drut… On voit bien les liens qu’il peut y avoir entre les deux différents domaines. Pour un escrimeur de cette époque, son parcours reste assez classique. Il est issu d’une famille appartenant à un milieu social privilégié – son père était député de Paris – et, comme beaucoup de garçons bien nés à cette époque, il pratique très jeune le sport : escrime, gymnastique, équitation, cyclisme. … Cet ancien étudiant en sciences politiques, résidant à Paris, devient ensuite avocat avant de participer aux Jeux olympiques de 1900 et 1908. Je pense qu’après cela, il a choisi de mener une vie plus douce près de la Méditerranée. On le retrouve comme maire de Saint-Raphaël entre 1914 et 1921. A cette époque, il habite la Villa Eliane dans le quartier d’Anthéor. Grâce à son influence, le Tour de France 1921 a lieu à Saint-Raphaël. La même année, il accepte de collaborer à la revue Le Var et la Corniche d’Or illustrés Pour «laissons de côté les questions de politique et de peuple et défendons les beautés et les richesses méconnues de notre incomparable département». Il décède à Nice en 1924, mais les sources diffèrent, l’une faisant état d’une mort subite et l’autre d’une longue maladie.

Le plus vieux médaillé français encore en vie est Charles Coste (100 ans), cycliste né à Ollioules. Qu’en penses-tu?

C’est un bon coureur, médaillé d’or [poursuite par équipes en 1948], mais il n’a pas marqué l’histoire des Jeux par ses performances. À juste titre, il se démarque aujourd’hui car il en est le doyen. J’ai écrit ce livre pour que ces sportifs, comme lui, ne tombent pas dans l’anonymat. J’ai également lancé un appel au comité olympique sur les réseaux sociaux pour qu’il s’associe au plus jeune de nos médaillés afin de les désigner comme les derniers porteurs de la flamme.

Avez-vous d’autres anecdotes liées à nos départements ?

Oui, je pense à Pierre Gervais. Peintre ayant vécu à Menton et Nice et médaillé de voile en 1900 [or et bronze]. J’ai eu du mal à l’identifier, mais j’ai surtout découvert qu’il n’était pas seul sur son bateau. Il naviguait avec deux femmes. Ils restent, à ce jour, inconnus. Ce qui ferait d’elles les premières femmes médaillées de l’histoire des Jeux. Une information que je continue de creuser…

1. Paru fin novembre 2023 aux éditions Talent éditions, 632 pages, 26.90 e. Stéphane Gachet avait déjà écrit trois autres livres liés au sport : Le Dictionnaire des médaillés olympiques français (2011), Naissance du sport dans le Morbihan (2016) et Alice Milliat – Les vingt années qui ont fondé le sport féminin (2019).

Ali-Khan et Warden, deux inconnus au cœur d’Azur

Parmi les 1 266 mini-biographies présentes dans le livre se cachent des histoires uniques. Comme celles de l’athlète Émile Ali-Khan ou du joueur de tennis Archibald Warden. Deux médaillés français, qui ont un lien avec la Côte d’Azur, sans détenir de passeport français. « Un certain nombre d’étrangers – j’en identifie une trentaine – ont remporté une médaille pour notre payssouligne Stéphane Gachet. Ce qui ne serait plus possible aujourd’hui. Mais, jusqu’en 1920, on pouvait apporter des titres en France en tant qu’étranger à condition d’être licencié dans un club français.

C’est pourquoi Musood Ali-Khan, alias Émile, né à Battle (Angleterre), fils d’un ressortissant indien et d’une Française, a donné l’argent à la France en 1920 sur le 4×100 m. Il débute l’athlétisme à Nice au lycée Masséna avant de rejoindre des clubs comme Villefranche, Cannes et le Stade français. Idem pour l’Écossais Archibald Warden, en bronze en 1900 (double mixte). Ce médecin arrivé en France en 1899 était licencié à Paris, mais vivait à Cannes au début du XXe siècle.e siècle avant d’y mourir en 1943.

 
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