Est-ce une erreur causée par les aléas du reporting ? Ou bien la chaîne américaine a-t-elle été manipulée ? CNN a reconnu lundi soir que l’homme interviewé mercredi dernier par l’une de ses journalistes phares, Clarissa Ward, et son équipe, dans une prison en Syrie n’est pas un simple prisonnier.
La séquence a fait le tour du monde et suscité des interrogations. Elle montrait cet homme en train d’être libéré d’une prison secrète du régime du dictateur déchu Bashar al-Assad. Alors que cette prison de Damas était vide, l’homme a été retrouvé seul dans une cellule, la seule encore fermée de la prison, caché sous une couverture. La séquence a été filmée puis diffusée par la chaîne américaine.
Fait prisonnier
L’homme a alors expliqué qu’il s’appelait « Adel Gharbal » et qu’il était originaire de la grande ville de Homs. Il affirme avoir été arrêté après vérification de son téléphone et transporté dans trois prisons. Il a ajouté qu’il avait passé trois mois en cellule. Pourtant, lorsqu’il fait ses premiers pas dehors, il parvient à lever la tête vers le ciel sans manifester de gêne visuelle visible.
Après la diffusion du reportage, la Croix-Rouge syrienne, que l’on voit prendre en charge l’homme à la fin du reportage comme les autres prisonniers libérés des prisons syriennes, a expliqué que l’homme avait rejoint un proche à Damas. L’organisation n’a pas confirmé l’identité de l’homme, qui, selon elle, a été « libéré de prison sans aucune information permettant de l’identifier ».
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Un passé trouble dans l’armée
Les questions autour de l’identité du prisonnier ont redoublé après la publication dimanche d’une enquête du média syrien de vérification des faits Verify Media Platform, basée en Turquie et dont le travail est certifié par le réseau international de vérification des faits (comme pour 20 minutes).
Selon ce média, l’homme ne s’appelle pas « Adel Gharbal » mais Salama Mohammad Salama et est également connu sous le nom d’Abu Hamza. L’homme a un passé mouvementé : selon Verify Media Platform, il était lieutenant dans les services de renseignement de l’armée de l’air et est connu pour ses activités à un poste de contrôle à Homs. Le lieutenant “aurait été impliqué dans des activités de vol, d’extorsion et de coercition contre des habitants pour qu’ils deviennent des informateurs”, écrivent nos confrères.
Le soldat aurait également tué des civils lors d’opérations dans sa ville et aurait été responsable de l’arrestation arbitraire de plusieurs hommes.
Quant au motif de son incarcération, il ne serait pas lié à un contrôle de son téléphone, mais à un « différend sur le partage des bénéfices des fonds extorqués avec un officier supérieur ».
Sur la base de témoignages d’habitants, comme Verify Media Platform, CNN, contacté par 20 minutesa confirmé lundi soir qu’il s’agissait d’un lieutenant connu pour extorsion de fonds. La chaîne américaine n’a pas pu recontacter l’homme et ajoute que sa localisation actuelle n’est pas connue.