L’ensemble de l’extrême droite s’est réuni jeudi pour un dernier hommage au fondateur du Front national Jean-Marie Le Pen, dans et devant l’église Notre-Dame du Val-de-Grâce, à Paris.
Décédé le 7 janvier à l’âge de 96 ans, le finaliste de l’élection présidentielle de 2002 a déjà été inhumé samedi au cimetière de sa ville natale de La Trinité-sur-Mer (Morbihan) après une messe célébrée dans la plus stricte intimité familiale.
Ses trois filles, Marie-Caroline, Yann et Marine Le Pen, ont cependant souhaité organiser un autre hommage, à Paris, celui-ci ouvert au public.
Mais seules les quelque 400 personnes invitées ont pu pénétrer dans l’église construite par Anne d’Autriche pour remercier la naissance du futur Louis lors de la cérémonie.
Outre les membres du Rassemblement national, dirigé par son président Jordan Bardella, tous les groupes d’extrême droite avaient fait le déplacement, dont l’opposant de Marine Le Pen, Éric Zemmour, mais aussi Bruno Mégret, ancien numéro deux du FN qui a rompu avec Jean-Marie Le Pen en 1998 ou Carl Lang, également dissident. Philippe de Villiers était également présent.
L’historien spécialiste de l’extrême droite Jean-Yves Camus était également présent dans l’église.
« Réprimés avec les exclus »
En revanche, plusieurs personnalités indésirables d’ultra droite ont été reléguées à l’extérieur, comme les négationnistes Thomas Joly, président du Parti pétainiste de la France, ou Yvan Benedetti, son fondateur. “Réprimé avec les exclus de l’hommage religieux à Jean-Marie Le Pen à Paris”, a tweeté le premier avec une photo montrant également Jérôme Bourbon, le patron de l’hebdomadaire d’extrême droite Rivarol.
Resté dans la rue près de l’église, l’ancien comédien Dieudonné, condamné pour antisémitisme, a estimé que Jean-Marie Le Pen “était un homme libre” au milieu d’un “paysage politique peut-être trop étroit”.
“Je ne m’étendrai pas sur les engagements politiques de M. Le Pen, qui ne sont pas de ma compétence, sauf qu’ils ont toujours été motivés par l’amour de la France”, a-t-il déclaré. » a assuré le Père Christophe Kowalczyk au début de l’office.
Au cours de cette messe de plus d’une heure et demie, Bruno Gollnisch, ancien compagnon de voyage de Jean-Marie Le Pen, a pris la parole, une flamme tricolore épinglée au revers de sa veste, tout comme Marie-Christine Arnautu, très proche du fondateur de le FN, et sa fille Marie-Caroline Le Pen, qui a célébré un « patriote indomptable ».
Plus politiques, les discours de Marion Maréchal – qui s’était un temps éloignée de sa tante Marine Le Pen pour soutenir Eric Zemmour, avant de se rapprocher à nouveau du RN – et de Louis Aliot, ancien compagnon de Marine Le Pen, ont été applaudis.
“Il a secoué le système”
“On n’arrête pas un peuple en mouvement, on n’arrête pas une idée vraie, on n’arrête pas un exemple juste”, tonnait Marion Maréchal, quand le maire de Perpignan rappelait que “le 21 avril 2002”, date de Jean -La qualification de Marie Le Pen au second tour de l’élection présidentielle, “il a ébranlé le système, éliminant la gauche tout en restant fidèle à son histoire, ses idées, ses valeurs et ses amis”.
L’ancien président du Front national de la jeunesse entame alors une litanie de ses compagnons politiques décédés, du militant de l’OEA Roger Holeign à Jean-Pierre Stirbois, l’homme des premiers succès électoraux du parti dans les années 80.
Plusieurs petits-enfants de Jean-Marie Le Pen avaient auparavant lu à tour de rôle une partie de l’homélie, l’un d’eux appelant à prier « pour la France » : « Que les Français sachent choisir pour les gouverner et des hommes sages et justes pour les guider. »
De nombreuses prières ont été lues ou chantées, dont la prière des parachutistes, la prière à Jeanne d’Arc et une prière de l’écrivain catholique Charles Péguy : « La foi que j’aime le plus, c’est Dieu, ‘c’est l’espérance’.
Autour de l’église, avant le début de la cérémonie, on pouvait entendre le « Chœur des esclaves hébreux » de Verdi – en version allemande –, que le leader frontiste jouait déjà dans ses réunions, et voir une charrette richement décorée. à la gloire de la garde impériale.
Tout au long de la cérémonie, des porte-drapeaux portant des bérets de différentes couleurs étaient placés de chaque côté de l’église.
Derrière eux, au pied d’une statue devant l’église, on pouvait voir des autocollants « pied noir pour toujours » sur une grande étole aux couleurs du RN. A côté, un militant gelé par le froid se plongeait de temps en temps dans la lecture de son roman, « Ecritures corsaires », de l’écrivain marxiste Pier Paolo Pasolini.
(AFP)