des dividendes de la paix à ceux de l’adhésion

des dividendes de la paix à ceux de l’adhésion
des dividendes de la paix à ceux de l’adhésion

Des dividendes de la paix à ceux de l’adhésion

Paul H. Dembinski

Publié aujourd’hui à 08h47

Abonnez-vous maintenant et profitez de la fonction de lecture audio.

BotTalk

Le 1er mai 2004, il y a 20 ans, l’Union européenne (UE) s’ouvrait à dix nouveaux membres – tous, à l’exception de Chypre et de Malte, issus du glacis soviétique qui s’était brisé quinze ans plus tôt. Lors de cette nuit mémorable, l’UE – et avec elle le continent tout entier – a modifié son profil politique et démographique, passant de 380 à 456 millions d’habitants. A l’époque, cette décision avait été interprétée différemment par les protagonistes. Pour certains, en Occident, la décision d’accueillir était avant tout un geste de solidarité, doublé d’un certain risque ; pour d’autres, notamment pour la Pologne, il ne s’agissait que d’une réparation du mal causé 60 ans plus tôt, lors de la trahison de Yalta en 1944. Il a fallu du temps, et la guerre en Ukraine a accéléré le processus, car les deux parties de l’Europe se reconnaissent dans leurs histoires respectives, très différentes les unes des autres, du moins depuis la dernière guerre. Ainsi, durant les premières années, les nouveaux pays membres voyaient l’UE avant tout comme un tiroir-caisse, ce qui n’était pas sans irriter les pays membres historiques.

L’acquis communautaire a été le premier bénéfice du rapprochement avec l’UE pour les pays sortant de l’ère soviétique dotés d’un appareil juridique et institutionnel totalement inadapté aux enjeux de la démocratie et de l’économie de marché. En proposant des principes et des solutions institutionnelles éprouvées, l’acquis communautaire a tracé la voie de la transition. Il s’agit d’une contribution intangible aux nouveaux membres, souvent passée sous silence, mais dont la valeur ne peut être sous-estimée, même s’il y a eu des échecs, comme en témoignent les cas de la Hongrie et, dans une moindre mesure, de la Pologne. Les institutions mises en place constituent la base sur laquelle peut reposer le développement économique.

C’est ainsi que, selon une étude de la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD), le revenu par habitant en parité de pouvoir d’achat est passé de 23 % en 2003 à 50 % aujourd’hui du revenu par habitant. direction l’Allemagne. Il s’agit donc d’un doublement, alors que le PIB de l’UE a augmenté d’environ 30 % sur la période. L’étude de la BERD cherche à quantifier les « dividendes des membres » dont auraient bénéficié les nouveaux membres. Pour cela, les auteurs constituent un groupe témoin composé de pays dont le revenu par habitant, au début des années 2000, était proche de celui des nouveaux membres, mais qui restaient en dehors de l’UE ; La Turquie et l’Ukraine en font partie. L’analyse statistique suggère que les « dividendes des membres » ont contribué à un peu moins des deux tiers de la croissance du revenu par habitant dans les nouveaux pays membres.

Les dividendes économiques s’ajoutent aux dividendes politiques et géostratégiques qui n’ont pas de prix. Cela dit, les 20 dernières années n’ont pas été faciles pour les populations d’Europe centrale. Ils ont dû absorber un triple ajustement structurel. Les bas salaires ont poussé des millions de jeunes à émigrer – en particulier les plus instruits et les plus entreprenants – loin de chez eux et souvent sans famille. Aujourd’hui, certains d’entre eux sont de retour, riches de contacts et de réseaux internationaux qu’ils développent localement. Le deuxième ajustement est celui de la mise en place très lente d’infrastructures médicales de qualité et d’un système de retraite viable. Le troisième concerne la privatisation encore inachevée de l’économie.

Une grande partie de la population peine à faire le lien entre « dividendes » et appartenance à l’UE – comme si les choses allaient de soi. Cela explique peut-être le très faible taux de participation aux récentes élections européennes : autour de 40 %, contre 50 % pour l’ensemble de l’UE. Malgré deux décennies de succès, il reste beaucoup à faire pour rapprocher l’UE des citoyens d’ici et d’ailleurs.

Bulletin

« La Tribune des Opinions »

Avec la Tribune des Opinions, retrouvez analyses, éditoriaux, lettres de lecteurs, avis d’experts… Autant d’éléments pour vous faire votre propre opinion chaque lundi.

Autres bulletins d’information

Ouvrir une session

Avez-vous trouvé une erreur ? Merci de nous le signaler.

0 commentaire

 
For Latest Updates Follow us on Google News
 

PREV Guerre en Ukraine, jour 851 | Des missiles ukrainiens tuent trois personnes et en blessent une centaine en Crimée
NEXT ils chavirent et sont « aspirés » dans une centrale hydraulique