Cédric Sapin-Defour, jamais sans son chien

Cédric Sapin-Defour, jamais sans son chien
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Je reste vigilant afin de maintenir un maximum de journées en montagne et en forêt.

L’écriture occupe aujourd’hui une place centrale dans la vie de celui qui fut professeur d’éducation physique et sportive pendant 20 ans. « Après les grands espaces, précise-t-il. Je reste vigilant afin de maintenir un maximum de journées en montagne et en forêt.

Cédric et Ubac, 13 ans d’amour

Une vue plus large sur ses environs

Que dit cette célèbre œuvre ? Rien d’autre (et pourtant bien plus) qu’une histoire d’amour qui durera 13 ans entre un homme et son chien, Cédric et son bouvier bernois Ubac. Et si la plupart des lecteurs que l’auteur a rencontrés «sont convaincus de la chapelle canine»il a également remarqué que d’autres entraient dans le livre par curiosité, pour essayer de comprendre quelque chose qui les dépassait : “Qu’on peut consacrer autant de temps, d’argent, d’énergie et d’affection à une personne qui sent mauvais, qui doit sortir et qui nous empêche d’aller au restaurant ou de partir en vacances.” Les curieux ne seront pas déçus : Cédric Sapin-Defour est attaché à l’horizontalité des relations entre les différents êtres vivants, voire les espèces. Il porte donc un regard plus large sur son environnement, les saisons, le temps qui passe, le fait de réapprendre à utiliser ses sens…

« La Brûlure » de Christophe Bataille

Qui dit ubac, dit adret. L’occasion de rappeler l’histoire terrestre de l’Alpe, évoquée dans le livre, entre le versant le plus ensoleillé (adret) et celui à l’ombre (ubac). « Aujourd’hui, le rapport que nous entretenons avec la montagne est celui des loisirs et de l’immobilier. Les pistes les plus exposées au soleil sont les plus convoitées. Autrefois, le soleil était utilisé pour cultiver des céréales et des légumes. »note celui qui attache une grande importance à la tradition orale et a puisé ses informations à une bonne Source, chez les anciens.

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Les saisons restent marquées, mais nous sommes aux premières loges pour assister à l’assèchement de la montagne.

Cédric Sapin-Defour, 48 ans, doit sa première rencontre avec la montagne à sa mère qui l’a emmené à Chamonix quand il avait 8 ans. Depuis, ceux qui jugent essentiel de consacrer du temps à la libre circulation du corps s’y sont installés. En plus de 20 ans sur place, quels effets du changement climatique a-t-il observé ? « Les saisons restent marquées, mais nous sommes aux premières loges pour assister à l’assèchement des montagnes, à l’arrivée tardive de la neige, au réchauffement de la température des lacs, au rétrécissement des glaciers. Il y a des ascensions que je pouvais faire il y a 20 ans et que je ne peux plus faire, car le rocher s’est effondré. D’autres que nous avions réalisées en juin ont désormais lieu en avril »énumère notre interlocuteur.

«Terre noire» de Rita Careilli

Au détour d’un paragraphe de sa très belle histoire, Cédric Sapin-Defour écrit : “Notre époque ne veut pas du silence.” Du bruit de la ville au silence de la montagne, comment ça se passe ? « Cela me surprend toujours quand on parle du silence de la nature. C’est une vision très anthropocentrique que de prétendre être seul au milieu d’elle. Cet endroit est habité. Nous ne sommes que de passage. C’est assez excitant d’essayer de repérer et d’entendre les animaux.

En discussion avec les éléments

Vivre avec un animal, écrit l’auteur, signifie se rappeler que nous sommes dotés de plusieurs sens. C’est redécouvrir l’écoute, l’odorat, le toucher… Une palette de sens que l’on a tendance à négliger pour se concentrer principalement sur la vue. « Ici, nous sommes constamment en discussion avec les éléments. Ecouter le vent qui va changer, la texture de la neige. Je me considérais comme un peu expert en la matière. Vivre avec l’Ubac m’a fait reconsidérer les choses, me rendant compte que j’étais un complet débutant. Je suis certain que nos ancêtres avaient cette acuité. Nous l’avons abandonné avec la technique. Est-ce un progrès ? Nous pouvons en parler pendant des heures.

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Je suis parfaitement conscient du caractère éphémère de l’existence, mais ce rapport au temps ne doit pas devenir annihilant.

Si l’on continue dans la même veine, on constate aussi que le temps est une ressource naturelle que nous exploitons désormais, pour de multiples raisons, de manière intensive. Une journée dure 86 400 secondes. Vitesse contre lenteur. « J’aime vraiment cette conversion. Je n’avais jamais compté un jour en secondes. Malheureusement, ces secondes ne peuvent être épargnées. Ne pas trop laisser passer les secondes, ne pas trop les gaspiller est pour moi un geste permanent. Une question d’équilibre, de juste milieu. Je suis parfaitement conscient du caractère éphémère de l’existence, mais ce rapport au temps ne doit pas devenir annihilant. »analyse Cédric Sapin-Defour qui, avec sa compagne, a adopté Lulu lors d’un récent voyage en Roumanie. « L’autre jour, je me suis dit que nous n’avions jamais vécu un véritable hiver avec beaucoup de neige auparavant. Il lui en reste sept, huit, peut-être neuf… » « Ô temps, suspends ton vol » comme le disait si bien Lamartine.

RENDEZ-VOUS

Parce que c’était lui, parce que c’était moi. Cédric Sapin-Defour et François Schuiten évoqueront avec Eddy Caekelberghs, journaliste à la RTBF, la longue relation qu’ils entretiennent avec leur chien. Ubac et Jim seront au centre de cette conversation. Samedi 6 avril, 14h, Cabinet de Curiosités.

En dédicace. Samedi 6 avril, de 15h à 17h (stand 139, Hangar 1).

 
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