TikTok compte plus d’un milliard d’utilisateurs dans le monde, mais accumule les déboires : interdite en Albanie, l’application est menacée d’interdiction aux États-Unis et fait l’objet d’une enquête de l’Union européenne après des soupçons d’ingérence en Roumanie.
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10 janvier 2025 – 12h41
Sur la sellette aux Etats-Unis
(Keystone-ATS) Aux États-Unis, une loi votée en avril oblige ByteDance, le groupe chinois propriétaire de TikTok, à vendre l’application d’ici le 19 janvier, faute de quoi la plateforme sera interdite dans le pays.
Le réseau social est accusé d’avoir permis aux autorités chinoises de collecter de manière inappropriée des données sur les quelque 170 millions d’utilisateurs américains revendiqués par la plateforme.
Saisi par TikTok, la Cour suprême américaine examine vendredi la constitutionnalité de cette loi mais a, pour l’instant, refusé de suspendre son entrée en vigueur.
Pour préserver leurs données, le gouvernement fédéral américain, la Commission européenne ainsi que le Parlement et le gouvernement britanniques avaient déjà interdit le téléchargement et l’utilisation de TikTok sur les appareils professionnels de leurs salariés en 2023.
Suspension en Albanie
En Albanie, TikTok doit fermer pendant au moins un an à compter de début 2025, à une date encore inconnue. Annonçant la suspension fin 2024, le Premier ministre Edi Rama a qualifié l’application de « voyou du quartier ».
Cette décision intervient moins d’un mois après qu’un étudiant de 14 ans a été tué et un autre blessé lors d’une bagarre près d’une école de la capitale Tirana, survenue après un conflit sur les réseaux sociaux.
Campagne d’influence en Roumanie
Mi-décembre 2024, la Commission européenne a annoncé l’ouverture d’une enquête sur les systèmes de recommandation de TikTok, soupçonnés d’avoir été utilisés pour une « manipulation coordonnée » de l’élection présidentielle en Roumanie un mois plus tôt.
Le candidat d’extrême droite Calin Georgescu, arrivé à la surprise générale en tête du premier tour, a été accusé par les autorités roumaines d’avoir bénéficié d’une campagne de soutien illicite orchestrée par Moscou, notamment sur TikTok.
En raison de soupçons, l’élection présidentielle a été annulée par la Cour constitutionnelle début décembre, deux jours avant le second tour.
Un danger pour les adolescents ?
Le réseau social est particulièrement apprécié des jeunes, attirés par ses formats vidéo ultra courts qui défilent en continu.
Mais ce succès fulgurant s’accompagne de critiques.
TikTok est ainsi régulièrement accusé d’enfermer ses utilisateurs dans des silos de contenus, via un algorithme opaque, et de favoriser la diffusion de désinformations et de contenus illégaux, violents ou obscènes, notamment auprès des jeunes.
En Australie, le Parlement a voté fin novembre une loi interdisant l’accès aux réseaux sociaux aux moins de 16 ans, l’une des mesures les plus strictes au monde dans ce domaine.
En France, un groupe de sept familles a assigné TikTok en justice, accusant le réseau social d’avoir exposé leurs enfants à des contenus pouvant les pousser au suicide.
Fin décembre, le Venezuela a infligé à TikTok une amende de dix millions de dollars pour sa « négligence » après la mort de trois adolescents qui se sont lancés dans un défi dangereux relayé sur la plateforme.
Le réseau social a également dû abandonner cette année un programme, dans son application TikTok Lite, qui récompensait les utilisateurs pour le temps passé devant les écrans, après un lancement teinté de polémique en France et en Espagne et l’ouverture d’une enquête par Bruxelles qui pointait du doigt à « des risques graves pour la santé mentale des usagers ».
Menace pour l’ordre public ?
TikTok a été interdit à plusieurs reprises, définitivement ou temporairement, lors d’événements violents.
L’application a été temporairement suspendue par le gouvernement français en Nouvelle-Calédonie en mai, lors d’émeutes meurtrières contre un projet de réforme électorale.
Au Népal, TikTok, accusé de troubler « l’harmonie sociale », a été interdit entre novembre 2023 et août 2024.
Le réseau social est interdit depuis 2020 en Inde, après des affrontements meurtriers à la frontière avec la Chine.
L’Agence - (AFP), parmi plus d’une quinzaine d’organismes de certification d’informations, est rémunérée par TikTok dans plusieurs pays pour vérifier les vidéos contenant potentiellement de fausses informations.