vers une majorité absolue pour le RN ? – .

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vers une majorité absolue pour le RN ? – .

Si les sondeurs refusent de considérer comme la plus probable une victoire avec une majorité absolue du bloc de droite dirigé par Jordan Bardella, le scénario n’est plus exclu. Mais où sont passés les électeurs d’Emmanuel Macron ? Abstention différentielle: c’est la clé principale pour des élections législatives anticipées.


Le Rassemblement national est désormais plus que jamais en tête des sondages. Il n’a jamais été aussi fort dans la vie politique française que ces dernières semaines. Chaque jour, les « roulages » IFOP, Harris ou Odoxa montrent une progression légère mais bien réelle du bloc de droite, qui, après une première semaine post-dissolution de recomposition politique des droites au forceps, avance derrière le rouleau -Bardella compresseur. Un demi-point ici, un demi-point là, et voilà l’union des droites menée par le Rassemblement National en 37 % au premier tour1. L’arrivée de Marion Maréchal et des principaux cadres de la Reconquête aura mécaniquement accordé quelques centaines de milliers de voix précieuses à cette Union de la droite, ainsi qu’à celles de l’aile ciottiste des Républicains. Ce qui rappelle aussi la fameuse « vague bleue » de 1993 qui conduisit Edouard Balladur à Matignon et provoqua la seconde cohabitation de François Mitterrand.

Mais la victoire avec une majorité absolue de plus de 275 députés est-elle déjà assurée ? Les élections législatives ne sont pas un scrutin proportionnel mais l’addition de 577 voix majoritaires présentant des particularités locales plus ou moins fortes. Ils sont donc extrêmement difficiles à prévoir. Cependant, nous pouvons désormais observer des tendances significatives. Analyse et hypothèses.

Le score européen du Rassemblement national est une anomalie sous la Ve République

L’ampleur de la victoire du Rassemblement national aux élections européennes constitue une anomalie dans l’histoire des élections sous la Ve République. Un petit exemple illustrera cela. Lors de l’élection présidentielle de 2022, Marine Le Pen a recueilli 8 133 828 voix pour 23,15 % des suffrages exprimés… à peine un peu plus que le score de la liste menée par Jordan Bardella en juin qui avait enregistré 7 765 936 voix pour 31,37 % des suffrages exprimés. Le résultat est colossal, historique. En effet, les deux élections présentaient des enjeux très différents et une baisse d’un million de voix aurait été parfaitement logique. La capacité du Rassemblement national à mobiliser son électorat d’une élection à l’autre s’explique par un dicton populaire : l’appétit vient en mangeant.

En effet, les élections législatives de 2022 ont montré aux électeurs de la présidentielle de Marine Le Pen qu’ils pouvaient remporter des élections majoritaires à deux tours dans un contexte hostile et avec peu de réserves de voix. Après plusieurs décennies de frustration et de domination ingrat de la vie politique française depuis 2012 – malgré la conquête des mairies sous le quinquennat de Hollande et des résultats impressionnants aux élections européennes, régionales et cantonales de 2014-2015 – les électeurs du Rassemblement national se sont emparés du pouvoir. l’opportunité offerte par un pouvoir de plus en plus impopulaire qui avait pris soin de les exclure des prises de décision. C’est ainsi qu’il faut interpréter leur nouvel esprit civique. Autre raison : cet électorat a vieilli, s’est transformé sociologiquement. Elle pèse désormais presque autant que la majorité présidentielle chez les tranches âgées et chez les femmes, deux catégories civiques qui votent et vivent pleinement la précarité physique et matérielle propre à notre société actuelle.

Par ailleurs, le parti Reconquête a perdu des électeurs entre 2022 et 2024. En 2022, Zemmour réunissait 2 485 226 Français sous son nom alors que la liste menée par Marion Maréchal en 2024 ne comptait que 1 353 127 électeurs. Il est probable que ces 1 132 099 électeurs perdus de la Reconquête se soient tournés en grand nombre vers Jordan Bardella, renforçant encore cette domination qui a conduit à la dissolution de l’Assemblée nationale par le président Emmanuel Macron. Considérons que le Rassemblement National n’a perdu que 3,8% de ses voix au premier tour de l’élection présidentielle aux élections européennes, c’est en réalité à analyser comme un gain2. Il existe néanmoins de fortes disparités régionales, parfois surprenantes. Ainsi, la plus forte hausse a été enregistrée à Paris, avec +19% de voix. Ce ne sont pas des districts gagnables. Dans le Nord-Pas-de-Calais, le parti de Marine Le Pen a perdu 15 % de ses électeurs. Contre-intuitif ? Pas vraiment si l’on considère que l’électorat et la répartition territoriale du Rassemblement national s’homogénéisent, transformant un parti jusqu’alors marginalisé et sectorisé en un mouvement de masse.

Hors agglomération, le Rassemblement national arrive en tête dans tous les départements métropolitains. Elle progresse et s’installe peut-être pour longtemps dans des lieux qui lui furent longtemps hostiles : le Centre, la Bourgogne, l’axe Garonne, le nord-est jusqu’à la Lorraine, une partie de l’ancienne Rhône-Alpes, l’agglomération parisienne. banlieues ou même en Haute-Normandie. Au second tour de l’élection présidentielle, Marine Le Pen devance Emmanuel Macron dans 158 circonscriptions. Ses candidats n’ont finalement réussi à conserver cet avantage que dans 88 d’entre eux. Il y a fort à parier que sauf exceptions, comme la Corse qui envoie des régionalistes à l’Assemblée, le Rassemblement national peut déjà compter sur cette base pour le 7 juillet prochain. Quid du reste des quelque 130 circonscriptions manquantes pour entrer à Matignon ?

