Originaire de Limoges Jean-Jacques Charrière, auteur d’une saga sur Clovis

Le bouche à oreille a fait son œuvre. Jean-Jacques Charrière a mis du temps avant de trouver une maison d’édition, « La Geste », qui l’a finalement accueilli. Et l’éditeur qui l’a inclus dans sa collection « Les Moissons » ne regrette rien. Les livres publiés par l’historien Limougeaud trouvent leur public. Trois tomes, « Moi Clovis », qui vient de sortir en poche, « L’Héritage de Clovis » et « Les Petits-fils de Clovis » ont déjà investi les librairies. Et le quatrième tome, « Le Crépuscule de Clovis » arrivera en librairie le 2 mai. « Cette époque me fascine. Elle marque la fin de l’Empire romain et le début d’une grande instabilité. Par curiosité intellectuelle et historique, je me suis intéressé aux origines de ces peuples », explique Jean-Jacques Charrière.

Les populations d’outre-Rhin

« A l’école, on passe directement des Romains aux Francs. Pendant 4 000 ans, la Gaule fut romaine. Ce sont les peuples germaniques, poussés par les hordes venues d’Asie, comme les Huns, qui s’installèrent sur ce territoire qui allait devenir l’Europe. Je suis parti de ce que l’on sait grossièrement des ancêtres de Clovis. Car il existe des zones d’ombre, notamment concernant les Mérovingiens.
Personne ne peut dire si Mérovée, le supposé grand-père de Clovis, a existé et pourquoi il s’est imposé. Peut-être s’agissait-il simplement d’une tribu. A”

La religion a joué un rôle

“Mais de toute façon, ces gens sont des Allemands”, poursuit Jean-Jacques Charrière. Pour l’auteur de cette passionnante série, ils doivent leur succès à leur intelligence. Loin d’être des bâtisseurs, ils suivaient la lignée des structures romaines déjà en place. Et bien sûr, la religion a joué un rôle.
Lorsque Clovis vit le jour, le concile de Nicée qui défendait le dogme de la Sainte Trinité était vieux d’un peu plus d’un siècle. Dès lors, les élites romaines, qui gouvernaient la Gaule, comprirent que le pouvoir leur échappait et que la religion était le seul moyen de le maintenir.

Dix ans d’enquêteSaint-Léonard-de-Noblat – point de vue depuis le chêne Clovis – photo Stéphane Lefèvre

Bien qu’il ait écrit les premières lignes de cette série il y a dix ans, Jean-Jacques Charrière s’y est intéressé dès son plus jeune âge. à ce chapitre méconnu de l’histoire de France. Il s’est immergé dans cette époque. Si dans le premier tome, l’auteur se glisse dans la peau de Clovis et s’exprime à la première personne, dans le suivant, il utilise la forme du roman historique. S’appuyant sur des archives et des écrits anciens, il explique comment les quatre fils de Clovis se partagèrent l’héritage à sa mort, n’hésitant pas à tuer leur neveu pour éviter tout partage.

Recevez notre newsletter loisirs par email et trouvez des idées de sorties et d’activités dans votre région.

Le problème des dates

Comme son père, le dernier fils de Clovis laisse, à sa mort, quatre fils. Là encore, l’attribution des terres n’est pas simple. Les rois meurent à la guerre, de plus en plus jeunes, et les mères et les maires, équivalents aux premiers ministres, prennent le pouvoir. Pour Jean-Jacques Charrière, plonger dans cette période du Haut Moyen Âge est aussi prenant qu’un thriller. « Pour écrire, je prends mon temps. Comme un enquêteur, je recoupe les témoignages et les récits, je les compare et quand les conclusions ne sont pas précises, je décide en fonction de mes propres déductions», dit-il, amusé. Régulièrement, il doit faire face à des problèmes de datation qui sont loin d’être exacts. « Nous situons un événement par rapport à la naissance du Christ. Les religieux, quant à eux, s’appuyaient sur le calcul de la date de Pâques. De ce fait, on situe par exemple le baptême de Clovis entre 496 et 506.

Une adaptation cinématographique ?

« Pour moi, cela a eu lieu en 499 », raconte Jean-Jacques Charrière qui s’est largement référé aux écrits de Grégoire de Tours. « 90 % des faits rapportés dans mes livres sont historiques et 10 % sont romancés, mais crédibles. » Avec ces ouvrages, Jean-Jacques Charrière capte l’attention des lecteurs. Présent sur les salons, il voit la liste des signatures s’allonger à chaque fois. Il rêve de voir ses écrits devenir un film. Il a également signé un contrat qui autoriserait une adaptation audiovisuelle. En attendant, il met la touche finale à « Crépuscule de Clovis », son dernier tome, qui sortira le 2 mai.

Jean-François Julien