Par
Amélie Thomas
Publié le
16 janvier 2025 à 17h34
«Je suis fatigué de me taire. Il faut que les gens réalisent que la soumission chimique existe et qu’elle n’arrive pas qu’aux autres. Plus on en parle, plus ça va bouger », nous confie Léa.
La jeune femme de 22 ans, ancienne étudiante à Brest, témoigne dans le documentaire Soumission chimique : pour que la honte change de campqui sera diffusé sur France 2mardi 21 janvier 2025 à 21h10
Réalisé par Linda Bendali, il est porté par Caroline Darian, la fille de Gisèle Pélicot, droguée et violée depuis dix ans par son mari et une cinquantaine d’hommes.
« Un cauchemar éveillé »
Le documentaire suit le parcours de six victimes, dont Léa. Souriant et lumineux. Comme un obus, son armure. « Je ne peux pas les laisser gagner », dit-elle.
Léa raconte ça soirée d’avril 2022 où sa vie a basculé. Une sortie entre amis pour fêter la fin des cours dans une discothèque du port où ils ont l’habitude.
Deux jeunes soldats lui proposent à boire. « J’ai commencé à ne pas me sentir bien, j’avais des vertiges. » Vers 5 heures du matin, elle décide de rentrer chez elle et d’attendre la navette. Les deux militaires lui proposent de la ramener, elle accepte. « J’habitais à 5 minutes et je me sentais en confiance. »
La suite est floue, les scènes lui reviennent en flash. ” J’étais conscient, mais paralysécomme un cauchemar éveillé. Je n’étais plus maître de moi, mais je me défendais», affirme Léa, certaine d’avoir été droguée.
« Vous devez prouver que vous êtes la victime »
Soutenue par ses parents, elle porte plainte et a été examiné à l’hôpital. « Il était trop tard pour détecter les substances. J’ai découvert par la suite que nous pouvions prélever des échantillons de cheveux. J’aurais pu avoir des preuves», déplore la jeune femme.
Elle a également en sa possession le confession d’un des militaires, obtenu par téléphone auprès d’un de ses amis, présent dans le documentaire. Trois ans plus tard, la procédure est toujours en cours.
«On est humiliés», s’agace Léa. J’ai dû me battre pour être écouté, il faut prouver qu’on est une victime. » Elle calcule qu’elle a déjà payé 8 000 euros d’honoraires d’avocat. « Heureusement que mes parents sont là, mais ils ne pourront plus me soutenir, c’est un gouffre financier. » Et psychologique.
« Il faut qu’on me fasse confiance pour tourner la page. »
Un porte-clés d’urgence
Léa vit désormais à Paris. Pour valider son diplôme, elle reste un an à Brest après les événements. «Je vivais dans une peur constante. » Celle de revoir ses agresseurs présumés.
Loin de la Bretagne, la jeune femme, étudiante en école de commerce, tente de se reconstruire. Il est particulièrement dédié au développement deun porte-clés d’auto-défense qu’elle a créé. Son concept se rapproche des bracelets d’alarme pour personnes âgées. «Ça permet d’appeler les secours», résume Léa.
La jeune femme suit également de près les débats nés du procès de Gisèle Pélicot. Elle attend des actions fortes de la part des autorités politiques. « Nous devons apporter de vraies solutions aux victimes. »
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