« Bolloré et Kretinsky ont des groupes d’édition parce que ça fait chic »

« Bolloré et Kretinsky ont des groupes d’édition parce que ça fait chic »
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Vivendi, le géant des médias de Bolloré, a racheté Hachette Livre (Grasset, Fayard, Livre de Poche, Hatier…). Pour ce faire, il a dû vendre l’intégralité d’Editis (Laffont, Bordas, Plon, Nathan, Julliard, Le Robert…) à l’homme d’affaires tchèque Daniel Kretinsky. L’OPA de Vivendi sur Hachette a donc en partie échoué…

Verdier, Zulma, Liana Levi et moi-même, ainsi que d’autres groupes plus importants, avons adressé une pétition à l’autorité anticoncurrentielle de la Commission européenne à Bruxelles. Indépendant, il me tient à cœur de continuer à pouvoir évoluer dans un marché où règne une certaine diversité, où la concurrence reste possible.

La vie et la survie d’une maison indépendante sont liées à la possibilité de pouvoir choisir son distributeur. Le mien vient d’une filiale Gallimard et tout se passe bien. Un énorme monopole signifierait la présence d’une entité unique ayant tout ou partie entre ses mains, avec la volonté de détruire ses concurrents.

Si je ne parviens plus à négocier mes coûts, notamment de distribution, je ferme la porte. Une maison comme la mienne a besoin de concurrence, entre plusieurs maisons d’édition de poche susceptibles d’acheter mes titres. Si toute la presse, tous les médias, toutes les salles – donc tous les moyens publicitaires – sont la propriété d’une seule personne (cela aurait été le cas si Bolloré avait réussi à conserver Editis), c’est une catastrophe. Nous avons gagné ce premier tour, mais nous sommes extrêmement vigilants. Nous sommes face à un duopole, Editis et Hachette. C’est toujours un danger.

De quelle nature ?

Elle est à la fois industrielle, intellectuelle et idéologique, surtout si l’on étudie l’agenda de Bolloré et ce qui se passe chez Fayard. C’est horrible. Il y a un risque intellectuel car industrialisation signifie standardisation. Le meilleur allié de l’industrie, c’est le manque de temps, mon ennemi !

Il me faut beaucoup de temps pour que mes livres se déploient et que je continue à avoir un chiffre d’affaires (CA) à géométrie variable. Certaines années, mon chiffre d’affaires chute de 50%. Parfois, il y a un rebond de 50 %. L’année où je publie Son favori, de Sarah Jollien-Fardel, vendu à 50 000 exemplaires, j’ai doublé mon chiffre d’affaires par rapport à l’année précédente. Bolloré et Kretinsky suivent une logique capitaliste de croissance industrielle. Ils embauchent des groupes d’édition parce que cela a l’air chic et que nous ne perdons jamais vraiment d’argent dans l’édition.

Ils appliqueront leurs recettes de croissance…

C’est terriblement inquiétant. Si une maison d’édition qui vous appartient est condamnée à une augmentation annuelle de son chiffre d’affaires, les éditeurs en place devront limiter les risques. C’est la raison pour laquelle, sur le marché du livre, on trouve de plus en plus de mangas, de bandes dessinées, de littérature jeunesse, de romance… Je publie une dizaine de livres de littérature par an…


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