LLes Américains ont choisi Donald Trump, encore. Il n’appartient pas à un autre pays de contester ce choix souverain. Nous pouvons l’aimer ou le détester, c’est quelque chose avec lequel nous devons faire face.
Respecter et composer ne signifie pas s’interdire de penser, encore moins se priver de tirer des leçons pour nos démocraties. Reconnaître ce libre choix américain ne doit surtout pas nous empêcher de constater la catastrophe que représente cette campagne présidentielle, et qui annonce sans doute ce nouveau mandat.
On a assisté à une brutalisation sans précédent du débat (ou du combat), selon les mots de Donald Trump mais aussi, contre lui, avec deux tentatives d’assassinat ; à une polarisation extrême des candidats et des électeurs, qui semblent n’avoir rien en commun et le revendiquent ; à une inquiétante privatisation de la politique, avec des sommes folles engagées par les deux camps et le rôle incroyable du milliardaire Elon Musk, qui est allé jusqu’à organiser une loterie pour rémunérer les électeurs.
Ces éléments dépassent le phénomène Trump, et on en voit depuis longtemps les fruits en Europe, dans les partis populistes, d’extrême droite et d’extrême gauche, dans la dégradation dramatique du débat, qui n’est plus respectueux des gens. ni les faits.
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Les leçons à tirer vont au-delà de la forme et ne résident pas tant dans la victoire de Donald Trump que dans la défaite de Kamala Harris. Elle a seulement mené campagne contre cela, pensant que la nausée anti-Trump suffirait : une erreur fatale, souvent commise en France et en Europe ! Les démocrates ont, une fois de plus, mené une campagne arrogante et décalée : celle de ceux qui savent, incarnent le bien, préfèrent le sociétal au social.
Ne nous y trompons pas : comme Marine Le Pen, Donald Trump se déguise en défenseur du peuple, même s’il est un héritier, dont toute la vie est déconnectée de celle des classes moyennes et populaires. Surtout, ne renonçons pas à nos valeurs : pour vaincre les populistes et les violents, il ne faut pas les imiter, mais, d’abord, éviter l’effondrement de territoires entiers grâce à des services publics décents et retrouver la considération de chaque citoyen.
Au premier rang
Mais le sujet qui nous préoccupe plus que tout, c’est notre condition d’Européens. Que va réellement changer cette élection ? Nul ne le sait, l’inquiétude n’en est que plus grande : un nouveau mandat Trump pourrait passer de l’indifférence grossière à l’abandon total de l’Ukraine et de l’OTAN. [Organisation du traité de l’Atlantique Nord]. L’Union européenne (UE) sera au mieux négligée, et au pire attaquée, par une guerre commerciale et un dumping brutal (réduction des impôts et des normes environnementales) dont les victimes seront nos industries et nos emplois. Face à cet ouragan imprévisible, l’Europe doit éviter deux erreurs fatales : attendre et diviser.
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