le musée de Cluny présente les arts sous Charles VII

le musée de Cluny présente les arts sous Charles VII
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Le roi de Blois, c’est lui ! Charles VIIsacré à Reims avec l’aide de Jeanne d’Arc après avoir délivré Orléans, avait reçu ce titre dérisoire de la part de ses adversaires, les Bourguignons, alliés des Anglais pendant la guerre de Cent Ans. Le domaine royal avait été réduit au strict minimum. Le roi d’Angleterre qui revendiquait la couronne de France possédait la Guyenne et venait de conquérir la Normandie ; La Flandre appartenait au puissant duc de Bourgogne, cousin du roi de France ; La Bretagne était un duché indépendant…

Mais les arts de cette période du milieu du XVe siècle – vers 1420-1460 – malgré les misères de la guerre, continuent de prospérer. Pas nécessairement comme on a tendance à le penser aujourd’hui, à travers une vision quelque peu anachronique d’un État centralisé, mais dans divers centres artistiques, sous le patronage de princes locaux et de grands fonctionnaires de l’État, de riches et fortunés bourgeois (le chancelier Jouvenel des Ursins, le trésorier Étienne Chevalierle banquier Jacques Coeur). Peintures, sculptures, vitraux et livres enluminés abondent sous le règne de Charles le Bien Servi, comme le montre l’exposition et le catalogue « Les arts en France sous Charles VII » au musée de Cluny à Paris.

Changements politiques et artistiques

Dans la vitrine de l’entrée, une chaîne de courrier rappelle le contexte d’instabilité politique et de conflit armé dans lequel se trouvait la France au milieu du XVe siècle. Ensuite, il y a le portrait du roi, chef-d’œuvre du Louvre signé Jean Fouquet, le plus grand peintre français de l’époque, que l’on découvre, ainsi qu’une tapisserie monumentale, dite dais de Charles VII, représentant des cerfs ailés, emblème personnel de ce prince. Sa Majesté rétablie, c’était comme si l’ancien « Roi de Blois » nous invitait à découvrir les joyaux artistiques de son règne.

L’exposition « Les arts en France sous Charles VII (1422-1461) » est accessible au musée de Cluny jusqu’au 16 juin. – Photo © RÉMI JAOUEN, MUSÉE DE CLUNY – MUSÉE NATIONAL DU MOYEN ÂGE

Du Val de Loire au Bourbonnais en passant par la Bourgogne et le Sud, l’art français connaît un essor. Cet art est avant tout, comme le confirme l’exposition, au confluent duars novacet « art nouveau » du Nord pratiqué par les peintres flamands (la peinture à l’huile et cette manière naturaliste se détachant de la raideur hiératique de l’art gothique) et l’art venu d’Italie avec son modelé antique et sa perspective géométrique…

Dans Le baiser de Judas et l’arrestation du Christpanneau du triptyque Dreux-Budé (vers 1450), le flamand André d’Ypres a plongé la scène dans l’obscurité pour mieux dramatiser l’épisode de la trahison d’Iscariote. Le masque de femme en marbre blanc, sculpté par Francesco Lauranaspécialiste des camées et autres œuvres lapidaires, aux lignes suaves, dégage une beauté sereine, typique de cet artiste originaire de Dalmatie vénitienne, et qui importa l’art italien à la cour provençale de René d’Anjou.

Le Livre d’Heures, un best-seller du XVe siècle

Heures à l’usage de Paris, dites Heures de Guillaume Jouvenel des Ursins, Bréviaire du duc de Bedford… Les livres d’heures, ou recueils portatifs de prières que devrait posséder tout bon chrétien sachant lire, seront le miel de amateurs d’illuminations. Prêtés par la BNF ou d’autres institutions françaises ou internationales, ces feuilles aux couleurs luxuriantes, aux initiales emmêlées de feuillages et ornées d’entrelacs d’or, sont de véritables peintures miniatures.

Best-seller du XVe siècle à l’aube de la Renaissance, le livre d’heures est le signe extérieur de richesse pour les mécènes désireux d’affirmer leur prestige. C’est l’occasion pour les artistes de déployer leurs ressources. Simon de Varieéponyme des Heures Illuminées, représenté aux trois quarts, en prière devant la Vierge, est un exemple notable du génie de Jean Fouquetdont l’autoportrait sur médaillon (émail et nuances d’or sur cuivre) est un chef-d’œuvre absolu du genre.

« Les arts en France sous Charles VII »Musée de Cluny, 75005 Paris
Du 12 mars au 16 juin
Catalogue publié aux Éditions GrandPalaisRmn
304 p., 45 €

 
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