(Kharkiv) Des frappes russes ont fait trois morts et une cinquantaine de blessés samedi à Kharkiv, deuxième ville d’Ukraine régulièrement bombardée, ont annoncé les autorités, après une nuit déjà marquée par une attaque « massive » contre le fragile système énergétique du pays. .
Publié à 8h11
Mis à jour à 13h56
Oleksandr YANOVSKY avec Daria ANDRIIEVSKA à Kyiv
Agence France-Presse
L’armée russe a frappé cette ville, proche de sa frontière, à l’aide de quatre “bombes aériennes guidées”, des armes à la force dévastatrice, a déclaré le président ukrainien Volodymyr Zelensky sur Telegram.
Trois personnes sont mortes, un immeuble d’habitation ayant été touché, a-t-il déploré. Cinquante-deux autres personnes ont été blessées, dont trois adolescentes, a indiqué le parquet régional.
Le gouverneur de la région de Kharkiv, Oleg Synegubov, a déclaré plus tôt que quatre blessés étaient « dans un état grave », et que les médecins « se battaient pour leur vie ».
Le bâtiment a été vidé, toutes ses fenêtres ont explosé. Des meubles et des métaux étaient éparpillés sur le trottoir le long de celle-ci, où un large trou indiquait l’impact probable d’une bombe, à proximité de voitures endommagées.
Un habitant a constaté l’étendue des dégâts, la tête dans les mains, tandis que les secouristes évacuaient les blessés.
PHOTO SERGEY BOBOK, AGENCE FRANCE-PRESSE
Des secouristes travaillent dans les décombres d’un immeuble touché par une grève russe.
Le corps d’une femme gisait devant un abribus, son sac toujours près d’elle, a constaté un journaliste de l’AFP.
Dmytro, un habitant, se trouvait dans une pièce où « tout a complètement explosé, il ne restait plus rien ».
Par miracle, il s’en est sorti sain et sauf. Mais il a dit qu’il avait tellement « peur » que ses mains et sa voix tremblaient encore.
2400 bombes
La ville de Kharkiv est souvent endeuillée par les attaques russes.
Depuis le début du mois, l’armée russe a utilisé 2.400 bombes aériennes guidées, dont 700 dans la seule région de Kharkiv, selon Volodymyr Zelensky.
Le président a toutefois assuré samedi que l’Ukraine avait réussi, grâce à ses partenaires occidentaux, à détruire un “lance-missile russe près de la frontière”, sécurisant la région.
PHOTO SERGEY BOBOK, AGENCE FRANCE-PRESSE
La frappe a fait trois morts et une cinquantaine de blessés.
Fin mai, Washington a accepté que les Ukrainiens utilisent des armes américaines pour frapper, dans certains cas, des cibles situées sur le territoire russe proche de cette zone.
Cette décision fait suite au lancement, début mai, d’une offensive terrestre surprise de la Russie dans la région de Kharkiv, où les combats restent violents.
Moscou a déclaré vouloir créer une zone tampon afin de mieux défendre son territoire contre les frappes de Kiev, notamment la région de Belgorod, limitrophe de celle de Kharkiv.
Un civil y a été tué par une frappe ukrainienne contre une ferme, a déclaré samedi son gouverneur Viatcheslav Gladkov.
Le réseau énergétique en difficulté
Dans la nuit, le réseau énergétique ukrainien, déjà en difficulté, a été la cible d’une nouvelle attaque russe.
Des installations d’Ukrenergo, un opérateur ukrainien, ont été “endommagées” dans les régions de Zaporizhia (sud) et de Lviv (ouest), a indiqué le ministère ukrainien de l’Energie.
Ukrenergo a déclaré que deux de ses employés avaient été blessés et hospitalisés à Zaporizhia.
Selon le ministère, il s’agit de la huitième attaque « massive » contre des centrales électriques ukrainiennes au cours des trois derniers mois, entraînant de fréquentes coupures de courant alors que le réseau électrique peine à résister aux frappes russes ciblées.
Le ministère russe de la Défense a annoncé samedi avoir mené une « frappe de groupe » contre des installations énergétiques ukrainiennes, « en réponse » aux attaques de Kiev sur son propre territoire.
La Russie, en multipliant ses attaques, a détruit la moitié des capacités énergétiques de l’Ukraine, selon M. Zelensky.
Kiev appelle ses alliés à l’aider à reconstruire son réseau électrique, un projet qui nécessite des investissements importants, et à lui fournir davantage d’équipements de défense aérienne pour contrer les bombardements russes.
Les autorités d’occupation russes dans la région de Zaporizhia ont également affirmé que les attaques ukrainiennes avaient endommagé une sous-station de la centrale nucléaire, contrôlée par les troupes russes, tout en assurant que la sécurité nucléaire n’était pas affectée.
