En pleine guerre, l’Ukraine tente de se débarrasser de la domination linguistique imposée depuis longtemps par la Russie. Dans l’ouest du pays, les écoliers souhaitent recycler un maximum de livres écrits en russe, afin de soutenir l’effort de guerre.
Publié le 24/03/2024 15h53
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A Trouskavets, petite ville thermale des Carpates à l’ouest de l’Ukraine, trois écoles sont en compétition avec un seul objectif : collecter en quatre jours un maximum de papier pour le recycler, de préférence imprimé en russe. L’opération, qui vise à soutenir l’armée ukrainienne, a été sobrement baptisée « Littérature ennemie contre les drones ». « Nous avons commencé à collecter du papier usagé, mais le premier jour, nous n’avons pas trouvé grand-chosedit un jeune homme. Quelques livres, vieux cahiers et cartons… Mais on n’a pas lâché !
« Les jours suivants, nous avons visité tous les lieux possibles de notre ville, les magasins, les bureaux de poste et les bibliothèques des centres de santé », poursuit son compagnon. Danylo et Anna font partie de la classe gagnante, grâce à deux tonnes et demie de papiers collectés, dont une bonne partie d’ouvrages russes. « Nous avons libéré nos bibliothèques de la littérature russe, ce qui laisse la place à nos auteurs et livres ukrainiens. ! »se réjouit une jeune fille. « Les Russes détruisent notre pays, ils tuent nos citoyens et rasent nos villes. Nous ne perdrons rien en jetant leurs livres et en ne les lisant plus jamais. »en soutient un autre.
Même la professeure de littérature Lesya Kravtchouk en a profité pour faire le ménage dans sa bibliothèque. Elle a lu et étudié les classiques russes, elle peut encore les citer spontanément, mais maintenant c’est la guerre. “C’était douloureux bien sûr, elle se confie, mais le plus douloureux, c’est lorsque nos envahisseurs occupent nos villes. La première chose qu’ils font est de brûler nos livres, notre histoire et tout ce qui touche à l’identité ukrainienne. Ça fait mal”.
L’opération a été proposée aux écoles de Trouskavets par un groupe de bénévoles dont Yvan Jouk, convaincu lui aussi qu’il s’agit d’une guerre culturelle et linguistique entre Russes et Ukrainiens.
“Cette action symbolisait le fait que vous pouvez vaincre l’ennemi avec vos propres armes.”
Un volontaire à l’origine de l’opération « Littérature ennemie contre les drones »sur franceinfo
« La littérature russe a toujours été une arme pour nous dominerdénonce Yvan Jouk. Nous avons retourné l’arme de l’ennemi contre lui, la transformant en drones.» A leur arrivée, deux drones d’attaque ont été achetés et offerts à l’armée ukrainienne contre 12 tonnes de papier collecté, qu’une entreprise locale a recyclé… en papier toilette.
