Romans roses passion | Le devoir – .

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C’est une nouvelle bibliothèque rose : les romans d’amour explosent aux palmarès des ventes au Québec. Les livres de Colleen Hoover, Danielle Steel, Sarah Rivens et Julia Quinn ont propulsé le genre (de 53 %), en littérature, au Bilan Gaspard du marché du livre 2023. Alors que débute aujourd’hui la Foire internationale du livre de Québec, Le devoir examine, dans une série de trois articles, la romance contemporaine, qui attire de très nombreux lecteurs, femmes et filles. Premier texte : Romans roses passion.

« La raison, c’est que la romance se lit davantage quand il y a besoin de plus d’amour… » explique d’emblée, le sourire dans la voix, le sociologue Jean-Philippe Warren. De son côté, l’auteure québécoise Amélie Dubois, qui navigue entre romance, poussin lit et comédie pour expliquer ce phénomène, rappelle que « la quête de l’amour est la quête la plus universelle, quel que soit le pays ou la culture dans laquelle on vit ».

« La pandémie nous a peut-être poussé à revenir au cœur de notre existence », dit-elle en réfléchissant. Nous voulons aimer et être aimés. » Et on a envie de lire sur l’amour : depuis 2021, le roman sentimental a repris de l’ampleur, indique la chercheuse Marie-Pier Luneau, directrice du Groupe de recherches et d’études sur le livre au Québec.

Un élan qui a préparé le big bang des ventes l’année dernière. “Désormais, les romans roses s’achètent en librairie”, explique M.moi Lunéau. Mes tantes, dans les années 1980, l’ont acheté chez Jean-Coutu. »

À Bibliothèque et Archives nationales du Québec, on constate au contraire une baisse des emprunts de ces livres. De 12.622 en 2019-2020, ils sont estimés à 9.260 en 2023-2024. Faut-il comprendre que les lecteurs achètent désormais davantage ?

Absolument, estime Rebecca Lecours. «Il y a un changement dans l’opinion publique», estime le directeur et éditeur des toutes nouvelles Éditions Maison Rose à Québec. « Pendant longtemps, les Harlequins ont été considérés comme de la littérature Kleenex. »

“On l’a lu en cachette, on s’en est débarrassé après”, ajoute M.moi La leçon. Aujourd’hui, les lecteurs disposent de bibliothèques remplies de livres sentimentaux et de collections entières. »

Des lecteurs interviewés par Le devoir parlons également de lectures en série. Parfois même compulsif, voire boulimique. « Les fans du genre s’en cachent beaucoup moins qu’avant, poursuit l’éditeur. Ils se responsabilisent beaucoup plus. »

Sortir de la poubelle rose

Historiquement, et encore aujourd’hui, « de tous les genres populaires, le plus méprisé, boudé, vilipendé est la littérature sentimentale », affirme Marie-Pier Luneau. «C’est considéré comme une poubelle de la littérature. Ce n’est jamais critiqué, cela passe inaperçu des médias, des chercheurs, des littéraires. »

C’est pourquoi elle s’est penchée sur le sujet : « parce que ça n’intéresse guère les autres. Même si cela a toujours été une excellente lecture. Dans les années 1980, il existait un groupe de recherche sur les romans arlequins à l’UQAM. TELUQ offre un cours sur les romans sentimentaux. Mais ce sont des exceptions dans les études littéraires.

“Cela fait des années qu’on dit que les femmes qui lisent ceci sont stupides”, dit M.moi Lunéau. C’est ce que je constate dans toute littérature : quand elle est lue par des femmes, quand elle est écrite par des femmes, elle est dévalorisée d’emblée. » Pour contrer cela, elle signe, avec Jean-Philippe Warren, Aimer comme un roman. Le roman sentimental au Québec, d’hier à aujourd’hui (Presses de l’Université de Montréal, 2022).

« Il faut savoir aussi que ces romans, qui se terminent invariablement par un fin heureuse ne peut pas atteindre la consécration littéraire », ajoute M.moi Luneau par email.

” LE fin heureuse est en soi un facteur discriminant, car on considère que les fins heureuses souffrent d’un manque de réalisme, tombent dans un conte de fées, bref, sont le résultat de recettes et peu compatibles avec la « vraie vie ». » Et avec de la Grande Littérature.

