L’Indonésie est le quatrième pays le plus peuplé de la planète, avec près de 280 millions d’habitants. C’est la première économie d’Asie du Sud-Est, le premier pays producteur de nickel, le troisième pays producteur de charbon. Le nouveau président, Prabowo Suubianto, cherche à renforcer la position de son pays sur la scène internationale.
C’est un immense archipel de plus de 17 000 îles, situé au cœur de l’espace indopacifique, dans un axe stratégique majeur entre l’Asie et l’Océanie. L’Indonésie est le seul pays d’Asie du Sud-Est membre du G20 et récemment des BRICS. “C’est le plus méconnu des grands pays du monde”, a déclaré dans Géopolitique Jean-Luc Maurer, professeur honoraire à l’Institut de hautes études de Genève. « Avec 280 millions d’habitants, c’est le quatrième pays au monde derrière l’Inde, la Chine et les États-Unis. C’est la troisième plus grande démocratie au monde derrière l’Inde et les États-Unis. Et même si la démocratie s’est un peu affaiblie ces derniers temps, elle est finalement moins mal que chez les deux grandes sœurs précitées. Islam », énumère ce spécialiste de l’Indonésie.
Elu dès le premier tour avec 58,6% des voix, le nouveau président indonésien, Prabowo Subaianto, multiplie les visites diplomatiques. Il est déjà allé en Chine, aux États-Unis, au Royaume-Uni. Mi-janvier, lors d’une rencontre avec le Premier ministre japonais, Prabowo souffre a confirmé sa volonté de s’inscrire dans la politique historique de non-alignement de son pays : « Nous souhaitons entretenir de bonnes relations avec tous les pays du monde, avec tous des blocs économiques, où l’on peut renforcer les liens, afin de contribuer à créer les conditions susceptibles d’apaiser les tensions. “
Le nouveau président est plus actif sur la scène internationale que son prédécesseur, Joko Widodo. «Je pense que son projet est de faire entrer la boxe indonésienne dans sa catégorie. Car jusqu’à présent, cet immense pays est peu connu sur la scène internationale. Donc l’idée, c’est d’arriver à continuer à épargner la chèvre et le chou – c’est-à-dire la chèvre chinoise et le chou américain, puisqu’il est pris entre ces deux-là – mais à avoir un rôle plus actif”, note Jean-Luc Maurer. .
Des menaces pour la démocratie ?
PRABOWO SUBIANTO a également de grandes ambitions au niveau économique et social, comme son programme de fourniture de repas gratuits à plus de 80 millions d’enfants et de femmes enceintes, afin de lutter contre la malnutrition. Il souhaite également que son pays atteigne 8 % de croissance annuelle, « un objectif très difficile » selon Jean-Luc Maurer, même si l’Indonésie peut compter sur une croissance de l’ordre de 5 % depuis vingt ans.
Mais le profil du nouveau président inquiète : « Il doit très largement son élection à une utilisation extrêmement intelligente et efficace des réseaux sociaux, sur lesquels il a réussi à se faire passer pour un bon grand-père qui aime les chats et qui est très paisible, alors qu’il a un passé très lourd», estime Jean-Luc Maurer. « C’était un militaire, il a fait toute sa carrière dans l’armée. Il a été à la tête des para-commandos, les troupes de choc de l’armée indonésienne, notamment au moment de l’invasion du Timor oriental en 1975, où il a commis des exactions qui relèvent de crimes de guerre, voire de crimes contre l’humanité.
-Prabowo a subi les épreuves militaires sous la dictature du général Suharto, dont il était un proche, son gendre depuis plusieurs années. Après la chute de Suharto en 1998, il quitte l’Indonésie avant d’y revenir quelques années plus tard et de se lancer en politique.
Vous pouvez avoir des doutes sur la manière dont Prabowo Suubianto abordera la démocratie.
“On peut avoir des doutes sur la manière dont il va aborder la démocratie”, s’inquiète Jean-Luc Maurer. « Cela commence déjà à suggérer que cela pourrait simplifier la vie démocratique. (…) On parle déjà par exemple de supprimer les élections directes pour les scrutins régionaux en revenant au système précédent où les gouverneurs, les maires, etc. sont élus par les parlements locaux et non plus par la population ». En mars, Prabowo estimait lors d’un discours que « la démocratie est vraiment très, très fatigante. La démocratie est très, très désordonnée. La démocratie coûte très, très cher. Et nous ne sommes toujours pas satisfaits de notre démocratie ».
Pour Jean-Luc Maurer, qui se rend régulièrement dans le pays, la démocratie indonésienne a commencé à « décliner » sous le précédent président, Joko Widodo : « Elle prend différentes formes, par exemple en termes de liberté d’expression, de liberté de la presse, de liberté académique. , ou un contrôle de plus en plus fort sur les médias et sur les réseaux sociaux notamment. » Dans le classement de la liberté de la presse établi par le rapport Reporters sans frontières, l’Indonésie est 111e.e Place sur 180 pays observés en 2024, soit une baisse de trois rangs depuis 2023.
Elsa Anghinolfi