Son visage incarne la chute de Bachar al-Assad. Depuis près de 15 jours, Abou Mohammed al-Jolani, chef du groupe islamiste HTS, est devenu un leader incontournable en Syrie. Une notoriété « soudaine » qui a propulsé cette ancienne branche armée d’Al-Qaïda au rang d’ennemi numéro un du président déchu.
De quoi activer la machine de désinformation des réseaux sociaux, alimentée en grande partie par les comptes pro-russes. Bras armé d’Israël, vendeur de falafels ou tout simplement mort… On fait le point sur les fausses nouvelles qui entourent le nouvel homme fort de la Syrie.
Mort ou frit
La première rumeur, antérieure même à la coalition rebelle à Damas, est celle de la mort d’Abou Mohammed al-Jolani. Dans une publication datant du 30 novembre, un compte X affirme que le leader du HTS a été tué « lors d’une frappe aérienne russe ». Sous le post, on découvre l’image d’un homme brun, barbu, le nez en sang et couvert de poussière couleur sable, visiblement sans vie. Une information largement relayée sur les réseaux sociaux mais visiblement fausse puisque c’est un Abou Mohammed al-Jolani bien vivant que l’on verra prononcer un discours de victoire à la grande mosquée des Omeyyades de Damas, quelques jours après la diffusion de cette photo et devant des centaines de témoins .
Sur une note plus légère, un article récent sur X affirme qu’Abu Mohammed al-Jolani est en réalité un vendeur de falafels. Photo à l’appui, on peut lire avec le post : “Mohammad al-Julani est passé du statut de vendeur de falafel à celui de chef des jihadistes syriens”. Le visuel qui remonterait à 2020 serait en réalité une photo du leader du HTS lors d’une tournée d’aide alimentaire à Idlib, fief des rebelles islamistes en Syrie.
Un agent du Mossad
Une autre désinformation répandue sur le leader du HTS concerne ses liens étroits avec Israël. Selon plusieurs récits, al-Jolani, par exemple, portait des vêtements militaires fabriqués par la marque israélienne « Emersongear ». Une information démentie par la marque elle-même sur son blog puisqu’il s’agit en l’occurrence d’un uniforme contrefait.
Toujours sur Une information relayée notamment par Jackson Hinkle, un influenceur américain qui ne cache pas son soutien à Bachar al-Assad. Il s’avère en effet qu’aucune interview filmée du leader de HTS ne valide ses propos, que Hinkle lui-même n’est pas en mesure de sourcer.
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Mieux qu’une marionnette d’Israël, Abou Mohammed al-Jolani est même de confession juive selon certains récits X de ces derniers jours. Son vrai nom est Yonatan Zvi David et il s’est récemment converti à l’islam pour devenir celui que nous connaissons. Il serait également « diplômé de l’École de jurisprudence islamique située à Tel-Aviv » et ni plus ni moins qu’un agent infiltré du Mossad. Une théorie complotiste, évidemment erronée. Le vrai nom de Jolani est Ahmed al-Chareh. Ce dernier a grandi à Mazzé, un quartier aisé de Damas. De plus, il ne ressemble pas vraiment au Yonatan ci-dessous.
Le site Misbar, spécialisé dans la lutte contre la désinformation au Moyen-Orient, a récemment publié un article sur ce phénomène massif de désinformation entourant le leader de HTS. Plus d’une dizaine en quelques jours seulement selon les médias jordaniens. Et ce n’est que le début.