Après 15 mois de guerre dans la bande de Gaza, un accord de cessez-le-feu entre Israël et le Hamas prévoyant la libération des otages israéliens, trois femmes, depuis dimanche, est entré en vigueur avec près de trois heures de retard.
Le retard était dû au fait que le Hamas n’avait pas fourni la liste des otages qui devaient être libérés dans la journée avant 06h30 GMT, heure initiale pour la mise en œuvre de l’accord, qui intervient à la veille du retour de Donald Trump. Atout.
Cet accord conclu mercredi fait naître l’espoir d’une paix durable dans le territoire palestinien, même si le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a prévenu que son armée pourrait reprendre les armes.
Avant même l’entrée en vigueur de la trêve, des milliers de Palestiniens déplacés responsables de leurs affaires ont pris la route, au milieu des destructions, pour regagner leurs foyers, au nord ou au sud de la bande de Gaza dévastée, selon des images de l’AFP.
A bord des vans ou à pied, certains tout sourire font le V de la victoire, d’autres partagent des friandises ou brandissent le drapeau palestinien.
À Jabalia, à l’extrême nord de Gaza, théâtre d’une intense opération militaire israélienne depuis octobre, les habitants découvrent un paysage apocalyptique de décombres.
– Trêve à partir de 09h15 GMT –
Les armes devaient se taire à 06h30 GMT, mais invoquant le retard du Hamas, Israël a retardé son application et mené de nouvelles frappes à Gaza qui ont fait huit morts selon la Défense civile locale.
Le Hamas avait alors annoncé avoir publié les noms des trois Israéliennes libérées dans la journée, après avoir justifié son retard par « des complications sur le terrain et la poursuite des bombardements ».
Et le bureau de M. Netanyahu a immédiatement annoncé l’entrée en vigueur du cessez-le-feu à 09h15 GMT, confirmée par la suite par le médiateur qatari.
Selon Doha, la liste des otages publiée dimanche comprend “les noms de trois citoyens israéliens, dont l’un est (également) de nationalité roumaine et l’autre de nationalité britannique”.
– Avertissement de Netanyahu –
Parvenu mercredi par les médiateurs -Qatar, Etats-Unis, Egypte-, l’accord vise à terme, selon Doha, à conduire à la “fin définitive” de la guerre, déclenchée par l’attaque sanglante du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023.
Mais Benjamin Netanyahu a prévenu samedi qu’il s’agissait d’un « cessez-le-feu provisoire » et que son pays conservait « le droit de reprendre la guerre si nécessaire et avec le soutien des Etats-Unis ».
Hostile à la trêve, le parti du ministre israélien de la Sécurité nationale Itamar Ben Gvir (extrême droite) a annoncé qu’il quittait la coalition de M. Netanyahu, qui bénéficie pourtant toujours de la majorité au Parlement.
Aux termes de l’accord, les hostilités doivent cesser et 33 otages israéliens doivent être libérés, dans une première phase étalée sur six semaines.
-En échange, Israël a annoncé qu’il libérerait 737 prisonniers palestiniens.
Trois points de réception pour les otages israéliens ont été installés à la frontière sud d’Israël avec Gaza, a indiqué un responsable militaire. Les captifs seront pris en charge par des médecins.
– « Respirez à nouveau » –
Deux Franco-Israéliens, Ofer Kalderon, 54 ans, et Ohad Yahalomi, 50 ans, font partie des 33 otages qui pourraient être libérés, selon Paris. Ils ont été kidnappés au kibboutz Nir Oz avec plusieurs de leurs enfants, libérés lors d’une première trêve d’une semaine en novembre 2023.
“Quand ils franchiront la frontière (de Gaza) et retrouveront leurs familles, alors peut-être pourrons-nous à nouveau respirer”, a déclaré samedi soir à l’AFP Shahar Mor Zahiro, neveu d’un otage décédé.
Israël a désigné dimanche 95 détenus palestiniens à libérer, en majorité des femmes et des mineurs, pour la plupart arrêtés après le 7 octobre. Leur libération doit avoir lieu après 14h00 GMT.
Parmi les prisonniers qui devraient être libérés figure Zakaria al-Zoubeidi, responsable des attaques anti-israéliennes et ancien chef local de la branche armée du Fatah, arrêté et incarcéré en 2019.
– 600 camions humanitaires –
Selon le président américain Joe Biden, la première phase de l’accord comprend également un retrait israélien des zones densément peuplées de Gaza et une augmentation de l’aide humanitaire dans le territoire menacé de famine selon l’ONU.
Les autorités égyptiennes ont précisé que l’accord prévoyait « l’entrée de 600 camions humanitaires par jour ».
Lors de la première phase, seront négociées les modalités de la seconde, qui doivent permettre la libération des derniers otages, avant la troisième et dernière étape consacrée à la reconstruction de Gaza et à la restitution des corps des otages morts en captivité.
L’attaque du Hamas du 7 octobre 2023 a fait 1.210 morts côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l’AFP basé sur des données officielles. Sur les 251 personnes enlevées ce jour-là, 94 sont toujours otages à Gaza, dont 34 sont mortes selon l’armée israélienne.
Au moins 46.899 personnes, pour la plupart des civils, ont été tuées dans l’offensive de représailles israélienne à Gaza, selon les données du ministère de la Santé du Hamas jugées fiables par l’ONU.
Considérablement affaibli, le Hamas, qui a pris le pouvoir à Gaza en 2007, est cependant encore loin d’être anéanti, contrairement à l’objectif fixé par Benjamin Netanyahu, selon les experts.