Vu, lu, vérifié | La planète peut-elle être plus verte avec moins d’arbres ?

Vu, lu, vérifié | La planète peut-elle être plus verte avec moins d’arbres ?
Vu, lu, vérifié | La planète peut-elle être plus verte avec moins d’arbres ?

Plus d’un tiers des arbres de la planète sont menacés d’extinction, ont récemment annoncé des chercheurs lors de la COP16 sur la biodiversité. Cette observation semble contredire les images de la NASA, qui montrent que la Terre est de plus en plus verte. « Qui croire ? », demande un lecteur.

Le mois dernier, lors de la conférence de Cali, l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) a publié un rapport actualisé sur l’état des arbres dans le monde. Selon de nouvelles données recueillies par plus de 1 000 experts, 38 % des espèces d’arbres figurent désormais sur la Liste rouge de l’UICN, qui répertorie les espèces en fonction de leur risque d’extinction.

Ces prédictions font sourciller notre lecteur Marc McDonald, qui joint à son email les données satellite de la NASA issues d’une étude publiée en 2019 dans la revue Nature examine la Terre et l’environnement. Selon cette étude, depuis le début des années 1980, la planète a gagné 5 % de couverture végétale, ce qui peut paraître une bonne nouvelle.

Comment concilier les deux ?

« C’est comme essayer de comparer une orange avec un pépin de pomme. Il faut être très prudent», affirme Christian Messier, professeur d’aménagement forestier et de biodiversité à l’Université du Québec en Outaouais.

Selon l’expert, également membre du Centre d’étude des forêts et de la Chaire canadienne sur la résilience des forêts face aux changements globaux, « la planète a un peu verdi, notamment en Chine et en Inde ».

La planète devient plus verte de trois manières, explique-t-il. Il existe une agriculture intensive, comme c’est le cas en Inde, qui a considérablement augmenté la verdure. En Chine, un programme intensif de plantation d’arbres contribue à ce phénomène, tandis que le verdissement s’accentue dans le nord avec la fonte du permafrost.

En Inde par exemple, 82 % du verdissement observé est imputable à l’augmentation des surfaces de cultures intensives, précise une autre étude publiée dans la revue Durabilité de la nature.

En Chine, ils ont fait des efforts colossaux pour planter des arbres, réduire les zones de déforestation et c’est vraiment une bonne nouvelle. C’est un succès important. Le seul inconvénient réside principalement dans les monocultures, plantations d’une seule espèce sur de vastes superficies visant à produire davantage de bois.

Christian Messier, professeur d’aménagement forestier et de biodiversité à l’Université du Québec en Outaouais

« Ce ne sont pas des forêts naturelles que nous avons reproduites, ce sont des milieux qui seront productifs pour la production de bois », précise Christian Messier.

On remarque aussi qu’il y a de la végétation qui pousse dans les régions du nord, au nord du Canada et de la Russie, à cause du réchauffement climatique, mentionne M. Messier. Le problème est que cette végétation apparaît en raison de la fonte du permafrost, un phénomène qui libère des quantités importantes de méthane dans l’atmosphère.

Le méthane est un gaz à effet de serre dont le potentiel de réchauffement à court terme est bien plus important que le dioxyde de carbone.

type="image/webp"> type="image/jpeg">>>

PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, LA PRESSE ARCHIVES

Christian Messier, professeur d’aménagement forestier et de biodiversité à l’Université du Québec en Outaouais

Nous pouvons penser que l’existence de régions plus vertes est une bonne nouvelle, mais émettre beaucoup de méthane accélérera le changement climatique.

Christian Messier, professeur d’aménagement forestier et de biodiversité à l’Université du Québec en Outaouais

Il faut être très prudent avec ces données sur le verdissement de la planète, soutient le chercheur, et surtout ne pas les opposer au déclin des espèces d’arbres. « Évidemment, tout n’est jamais tout en noir ou blanc. »

Nous allons perdre de plus en plus d’espèces d’arbres à l’échelle mondiale, mais le plus important est la perte des milieux tropicaux. En Amazonie, 50 hectares peuvent contenir de 500 à 1 000 espèces d’arbres.

Christian Messier, professeur d’aménagement forestier et de biodiversité à l’Université du Québec en Outaouais

La situation n’est pas forcément catastrophique, ajoute-t-il, mais pourrait le devenir si le déclin se poursuit.

Plusieurs espèces d’arbres ont à peu près les mêmes fonctions, explique-t-il. On peut donc perdre un certain nombre d’espèces d’arbres sans perdre des propriétés importantes des écosystèmes. « Mais si nous continuons ainsi, nous finirons par perdre des espèces importantes et c’est inquiétant. »

Consultez la fiche d’information de la NASA sur le verdissement de la planète (en anglais)

 
For Latest Updates Follow us on Google News
 

PREV Selon Lonely Planet, la ville numéro 1 à visiter en 2025 est française
NEXT un cessez-le-feu pourrait émerger avant le 5 novembre, selon le Premier ministre libanais