Ma recette préférée

Dans les charts, les auteurs anglophones ouvrent la voie en rouge et rose. Étonnant, quand on sait que les phénomènes de ventes au Québec incluent presque toujours des éditeurs ou des auteurs locaux.

Logique, si l’on rappelle que la tradition est anglo-saxonne, comme le fait Mmoi Lunéau. Pamela ou la vertu récompenséede Samuel Richardson, publié vers 1740, serait la racine de cette fleur qui ne cesse de faire de nouvelles branches.

“C’est l’histoire d’une jeune fille obligée de travailler pour un homme exécrable”, résume M.moi Lunéau. Finalement, il tombe amoureux et finit par l’épouser. »

On reconnaît l’intrigue : « deux personnes tombent amoureuses, sont très vite séparées par une série d’obstacles ; en se retrouvant à la fin, ils pourront enfin s’aimer”, comme le définit L’amour comme un roman.

Car oui, c’est toujours la même histoire, confirme le professeur Luneau. Celui d’un amour passionnel, où la femme est plus vulnérable que l’homme, financièrement, professionnellement et parfois personnalité.

Élisabeth Desbiens, 36 ans, qui lit nouveau et certaines sombre romance depuis dix ans, confirme : « Je sais comment ça va finir. C’est ce que je veux et je sais que ça va me plaire. »

Sexe, cochonneriesporno doux

Quoi de neuf dans les romans roses du 21e sièclee siècle ? Sexe. Et la leçon qui est là : désormais, « l’amour [y] repose sur une sexualité épanouie et [on y lit qu’une] la sexualité éblouissante a besoin d’amour. Ce lien avec les désirs charnels renforce la place de l’amour, tout en l’affaiblissant », notent les deux essayistes.

Les scènes y sont bien plus sulfureuses que chez Harlequin – un éditeur canadien, qui continue de monopoliser une part importante des ventes, notamment numériques.

«C’est toujours le amusantLE cochonneries », indique un lecteur, utilisant cette contraction de matériel sexuel que les mangas et les fanafictions ont popularisés.

” C’est notre porno doux à nous, dit Élisabeth Desbiens, où vont les hommes sur Internet. Quand vous trouvez un bon auteur, le sexe est décrit comme les femmes l’aiment. Cela n’a rien à voir avec le porno les gars.” On parle un peu plus du contexte, de la préparation, des non-dits, etc., explique-t-elle.

Wattpad et Booktok

La manière dont les écrits circulent est également différente. Les livres sont rassemblés chapitre par chapitre sur Wattpad, ce réseau social où les abonnés peuvent publier des histoires et les lire – parfois également suivis par les éditeurs. Ils sont partagés sur BookTok, la communauté de lecteurs de TikTok. Ces plateformes très anglo-saxonnes expliquent peut-être pourquoi ce sont les livres anglo-saxons qui sont les plus populaires.

L’attachement très fort des lectrices est aussi une teinte du genre. «Souvent, je suis en deuil à la fin d’une série. C’est vraiment un crève-cœur», raconte Kim Gauthier-Pelletier, une grande lectrice de romantisme et bibliothécaire au Centre de services scolaire de la Pointe-de-l’Île. « L’univers, les personnages me manquent. Je n’ai plus envie de lire ou d’écouter la télé », poursuit-elle.

Que recommande la bibliothécaire pour découvrir les romans d’amour d’aujourd’hui ? Son cœur va vers le mélange avec fantaisiece qu’elle aime : Quatrièmes ailes par Rebecca Yarros, Ville du croissant de Sarah J. Maas, auteure de la très populaire série Un palais d’épines et de roses.

Et en français, d’Élisabeth Lim, la « duologie »Six couronnes écarlates Et La promesse du dragon, « pour adolescents ou adultes. C’est la mythologie chinoise réinventée, c’est super bien”, commente M.moi Gauthier-Pelletier.

Malgré la recette, il est difficile de prédire ce que nous réservent les prochaines histoires d’amour, estiment les sociologues Luneau et Warren. « Parviendront-ils à révolutionner une fois de plus notre compréhension de l’amour ? »

«S’il y a une chose que nous enseigne l’histoire du roman sentimental au Québec», c’est sa fabuleuse capacité à se renouveler, poursuivent-ils. Une autre sorte d’histoire sans fin, mais avec un fin heureused’une manière ou d’une autre…

Demain : Romance fabriqué en Québec.

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