On lit « Les Enfants maigres » de Tang Loaëc, ceux de la Chine d’aujourd’hui

On lit « Les Enfants maigres » de Tang Loaëc, ceux de la Chine d’aujourd’hui
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Marceline Bodier, bookstagrammeuse et contributrice au groupe de lecture 20 Minutes Livres, vous recommande « Les enfants minces » de Tang Loaëc, paru le 2 mars 2024 aux Éditions Passiflore. L’auteur est en dédicace ce jeudi 28 mars à 19h30 à la librairie Tschann à Paris.

Sa citation préférée :

Nous portons tous cette même douleur, enfouie le plus profondément possible. »

Pourquoi ce livre ?

  • Parce que c’est un roman qui alterne entre deux voix. Celle d’un père chinois qui, depuis huit ans, recherche son fils disparu dans sa petite enfance, volé – mais par qui, et pour quoi ? Et celle d’un enfant de 14 ans, cet enfant sans doute, volé pour fabriquer des coques dans une des usines clandestines de l’économie mondiale de la téléphonie mobile. Aucun d’eux n’abandonne. Inspiré de dizaines de milliers d’histoires vraies, le livre nous émeut jusqu’à un final qui nous bouleverse et réussit l’exploit d’être à la fois odieux et lumineux, désespéré et résilient.
  • Parce que j’ai parlé avec l’auteur, qui m’a dit : « J’ai fondé des communautés d’entraide en Chine, permettant à leurs membres de protéger ou de retrouver des enfants volés. Pour ces dizaines de milliers d’enfants kidnappés, une course vitale s’engage dès leur disparition, pour retrouver leur trace dans les heures ou les jours qui suivent, sans quoi les chances de les revoir diminuent drastiquement. C’est ce que ces communautés construisaient, solidairement et financièrement, lorsque d’autres initiatives cherchaient à lutter contre ce même fléau.
  • Parce que l’auteur, que l’on comprend, sait bien Ce sujet donne parfois à son livre des allures de documentaire lorsqu’il décrit le monde véritablement concentrationnaire de l’usine et les conditions de transport des enfants lorsque les dirigeants sont menacés d’être découverts. Un univers où les individus ne sont rien et l’objectif (ici la production) est tout. Tout est rongé par le poison distillé par un tel système, même les relations d’entraide : certes, elles existent, mais elles génèrent de telles réactions de culpabilité qu’on sent qu’elles pourraient se transformer en haine…
  • Parce que le monde décrit Dans Enfants maigres n’est pas celle d’une histoire : c’est celle dans laquelle nous vivons. Pire, c’est de là que nous venons les objets technologiques dont nous ne pouvons plus nous priver de notre quotidien. Autant dire qu’il s’agit d’une partie de notre réalité sur laquelle nous avons l’habitude de fermer les yeux. On ne pourra cependant plus dire qu’on n’a pas lu cette phrase : « Nous sommes tous devenus fous. Nous allons tous mourir fous. »
  • Parce que j’ai lu ce livre comme l’histoire d’une double catastrophe : celle déjà survenue, la disparition, il y a huit ans, d’un enfant dans un pays qui compte vingt fois plus d’habitants que la France, réparti sur un territoire quinze fois plus grand. Mais aussi celle que l’on pressent : on sent se préparer une catastrophe finale. J’ai donc été particulièrement surpris et ému par la découverte de l’auteur, qui a réussi une fin qui se situe sur la crête très étroite entre désastre et fin heureuse. Étonnamment, cela laisse place à une résilience que nous n’osions espérer. Découvrez le!

L’essentiel en 2 minutes

La parcelle. En Chine, à la fois dictature et atelier du monde, des dizaines de milliers d’enfants disparaissent chaque année. Que ce soit pour être adopté (sujet déjà documenté) ou pour être réduit en esclavage dans les usines qui nous approvisionnent (sujet du roman). A-t-on le droit de l’ignorer ?

Personnages. Je vous ai présenté deux personnages. Mais savez-vous ce que signifie Er Sheng, prénom donné au troisième, un enfant qui a survécu à une mort certaine dans l’usine ? « Deuxième né ». Et croyez-moi, il n’est pas le seul à naître une seconde fois après avoir lu son histoire, celle de Xiao Mi et celle du père.

Lieux. Oh, bien sûr, nous savons que nos téléphones viennent de quelque part, à des milliers de kilomètres… mais ces endroits sont loin de nos yeux, et donc loin de notre cœur. Mais dès que l’on ressent le drame des enfants volés, ils deviennent soudain intolérablement proches…

Le temps. Drôle d’époque où les enfants esclaves vivaient dans des usines où ils fabriquaient des pièces de téléphone, lesquelles téléphones aideront ceux qui les cherchent à les trouver. De là à penser que nos objets connectés sont la solution à un problème qui n’existerait pas sans eux…

L’auteur. Enfants maigres est le troisième roman de Tang Loaëc, qui l’a écrit pour parler d’un sujet dans lequel il s’est impliqué au cours de ses années de vie en Chine. C’est dire que tous les chemins mènent à la littérature, même ceux de ses secteurs d’activité, de l’assurance et de l’entrepreneuriat !

Ce livre a été lu avec grande admiration pour l’équilibre subtil atteint par l’auteur, entre le politique et l’intime. Écrit dans un langage simple et efficace, son livre démontre le pouvoir de sensibilisation de la littérature. Lisez et partagez largement ce roman inattendu et important !

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