Le centre a-t-il disparu ?

La question mérite presque d’être reformulée : le macronisme a-t-il disparu ? Les électeurs de Macron forment le bloc central mais ils ne sont pas seulement des centristes « historiques » ou chimiquement purs. Il y a parmi eux un fort électorat composé de républicains traditionnels et du parti socialiste valsiste « Strauss-Khanian » et défunt. En 2022, au premier tour de l’élection présidentielle, 9 783 058 électeurs ont voté pour Emmanuel Macron, soit 1 649 230 Français de plus que ceux ayant voté pour Marine Le Pen. Une différence significative. En ajoutant à Emmanuel Macron les électeurs de Valérie Pécresse et Anne Hidalgo et à Marine Le Pen ceux d’Éric Zemmour et Nicolas Dupont-Aignan, les choses se sont un peu rééquilibrées mais l’avantage est resté au président de la République. Au second tour, la chose était encore plus saillante avec 18 738 639 voix pour Emmanuel Macron contre 13 288 686 voix pour Marine Le Pen.

D’où la question qui sera la clé des élections législatives : où sont passés les électeurs d’Emmanuel Macron ? Valérie Hayer a enregistré 3 614 646 voix aux élections européennes, soit 6 168 646 voix de moins qu’Emmanuel Macron ! Raphaël Glucksmann lui a donné 3 424 216 voix, mais ses électeurs étaient loin d’avoir tous voté pour Emmanuel Macron en 2022, certains avaient choisi Hidalgo et d’autres étaient sûrement déçus par Jean-Luc Mélenchon. Il est également possible qu’une petite proportion d’électeurs macronistes aient voté pour Bellamy et que d’autres se soient tournés vers Jordan Bardella. Reste cependant un constat inévitable : lors des élections européennes, l’abstention différentielle a été extrêmement défavorable au camp présidentiel et très favorable au Rassemblement national.

Pour quoi ? Car le « macronisme » est bloqué et a fini par lasser ses partisans. Ses électeurs ont tout simplement trouvé les deux premières années de son mandat déroutantes, voire chaotiques. La réforme des retraites, la loi sur l’immigration et les émeutes ont perturbé un « centre » qui ne savait plus vers qui se tourner. Le virage à gauche au début du quinquennat a déçu la plupart des gens de droite, la tentative de passage à droite avec la nomination de Gabriel Attal au poste de Premier ministre a été perçue comme trop timide à droite et presque « fasciste » par une gauche largement soutenue. aux extrêmes.

Mais les élections législatives ne sont pas des élections européennes. La problématique y est différente. Il est toujours possible que ces millions d’électeurs disparus comme par magie reviennent aux urnes par « peur » du Front populaire ou du Rassemblement national. Sinon, le macronisme disparaîtra En fait.

Le tsunami bleu marine ou le barrage multicolore ?

En 2021, j’ai écrit dans Le Figaro Vox ce qui suit: « Il n’est pas dit que nous reviendrons à ce que nous étions sans un aggiornamento radical de nos pratiques politiques. La classe politique est l’image de ses institutions ; déphasées. Le résultat est là sous nos yeux. La population est rebelle, menaçant de se diviser en micro-communautés. En perdant des libertés, nous ne préservons pas la liberté : nous maintenons collectivement la résilience d’un État qui se perd et qui nous perd. L’état d’urgence démocratique entraîne de profonds bouleversements. Les lois d’exception ne peuvent plus être la norme. Le président ne doit pas pouvoir faire ce qu’il veut sans se référer à la représentation nationale. La représentation nationale doit nécessairement être pluraliste, ce qui s’accompagne d’une modification du mode de vote. Les députés à l’Assemblée nationale doivent donc être élus proportionnellement pour tenir compte de la diversité politique du pays. »

Faute d’avoir compris en 2017, comme le suggérait François Bayrou, que la dissolution du PS et de LR nécessitait l’instauration de la représentation proportionnelle, et faute d’avoir sérieusement pris en considération les thématiques portées par le Rassemblement national et les thématiques transversales – comme la question publique Libertés ou justice sociale entre territoires -, Emmanuel Macron risque de plonger la France dans l’instabilité gouvernementale. Il aura subi tous les effets et pires des mesures politiques qu’il a refusé de prendre par peur des vieux marquisats de la politique locale et du peuple. Il est assez incroyable de l’entendre aujourd’hui évoquer le risque d’une guerre civile alors qu’il souhaitait lui-même la dissolution et que rien ne l’y obligeait. Si l’on suit son raisonnement, Emmanuel Macron a sciemment mis les Français en danger. Il est également étonnant de voir ces ministres faire campagne… dans les rues de Paris ou en visioconférence avec les Français de l’étranger, négligeant complètement la France intérieure qui leur a envoyé de multiples messages au fil des années.

Les sortants de Renaissance sont-ils capables de conserver le second tour dans plus de 250 ou 300 circonscriptions pour se forger une majorité à la sortie ? Rien n’est moins sûr car ils bénéficient de peu d’aide de la part de leurs dirigeants, même si cela reste possible. S’ils n’y parviennent pas, le Rassemblement national pourrait être emporté et emprunter l’autoroute vers la majorité absolue. La réponse à l’énigme posée par la dissolution est entre les mains de ceux qui ont disparu du macronisme de 2022. Elle se retrouve aussi dans l’attitude respective des dispositifs et des électeurs de gauche et du centre. La droite sera unie à ses côtés. Réponse définitive le 7 juillet.


 
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