Pour ce faire, le pays souhaite mettre en place des opérations d’éclaircissement des nuages. Cette méthode consiste à disperser les embruns marins dans l’atmosphère, ce qui permet alors de mieux réfléchir le rayonnement solaire, permettant ainsi un refroidissement des températures. Les particules de sel resteront alors dans l’atmosphère et condenseront l’humidité, formant des gouttelettes hautement réfléchissantes, qui dissiperont davantage d’énergie solaire et réduiront la température.
Pour vérifier la viabilité de ce projet, des chercheurs américains ont mené une étude, publiée dans la revue Nature Climate Change. Ils ont ainsi utilisé des modèles climatiques du système climatique Terre en 2010 et 2050. Ceux-ci ont permis de stimuler les impacts de deux opérations menées dans deux localités : aux latitudes moyennes proches de l’Alaska et dans les régions subtropicales de Californie.
La start-up Make Sunsets et ses « nuages rafraîchissants », « charlatans » ? : «Nous avons gâché le climat et nous avons désormais le devoir moral de le réparer»
Une efficacité très relative
Selon les résultats des chercheurs, l’opération d’éclaircissement des nuages est efficace, mais seulement sous certaines conditions. En effet, selon la simulation climatique de 2010, l’opération réalisée près de l’Alaska réduirait de 55 % le risque d’exposition à une chaleur dangereuse. Dans la région subtropicale, la réduction ne serait que de 16 %. Toutefois, si l’on applique le modèle climatique 2050, les résultats sont bien moins rassurants. En Alaska, l’effet sur la réduction du stress thermique serait considérablement réduit. Et pire encore, dans les régions subtropicales, cela serait synonyme d’augmentation des températures.
Les conséquences de ces opérations ne se limiteraient pas aux États-Unis puisque plusieurs régions, dont l’Europe, seraient également touchées. Même si les résultats basés sur le modèle 2010 signifieraient une baisse de température sur le continent, le modèle 2050 montre que l’opération provoquerait des vagues de chaleur en Europe.
»Cela montre que l’éclaircissement des nuages marins peut être très efficace pour la côte ouest des États-Unis s’il est réalisé maintenant, mais qu’il pourrait s’y révéler inefficace à l’avenir et provoquer des vagues de chaleur en Europe.», a conclu Jessica Wan, chercheuse ayant participé à l’étude, au micro du Guardian.
Moins de ciel bleu, un coucher de soleil plus rouge et un degré en moins… Quand les apprentis sorciers rêvent de rafraîchir la planète
“C’est effrayant”
Pour le chercheur, le manque de gouvernance dans la géo-ingénierie solaire est « effrayant ». “La science et la politique doivent être développées ensemble», a-t-elle argumenté. “Nous ne voulons pas nous retrouver dans une situation où une région est obligée de recourir à la géo-ingénierie pour lutter contre ce qu’une autre partie du monde a fait pour répondre aux sécheresses et aux vagues de chaleur..»
