Joël Dicker réveille l’animal qui dort en nous avec son nouveau livre qu’il dédicace en région

Joël Dicker réveille l’animal qui dort en nous avec son nouveau livre qu’il dédicace en région
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Sept minutes, le temps d’un braquage dans une bijouterie. Et près de 400 pages pour découvrir quels événements l’ont précédé. Le nouveau roman de Joël Dicker, « Un animal sauvage » – vendu à plus de 81 000 exemplaires en sept jours (1) – nous plonge dans une Suisse contrastée à travers deux couples, Sophie et Arpad d’un côté, Karine et Greg de l’autre, qui nous suivons, dans le passé et le présent. Et l’auteur nous fait découvrir quelle bête féroce sommeille en eux.

On suit les vies croisées de deux couples qui semblent séparés par tout mais qui, finalement, ne le sont pas si loin…

Oui, ils sont très similaires. Ils ont le même âge, habitent à côté. Sont mariés, ont deux enfants, sont de la même génération. Ils ont tout en commun et pourtant… Dans le miroir de l’autre, ils s’admirent. Karine, sans les connaître au préalable, juge Arpad et Sophie sur leurs apparences. Jusqu’à ce qu’elle les rencontre et ressente une véritable adoration pour Sophie. Même son mari est en admiration devant Sophie mais Karine ne le sait pas encore…

Eux aussi finiront par révéler leur vrai visage lorsque la vérité éclatera, lorsque le passé les rattrapera…

Oui. Non seulement ils traversent une étape compliquée de leur vie de couple, mais en plus ils cachent quelque chose qui tient à leur caractère, à leur passé. Et qui y vit toujours. Ce que je veux dire, c’est que cela fait aussi partie de nous-mêmes et cela parle parfois de la difficulté d’être complètement honnête avec son partenaire. Pas par rapport à quelque chose que nous avons fait, ou à quelque chose de stupide, que nous voulons cacher, mais bien par rapport à qui nous sommes. Comment nous nous sentons vraiment…

Avec le personnage d’Arpad, vous évoquez les maux d’une société moderne : la course à l’argent, au statut social ?

Ce miroir, la course à l’argent, nous fait perdre de vue le véritable fil de la vie : être heureux, être nous-mêmes, finalement. On est tellement occupé à regarder comment les autres nous voient, par le fait qu’il faut réussir en termes de carrière et de vie sociale, qu’on oublie un peu le reste. Évidemment, gagner sa vie dans le monde dans lequel nous vivons est important, car cela nous nourrit, cela nous offre un peu de liberté. Mais nous perdons aussi de vue l’importance d’être bon envers nous-mêmes, de trouver un juste milieu. Et c’est aussi le résultat des réseaux sociaux, de la comparaison. Quand quelqu’un me demande une photo pour rendre jaloux un ami plutôt que pour garder le souvenir d’un moment qui était important pour nous… ça me fait réfléchir.

Karine est comme ça aussi. Compare-t-elle encore sa vie à celle de Sylvie ?

La vie de rêve qu’elle n’a pas. Elle doute un peu d’elle-même, elle a l’impression que les autres sont toujours meilleurs qu’elle. Car justement, ce n’est pas un jugement de valeur. Nous faisons souvent cela parce que nous avons du mal à nous valider, à accorder du crédit à ce que nous faisons et à la qualité de ce que nous faisons tout en nous sentant bien dans notre peau. Alors qu’en fait, nous ne nous soucions pas de savoir si les autres l’aiment ou non. Ce qui est important c’est que cela nous convienne.

La Côte d’Azur et le Var sont dans votre roman. Pourquoi cette incursion sur nos terres ?

Le sud de la France est très familier, notamment aux Genevois. Nous ne sommes qu’à quelques heures de chez nous, et nous aimons beaucoup descendre sur la Côte d’Azur ou en Provence ! De nombreux Genevois passent leurs vacances sur vos côtes, c’est une région qui fait écho à leur vie.

« Animal sauvage », les personnages sont tous un peu sauvages, non ?

Ils ont tous, nous avons tous, ce côté de l’animal sauvage. Je dis « nous » parce que nous pouvons tous en témoigner et j’imagine que le lecteur s’y identifiera un peu aussi. En nous, nous avons une identité primordiale au sens noble du terme. Cet instinct de qui nous sommes, de ce qu’est notre identité même s’il est emmailloté sous des couches de politesse, d’élégance, d’éducation et de rencontres. Nous sommes façonnés par nos vies, mais qui sommes-nous vraiment ? C’est la question.

Chacune de vos apparitions médiatiques est l’occasion de rappeler à quel point la lecture rassemble, rapproche et procure des sensations agréables. Quel auteur vous a ému récemment ?

Il y a le dernier mot de Foenkinos, pour parler d’un livre sorti récemment [“La Vie heureuse”, ndlr]. Il est toujours dans des sphères qui me touchent et me parlent, car il est dans des histoires qui nous sont, au fond, très proches.

Vous écrivez : « Le concours de circonstances se drape des apparences et il faut se méfier des apparences. » Quelles apparences nous tromperaient à votre sujet ?

Vous savez, il existe deux formes d’apparitions. Celles que nous rejetons, mais aussi celles que les autres projettent sur nous. Celles-ci sont plus intéressantes car elles racontent quelque chose sur la personne qui projette. Pour moi, toutes les apparences sont erronées lorsqu’elles sont le résultat d’une projection de l’imagination.

Celui qui projette sur moi une manière de vivre, une existence, une manière de faire, une manière de travailler, des images forcément décorrélées de la réalité puisque c’est une invention de l’esprit de celui qui imagine cela. Et c’est finalement ce qui m’intéresse : qu’est-ce que cela dit de l’autre ? Parce que cela ne dit rien de moi mais au contraire de lui. Est-ce une aspiration, un rêve ? Quelque chose d’inassouvi, un fantasme, un regret, je ne sais pas exactement… C’est ça qui est intéressant.

1. Note Le Parisien dans un article du 12 mars.

En dédicace

Un nouveau livre est l’occasion pour l’auteur de rencontrer ses lecteurs. « Ce lien avec le libraire et le lecteur est essentiel. Aller dans une librairie pour montrer mon attachement aux libraires, et cette rencontre avec les lecteurs… C’est drôle parce que j’écris un livre seule dans mon coin, les gens le lisent seuls dans le leur… Ces deux exercices se rejoignent lors des séances de dédicaces. On en parle, il y a ce moment de cohésion, de retrouvailles. Et cela donne tellement de sens à mon travail. Cela me touche tellement. C’est une chose de voir que son livre est lu, de recevoir des messages, etc., mais c’en est une autre de voir ces gens venir vous parler, vous raconter ce qu’ils ont vécu, et surtout vous dire quel effet cette littérature a sur eux. .»

> À la Fnac de Marseille le 26 mars.
> À Toulon, librairie Charlemagne, le 27 mars.
> À Cultura Mandelieu et à la Fnac de Nice le 28 mars.

 
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