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Les forces américaines soupçonnées d’avoir construit une base à Kobané, dans le nord de la Syrie

Les forces américaines soupçonnées d’avoir construit une base à Kobané, dans le nord de la Syrie
Les forces américaines soupçonnées d’avoir construit une base à Kobané, dans le nord de la Syrie

Le 20 décembre, dix jours après le renversement du régime de Bachar al-Assad suite à une fulgurante offensive menée par le groupe Hayat Tahrir al-Sham. [HTS, ex-Front al-Nosra, autrefois lié à al-Qaïda] et des formations rebelles pro-turques réunies au sein de l’Armée nationale syrienne, le Pentagone a reconnu avoir renforcé ses troupes déployées en Syrie, portant leurs effectifs à 2 000 soldats. Et cela dure « depuis plusieurs mois ».

« Ce personnel supplémentaire […] sont considérés comme des forces temporaires pour soutenir la mission [contre l’État islamique] et les forces qui y seront déployées à plus long terme », a expliqué le général Pat Ryder, porte-parole du Pentagone.

Depuis une décision prise lors du premier mandat du président Trump en 2019, les États-Unis disposaient auparavant d’environ 900 soldats en Syrie. Réparties dans deux bases, à savoir celle de Green Village, située à proximité du champ pétrolier d’al-Omar, dans la province de Deir ez-Zor, et celle d’At Tanf, à proximité des frontières avec la Jordanie et l’Irak, leurs missions étaient d’empêcher une résurgence de l’État islamique et de soutenir les Forces démocratiques syriennes [FDS, majoritairement constituées de combattants kurdes] ainsi que le groupe rebelle syrien « Maghaweir al-Thowra » [« Les commandos de la Révolution »].

Alors que la chute de Bachar al-Assad a encouragé les désormais anciens rebelles syriens soutenus par la Turquie à attaquer les FDS, il semble que les forces américaines comptent à nouveau établir une base dans la zone de Kobané, ville qui fut le symbole de la résistance kurde. contre l’État islamique en 2014.

En effet, ces derniers jours, des camions chargés de matériaux de construction ont été aperçus se dirigeant vers Kobané, sous escorte des FDS. Selon des sources citées par l’Observatoire syrien des droits de l’homme [OSDH]Les forces américaines auraient l’intention d’établir une « nouvelle base militaire à Ain Al-Arab » [nom arabe de Kobané, ndlr]à la lumière des tensions sécuritaires et militaires croissantes dans cette région.

Entre 2015 et 2019, la coalition antijihadiste dirigée par les Etats-Unis [Operation Inherent Resolve – OIR] avait déjà occupé une base à Kobané, dans le cadre de ses opérations contre l’État islamique. Puis il fut abandonné et récupéré par les troupes russes, qui viennent à leur tour de le quitter.

Pour l’instant, le Pentagone n’a pas confirmé l’information de l’OSDH. Il reste que la poursuite [voire le renforcement] Le soutien américain aux FDS risque de déplaire à la Turquie, qui considère cette organisation comme terroriste en raison de ses liens avec le Parti des travailleurs du Kurdistan. [PKK].

Le 24 décembre, le secrétaire américain à la Défense Lloyd Austin a eu un entretien téléphonique avec son homologue turc Yaşar Güler pour discuter de la situation en Syrie. A cette occasion, il a soutenu qu’une « coordination étroite et continue était essentielle » pour maintenir la pression sur l’État islamique et qu’il était important de « mettre en place les conditions pour rendre la Syrie plus sûre et plus sûre ». écurie “.

Puis, six jours plus tard, la porte-parole adjointe du Pentagone, Sabrina Singh, a indiqué que le « partenariat » avec les FDS n’avait « pas changé ».

Par ailleurs, le 31 décembre, le Kurdistan24 notait que « la coalition internationale dirigée par les États-Unis avait renforcé ses patrouilles » dans les environs de Kobané, maintenant ainsi une « présence militaire continue dans cette ville stratégiquement importante dans un contexte de tensions entre les FDS et la Turquie ».

Dans le même temps, le nouvel homme fort de la Syrie [et ancien chef de Hayat Tahrir al-Cham]Ahmad el-Chareh [alias Abou Mohammed al-Joulani]a déclaré que des négociations étaient en cours avec les FDS pour « résoudre la crise dans le nord-est de la Syrie » et « les intégrer dans les forces armées nationales ». Rejetant toute idée de partition, il a affirmé que les Kurdes « faisaient partie intégrante de la Syrie. Et a ajouté qu’il ne permettrait pas au Kurdistan syrien de servir de base arrière au PKK pour lancer des attaques en Turquie.

D’ailleurs, les Etats-Unis n’ont plus de prix sur la tête d’Ahmad el-Chareh, son avis de recherche ayant été supprimé du site « Reward for Justice ».

Quoi qu’il en soit, si elle se confirme, la construction d’une nouvelle base [ou la réhabilitation de l’ancienne] à Kobané par les forces américaines peut paraître surprenant alors que le président Biden s’apprête à passer le relais à Donald Trump. Le 7 décembre, ce dernier a tenu des propos sans ambiguïté sur la situation en Syrie.

« La Syrie est un désastre, mais ce n’est pas notre ami, et les États-Unis ne devraient rien avoir à voir avec cela. Ce n’est pas notre combat. Partons [la situation] grandir. Ne nous impliquons pas ! », a-t-il déclaré, via le réseau Truth Social. Puis, une semaine plus tard, il accusait la Turquie d’avoir « procédé à une OPA hostile ». [de la Syrie] sans que de nombreuses vies ne soient perdues. Et d’ajouter : « Je peux dire qu’Assad était un boucher. »

Cela dit, une note récente de l’Institut des relations internationales et stratégiques estime que les États-Unis ne sont pas près de quitter la Syrie.

« Pour le moment, un retrait des troupes américaines serait précipité et le vide laissé conduirait probablement à des affrontements entre les différentes factions en lice pour le contrôle du territoire et de ses ressources. Les divergences d’intérêts entre les deux membres de l’Otan refont surface et nécessitent une présence sur le terrain pour préserver les intérêts américains et ceux de ses alliés », estime-t-elle.

Photo : archives

 
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