L’extrême droite en tête, un barrage est organisé pour le second tour

L’extrême droite en tête, un barrage est organisé pour le second tour
L’extrême droite en tête, un barrage est organisé pour le second tour

Keystone-SDA

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1er juillet 2024 – 13h38

(Keystone-ATS) La France a voté dimanche pour l’extrême droite au premier tour des élections législatives. Mais les autres partis vont tout faire cette semaine pour lui barrer la route vers le pouvoir, entre consignes de vote et retraits de candidats.

Trois semaines après le séisme politique provoqué par la dissolution de l’Assemblée nationale par le président Emmanuel Macron, les Français ont voté massivement dimanche au premier tour, marqué par un taux de participation de 66,71 %.

Avec plus de 33% des suffrages et 10,6 millions de voix, le Rassemblement national (RN, extrême droite) et ses alliés ont obtenu leur meilleur score au premier tour d’un scrutin dans la foulée des élections européennes. Le parti a porté un grand coup en élisant 39 députés, à commencer par sa figure de proue Marine Le Pen.

Le Front populaire, qui regroupe les partis de gauche, a recueilli près de 28% des voix et compte déjà 32 élus. Le camp présidentiel d’Emmanuel Macron a confirmé sa déroute aux élections européennes et arrive troisième avec seulement 20%.

« Verdict sans appel »

L’extrême droite a demandé aux Français de lui donner la majorité absolue dimanche prochain au second tour, qui sera “l’un des plus décisifs de toute l’histoire de la Ve République française”, fondée en 1958, a déclaré le jeune président du RN, Jordan Bardella.

Les Français ont « rendu un verdict définitif », s’est réjoui dimanche soir le jeune homme de 28 ans. « Il faut une majorité absolue », a lancé Marine Le Pen, qui a pris ses distances avec son père qui a cofondé le Front national (devenu RN en 2018) en 1972, avec deux anciens de la Waffen-SS.

Si Jordan Bardella devient Premier ministre, ce serait la première fois qu’un gouvernement d’extrême droite dirigerait la France depuis la Seconde Guerre mondiale, durant laquelle un régime collaborationniste non élu avait été installé.

Visage au regard lisse incarnant un parti lépéniste diabolisé, Jordan Bardella promet d’être “un Premier ministre de la cohabitation, respectueux de la Constitution et de la fonction de Président de la République, mais intransigeant” sur son projet de gouvernement.

Assemblage bloqué ?

Alors que le traditionnel « front républicain » en France contre le RN apparaît moins systématique que par le passé, le parti de Jordan Bardella et Marine Le Pen est en mesure d’obtenir une forte majorité relative, voire absolue, dimanche prochain.

Le président pro-européen Emmanuel Macron pourrait être contraint à une cohabitation inédite et houleuse avec l’extrême droite. Mais le scénario d’une Assemblée nationale bloquée, sans alliance majoritaire possible entre les trois blocs en présence, reste également envisageable.

« Nous avons sept jours pour sauver la France d’une catastrophe », a déclaré l’eurodéputé social-démocrate Raphaël Glucksmann, qui a appelé tous les candidats arrivés en troisième position à se retirer au second tour.

Mais pour son allié de gauche radicale La France insoumise (LFI), cela ne vaudra que là où le RN est « arrivé en tête », a précisé son chef de file Jean-Luc Mélenchon. L’alliance de gauche dénonce en tout cas la « cacophonie » au sein de la majorité présidentielle qui peine à exprimer une position unique sur le second tour.

Divergences dans le camp présidentiel

Plutôt que le « projet désastreux » du RN, c’est la ligne défendue par l’actuel Premier ministre Gabriel Attal, qui a aussi reconnu que « cela passera par le retrait de (ses) candidats » en « troisième position ». Mais seulement au bénéfice « d’un autre candidat qui défend les valeurs de la République », a-t-il ajouté.

Le ministre de l’Economie Bruno Le Maire a appelé lundi à voter pour “le camp social-démocrate” qui ne comprend pas LFI, devenu un rebut pour de nombreux électeurs de gauche et de droite. Et la présidente sortante de l’Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, appelle à une « grande coalition » incluant également le parti de la droite traditionnelle (Les Républicains).

En l’état actuel des choses, les projections des instituts de sondage anticipent une large majorité relative d’au moins 240 sièges pour les troupes de Jordan Bardella, voire une courte majorité absolue allant jusqu’à 295 sièges. Mais ces projections sont faites avant les retraits. Car le résultat du scrutin se jouera en grande partie d’ici mardi 18 heures, date limite fixée aux candidats pour décider s’ils restent ou se retirent.

« Même si les électeurs ne suivent pas mécaniquement les consignes de leurs dirigeants politiques, on aura un effet qui jouera plutôt en défaveur du RN », a commenté le directeur général adjoint de l’institut Ipsos Brice Teinturier. Le politologue table « plutôt sur une majorité relative que sur une majorité absolue ».

 
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