Le retour au pouvoir de Donald Trump inquiète de plus en plus l’Allemagne, qui craint des menaces commerciales et une réduction du soutien militaire de l’Otan, tout en s’interrogeant en privé sur l’avenir de la démocratie américaine.
Dans une note interne confidentielle au ton particulièrement alarmiste, qui a fuité dans la presse dimanche, l’ambassadeur d’Allemagne aux Etats-Unis, Andreas Michaelis, a exprimé son inquiétude.
Dans ce câble diplomatique adressé mardi à sa ministre des Affaires étrangères Annalena Baerbock et publié par le quotidien « Bild », il parle des « projets de vengeance » du président élu. Il dénonce sa « stratégie de perturbation maximale » visant à « redéfinir l’ordre constitutionnel » aux États-Unis.
La fuite de ce câble diplomatique arrive à un mauvais moment pour Berlin puisque c’est cet ambassadeur de 65 ans qui représentera lundi le gouvernement allemand lors de l’investiture de Donald Trump.
Le ministère allemand des Affaires étrangères a tenté de relativiser cette affaire, rappelant que les États-Unis « sont l’un de nos alliés les plus importants ».
Dépenses militaires
L’inquiétude est palpable notamment dans le camp du chancelier social-démocrate Olaf Scholz.
Il faudra “bien travailler avec chaque gouvernement américain mais les premiers signes que nous avons ne sont pas encourageants”, a reconnu le coprésident du parti, Lars Klingbeil, dans un entretien également samedi avec Bild.
“Nous tendons la main à Donald Trump” mais “il faut que ce soit clair, s’il le refuse, nous devrons être forts et défendre nos intérêts”, a-t-il ajouté.
Sur le plan militaire, le milliardaire républicain a plaidé pour que les pays de l’Otan consacrent 5% de leur PIB à leur défense, répétant à plusieurs reprises que ses membres ne paient pas assez pour la protection assurée à ses yeux par les Etats. -Uni.
-Une exigence qui a poussé le ministre allemand de la Défense, Boris Pistorius, à proposer une augmentation de 30 milliards d’euros à moyen terme du budget allemand de la défense, pour aller au-delà de 3% du PIB, contre 2% aujourd’hui. ‘aujourd’hui.
Guerre commerciale
Ce sont les risques de guerre commerciale qui préoccupent particulièrement l’Allemagne, sortie de deux années de récession et fortement dépendante des exportations vers les Etats-Unis, notamment dans l’industrie automobile.
L’investiture de Donald Trump marque le début d’une ère où la politique américaine deviendra “plus imprévisible” et où les accords internationaux “seront plus menacés”, s’inquiète Deborah Düring, la responsable des affaires étrangères du parti Vert, membre de la coalition gouvernementale. .
Les droits de douane ont notamment joué “un rôle central dans la communication de Donald Trump” et il est donc “très probable qu’une guerre commerciale éclate”, a prévenu dimanche Isabel Schnabel, qui fait partie du conseil d’administration de la Banque centrale européenne. . , dans une interview accordée au site de conseils financiers Finanztip.
Outre le Mexique et la Chine, auxquels Donald Trump pourrait imposer lundi de nouveaux droits de douane, la zone euro est également dans le viseur, notamment l’Allemagne qui affiche le plus fort excédent commercial avec les Etats-Unis.
Pour la zone euro, des droits de douane supplémentaires pourraient entraîner une hausse des prix, surtout si l’Europe riposte, entraînant “une hausse des prix à l’importation”, explique Mme Schnabel.
Avertissement de Paris
En France, le chef de la diplomatie Jean-Noël Barrot a également prévenu samedi que l’UE devrait réagir “avec une volonté de fer” en cas d’escalade des tensions commerciales.
Mais des taxes européennes en représailles seraient “une erreur”, a jugé Dirk Jandura, le président de la fédération allemande des grossistes (BGA), estimant qu’une guerre commerciale serait “perdante pour tout le monde”, dans un entretien dimanche au “Rheinische Post”. ” journal.
Les droits de douane américains, bien que préjudiciables à l’économie allemande, restent une menace improbable et constituent une tactique de négociation, a-t-il reconnu.
(AFP)