Jérémie Katidjo-Monnier et les partisans de la liste Calédonie réunis au gouvernement ont démissionné, renversant le dix-septième gouvernement de Nouvelle-Calédonie, le premier présidé par un indépendantiste. Ils dénoncent « une indépendance gouvernementale autoproclamée, contraire à l’Accord de Nouméa et à la loi organique ».
Des rumeurs circulaient depuis des semaines : une, voire des démissions collectives étaient envisagées pour renverser le gouvernement de Louis Mapou. Ce dernier l’avait même évoqué sur le plateau de NC le 1er octobre, citant ensemble la Calédonie et l’Union calédonienne parmi ceux d’où pourrait venir le coup. Il savait qu’il était en sursis. Depuis début 2024, les désaccords sur sa gestion, jugée trop individualiste et trop déconnectée des décisions prises au Congrès, se multiplient.
C’est ce qui a motivé la démission collective, le 24 décembre, de Jérémie Katidjo-Monnier et des suiveurs de la liste Calédonie réunis au gouvernement. Une démission confirmée par le président du Congrès.
Dans leur lettre de démission, les élus calédoniens reprochent ensemble à Louis Mapou d’avoir instauré «une indépendance gouvernementale autoproclamée, contrairement à l’Accord de Nouméa et à la loi organique ».
Une indépendance d’autant moins acceptable que «depuis les événements du 13 mai, notre pays est tombé dans une profonde détresse économique et sociale. Dans de telles circonstances, la solidarité entre les institutions, au premier rang desquelles le Gouvernement et le Congrès de Nouvelle-Calédonie, constitue une ardente obligation.», écrivent-ils encore, refusant de commenter.
La berezina politique que vous avez subie sur le pacte du nickel aurait dû vous appeler à plus de prudence. Au contraire, cela vous a amené à vous enfermer encore plus dans votre tour d’ivoire.
Jérémie Katidjo-Monnier, Calédonie ensemble membre du gouvernement
Ils accusent Louis Mapou, qui ne souhaite pas réagir, d’avoir engagé “le Nouvelle-Calédonie sans l’approbation du Congrès« sur des décisions financières importantes »des accords destinés à être transformés en prêts» ou encore des avances de l’État en échange de réformes. Avoir”endetter le pays à hauteur de 120 milliards de francs, sans l’autorisation de personne« .
Des critiques avaient déjà été émises en mars, dans le cadre des discussions autour du pacte du nickel et des réformes fiscales, puis en octobre, après la présentation de plan de sauvegarde, de refondation et de reconstruction. Ensemble à travers la Calédonie. Mais aussi par les Loyalistes, le Rassemblement et le Réveil Océanien.
Depuis que les discussions sur le nickel ont été gelées, notre gouvernement est en roue libre et l’écart avec le Congrès est désormais comparable à la fosse des Mariannes.
Vaimu’a Muliava, élue Réveil Océanien, en octobre 2024
Les élus du Congrès ont désormais deux semaines pour se réunir en session extraordinaire. Une fois fixé le nombre de membres du gouvernement (entre 5 et 11) et les listes présentées par les groupes, ceux-ci voteront proportionnellement selon la règle de la moyenne la plus élevée.
Les élus du gouvernement devront alors choisir leur président. Ce qui a duré cinq mois en 2021. C’est le candidat de l’Union nationale pour l’indépendance (UNI) Louis Mapou qui a fini par s’imposer face à Samuel Hnepeune, de l’Union calédonienne, et Thierry Santa, le président sortant, porté par l’Avenir en toute confiance.
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Depuis 1999, c’est la onzième fois qu’un gouvernement calédonien tombe à la suite d’une démission massive. La dernière fois, c’était en février 2021 : les indépendantistes en étaient à l’origine. UN décision qu’ils ont justifiée par un « une dynamique institutionnelle brisée ». UN « une politique de la terre brûlée irresponsable et dangereuse », fustigeait l’Avenir avec confiance, un « coup d’État des séparatistes » aux yeux de Générations NC.