En Géorgie, « malgré la répression il y a une forme de libération pour les citoyens », témoigne un géopoliticien de Tbilissi

Les manifestations deviennent de plus en plus violentes à Tbilissi, la capitale géorgienne, alors que le parti pro-russe Rêve Géorgien a annoncé le report à 2028 de la demande d’adhésion du pays à l’Union européenne. “Les troupes russes sont à 60 minutes de la capitale”, note néanmoins Sébastien Couderc, analyste géopolitique franco-géorgien et indépendant.

Publié le 12/03/2024 10:12

Mis à jour le 12/04/2024 11h00

- de lecture : 2min

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Des manifestants lancent des feux d’artifice sur la police lors d’une sixième journée consécutive de manifestations de masse contre le report par le gouvernement des négociations d’adhésion à l’Union européenne jusqu’en 2028, dans le centre de Tbilissi, le 3 décembre 2024. (GIORGI ARJEVANIDZE / AFP)

En Géorgie, dans le Caucase, la mobilisation pro-européenne ne faiblit pas. Mercredi 3 décembre encore, des rassemblements à Tbilissi, la capitale, ont opposé policiers et manifestants. La police a notamment fait usage de canons à eau et de gaz lacrymogènes contre les manifestants.

A l’origine de la mobilisation, la présidente Salomé Nino Zourabichvili, pro-européenne, a contesté la validité des élections législatives du 26 octobre 2024, qui ont abouti à la victoire du parti pro-russe. Rêve géorgiensignaler les irrégularités le jour du vote. L’annonce de Le report à 2028 des ambitions d’intégration du pays à l’Union européenne a ravivé la colère des opposants.

Il y a une inquiétude partagée, mais en même - une forme de libération aussi pour de nombreux citoyens géorgiens.» témoigne Sébastien Couderc, analyste géopolitique franco-géorgien et indépendant, depuis Tbilissi. Sous le joug des intimidations de son voisin russe, le pays est aujourd’hui tiraillé entre ses ambitions européennes et sa loyauté passée envers la Russie. Alors que les protestations s’amplifient, certains citoyens sont heureux de constater que l’opposition ne faiblit pas et que la rue se mobilise.Il y a aussi une forme de rassemblement, de retour à une forme de communion“, enthuses Sébastien Couderc.

Un enthousiasme partagé par de nombreux Géorgiens, mais qui n’enlève rien à la violence de la répression. “Je sors presque tous les soirs avec les citoyens géorgiens. Certains ont été arrêtés hier soir. Une connaissance proche, qui est journaliste, a notamment été interpellée. C’est le quotidien de nombreuses personnes», insiste l’analyse géopolitique.

“Ils prennent le risque de s’exposer tous les soirs, que ce soit en tant qu’étudiant, jeune femme, fonctionnaire ou encore entrepreneur.”

Sébastien Couderc

franceinfo

Pour beaucoup, la protestation géorgienne fait écho à la résistance ukrainienne à Moscou. “Les Géorgiens ont été pour ainsi dire des précurseurs, malheureusement, avec l’invasion de 2008.», rappelle-t-il toutefois. Même aujourd’hui, “20% du pays est occupé par les Russes“bien que”Les troupes russes sont à 60 minutes de la capitale», poursuit-il. Une situation éprouvante pour le pays, et étouffante pour la plupart des Géorgiens. Inquiet, Sébastien Couderc s’interroge sur la capacité d’intervention de Moscou, alors que le pays est déjà bien engagé en Ukraine. L’analyste appelle cependant à la vigilance : «Je n’ai aucun doute sur la détermination, la préparation et les moyens mis en œuvre pour mettre en œuvre une éventuelle stratégie russe. Jusqu’où peuvent-ils aller ? C’est une autre question« .

 
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