Auteure à succès, la Bretonne Sophie Tal Men exerce en neurologie. Un quotidien hospitalier de Lorient (Morbihan), qui inspire ses écrits. Les coeurs silencieux ne s’écarte pas de cette inspiration, qui donne vie à ses récits, nourris d’émotions fortes.
Sophie Tal Men a choisi, cette fois, de situer son histoire dans un domaine lié aux maladies neurologiques : l’aphasie (perte de la capacité de s’exprimer ou de comprendre le langage parlé et écrit). L’un des personnages principaux, Pedro, en souffre après avoir été brutalement frappé par un accident vasculaire cérébral.
L’infirmière est la voix du patient privé de parole
Pedro ne parle plus. Parce qu’il n’en peut plus. Sarah est son infirmière. Elle est aussi sa belle-fille. Elle sera désormais sa voix et mènera l’enquête pour tenter de recoller les morceaux d’une histoire familiale et filiale en lambeaux.
Ce roman transplante ses protagonistes des côtes bretonnes à celles de l’Algarve, au sud du Portugal. « Ces plages se ressemblent tellement » sourit l’auteur, d’une voix rêveuse.
« Je vois l’angoisse dans leurs yeux, » murmure Sophie Tal Men lorsqu’elle évoque les patients qu’elle rencontre en milieu hospitalier. Dans le silence, les destins se jouent parfois… »
Celui de Sarah et des autres. Dans le roman, Sarah l’infirmière s’oublie auprès des patients et de son beau-père notamment. Petit à petit, la voix de Pedro revient et progresse. De silences en regrets qui ne demandent qu’à surgir, Sophie Tal Men tente de reconstituer les fragments de vies fragmentées, parsemées de non-dits, « des mots qu’on ne dit jamais au bon moment et souvent trop tard. En outre, l’histoire n’a pas vocation à se terminer fin heureuse « .
Une fois de plus, ce roman, écrit comme les huit précédents la nuit tombée, met en lumière les coulisses de la vie hospitalière. Qui documente et inspire l’histoire.
Cœurs silencieux, Albin Michel, 320 pages, 21 €.
Rencontres avec Sophie Tal Men : a Rennes, région Ouest-France, 10 avril ; à Quéven, médiathèque, le 17 ; au salon de Montaigu le 20 ; au salon de Vannes le 25 mai ; à Brest, librairie Dialogues le 29.
