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Féminicide sous les yeux d’un enfant

Féminicide sous les yeux d’un enfant
Féminicide sous les yeux d’un enfant

Dans la nuit du 23 au 24 mai 2021, Stéphanie Di Vincenzo, 22 ans, a été poignardée à mort en pleine rue par son compagnon, Liridon Berisa.

AFP

Un homme de 26 ans, accusé d’avoir tué sa compagne en Moselle devant leur enfant, est jugé depuis mardi aux assises de Metz (F), un meurtre particulièrement sordide qui avait suscité la polémique autour du rôle joué par la justice et la police.

Dans la nuit du 23 au 24 mai 2021, violente altercation entre l’accusé, Liridon Berisa, et la victime à leur domicile à Hayange, ancienne ville industrielle du nord de la Moselle.

Stéphanie Di Vincenzo, 22 ans, s’enfuit par la fenêtre, affaiblie et ensanglantée. Plusieurs témoins l’ont vue courir vers le commissariat, situé à 40 mètres du domicile. Mais le commissariat est fermé…

L’accusé, qui lui avait arraché la veille son bracelet électronique sans que cela ne déclenche l’alarme, l’a rattrapée dans la rue. Il l’a poignardée à plusieurs reprises, devant des voisins et devant leur fille de 3 ans.

Il jette alors son arme de 25 centimètres dans une poubelle et s’enfuit.

À leur arrivée, les secours ont constaté que Stéphanie Di Vicenzo gisait dans une mare de sang. « Dix blessures par armes tranchantes et tranchantes » ont été constatées, dont « cinq blessures profondes au niveau des cervicales ».

Violent, alcoolique et jaloux

Entre janvier 2018 et novembre 2020, la police est intervenue à dix reprises au domicile du couple. Stéphanie Di Vincenzo a souhaité quitter son compagnon, décrit par des témoins comme « extrêmement violent, alcoolique et jaloux ».

Mme Di Vincenzo avait porté plainte contre lui en novembre 2020, mais celle-ci n’a pas été signalée au parquet.

Alors procureur de la République de Metz, Christian Mercuri avait réfuté, au lendemain du drame, tout « dysfonctionnement des services judiciaires », reconnaissant néanmoins que « dans un monde idéal », les plaintes déposées par la victime contre son conjoint violent auraient dû être signalées à l’accusation.

Une mission d’inspection a été lancée par les ministres de l’époque : Gérald Darmanin (Intérieur), Eric Dupond-Moretti (Justice) et Marlène Schiappa (Citoyenneté).

Dans ses conclusions, rendues quelques semaines plus tard, la mission ne constate « aucune faute professionnelle dans les décisions prises avant le meurtre, tous les acteurs s’étant mobilisés normalement dans le cadre de leurs compétences ».

“L’attitude souvent confuse de ce couple, avec des affrontements suivis, parfois immédiatement, de réconciliations, aurait pu conduire à une banalisation de cette situation par les services de police”, est-il écrit.

Dysfonctionnement du bracelet électronique

Une voisine du couple, Stéphanie B., 51 ans, sera également jugée pour des faits de « soustraction à l’arrestation ou à la perquisition d’un criminel ».

L’homme a été retrouvé à son domicile le lendemain des faits. Elle avait demandé à ses filles de ne rien dire de la présence de celui qu’elle ne considérait pas comme un meurtrier mais comme « son petit voisin ».

Selon plusieurs témoignages, elle entretenait « une relation particulière avec l’accusé, peut-être romantique, et elle serait allée jusqu’à dénoncer l’adultère de Stéphanie Di Vincenzo à Liridon Berisa », écrit la juge d’instruction dans son ordonnance de non-lieu, de ce dont l’AFP a pris note.

Il semble ressortir de l’enquête que c’est parce que l’accusé avait appris que sa compagne fréquentait un autre homme que Liridon Berisa se serait emporté ce soir-là. Des confidences qui lui auraient été rapportées par Stéphanie B. quelques jours plus tôt.

Réfugié politique d’origine serbe, l’accusé avait déjà été condamné à un an de prison pour diverses infractions routières.

Il avait bénéficié d’une réduction de peine et d’un placement en résidence surveillée sous surveillance électronique avec bracelet le 12 mai 2021, quelques jours avant les faits.

Selon le rapport d’inspection, l’appareil avait souffert d’un « dysfonctionnement inexpliqué » dans la mesure où, bien qu’arraché, il n’avait déclenché « aucune alarme au centre de surveillance ».

Liridon Berisa risque cette fois la prison à vie. Le verdict est attendu vendredi.

(AFP)

 
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