Malgré une politique visant à augmenter le taux de natalité, la population continue de décliner en Hongrie. Plusieurs raisons sont avancées : l’aide du Premier ministre Viktor Orban n’est destinée qu’à une certaine catégorie de la population et le manque de moyens dans les écoles pousse souvent les jeunes parents à émigrer.
Depuis une décennie, le Premier ministre hongrois Viktor Orban cherche à relancer la natalité dans son pays en distribuant des primes aux parents, en leur accordant des réductions d’impôts et des conditions de crédit attractives.
Ces mesures sont très appréciées, y compris auprès du futur vice-président américain JD Vance, qui souhaiterait que les Etats-Unis s’en inspirent. Mais cette politique n’a pas eu le succès escompté : le taux de fécondité est tombé à 1,39 (inférieur à la moyenne européenne) et la population hongroise a continué de décliner.
Avoir un enfant en échange d’argent
Avant d’hériter d’une petite maison familiale, Emese vivait avec son mari Marton et ses deux enfants dans un petit appartement. La famille s’y installe et réalise des travaux de rénovation et d’agrandissement avec l’aide du gouvernement de Viktor Orban. Ils vivent désormais dans cette maison avec un grand jardin à la périphérie de Budapest et Emese attend un quatrième enfant.
Pour bénéficier du prêt du gouvernement, le couple s’est engagé à avoir un troisième enfant. En contrepartie, le prêt a été annulé, explique Marton lundi dans Tout un monde. « Nous avons eu le ‘prêt bébé’, d’environ 25 000 euros, puis nous avons eu un autre prêt de 25 000 euros, le ‘Tchok’. Nous pouvons dépenser le « prêt bébé » comme nous le souhaitons, mais le « Tchok » sert uniquement à acheter ou à construire une maison et si vous vous engagez à avoir trois enfants, les crédits deviennent un don.
Au total, le couple a reçu l’équivalent de 47’000 francs, qui ont financé la moitié de leur maison. Les cadeaux du gouvernement ne s’arrêtent pas là : Emese et Marton ont droit à de telles réductions d’impôts qu’ils ne paient plus d’impôts.
Limites
Le gouvernement Orban investit beaucoup d’argent dans ces subventions : 5 % du PIB, soit deux fois plus que le budget de la défense. Cependant, il n’y a toujours pas assez de naissances. Et la Hongrie, qui refuse toute immigration, continue de voir sa population diminuer : en une décennie, le pays est passé de 10 à 9,6 millions d’habitants.
Vous devez être salarié avec un contrat de travail et avoir un certain niveau de salaire
Viktor Orban a reconnu les limites de sa politique : « Nous avons ralenti le déclin démographique, mais nous n’avons pas inversé la tendance. »
Trop de conditions et de coût de la vie
Pourquoi ces mesures ne fonctionnent-elles pas ? Pour Eva Fodor, professeur à l’Université d’Europe centrale, les dons du gouvernement sont réservés à trop peu de personnes. Vous devez être marié et remplir de nombreuses conditions. « Il faut être salarié avec un contrat de travail et avoir un certain niveau de salaire. De nombreuses familles pauvres n’ont droit à rien parce que leur emploi n’est pas déclaré.»
Les jeunes en âge de procréer quittent la Hongrie
Une autre limite à l’efficacité de ces mesures est conjoncturelle : au cours des deux dernières années, la consommation alimentaire a augmenté de 50 %.
Émigration des jeunes parents
Si le gouvernement Orban est généreux envers la classe moyenne, en revanche les écoles et les hôpitaux manquent cruellement de moyens. Et cela pousse les jeunes à émigrer, constate le chercheur Ivett Szamla. « Les jeunes en âge de procréer quittent la Hongrie. Ils trouvent que l’école n’est pas d’un bon niveau et s’inquiètent de la qualité des soins médicaux et de ce qui pourrait arriver à leurs enfants s’ils tombaient gravement malades.
Officiellement, près de 400 000 Hongrois ont quitté le pays. Officieusement, environ un million de personnes ont émigré au cours des dix dernières années.
Florence La Bruyère/juma