le tribunal l’acquitte

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le tribunal l’acquitte

Un père de famille de 47 ans a été poursuivi ce vendredi au tribunal de Papeete pour usage illégal de stupéfiants en récidive et risquait une peine de prison. La justice l’a accusé d’avoir cultivé dans son jardin du cannabis, qu’il utilisait comme huile pour masser son fils gravement handicapé. Le tribunal l’a acquitté.

Moment de justice intense ce vendredi 14 juin, au tribunal de Papeete.

Ariimatatini Vairaaroa est détendu. Il était poursuivi depuis 2 ans pour usage illicite de stupéfiants en tant que récidiviste, déjà condamné pour des délits similaires en 2021 et risquait une peine de prison.

Lorsqu’il entre à la barre, son fils, aujourd’hui âgé de 13 ans, somnolant dans son fauteuil roulant dans la salle d’audience, se réveille et l’appelle en gémissant.

Devant le juge, Ariimatatini raconte : les 20 crises d’épilepsie de son fils chaque jour depuis plus de 10 ans, les nuits blanches, sa résignation à prendre soin de lui, l’absence de médicaments efficaces, les traitements au cannabis testés dans d’autres pays et interdits ici. et l’huile de cannabis qu’il a préparée et avec laquelle il a massé son fils, arrêtant ses crises pendant 1 mois, avant que la police n’arrache les plantes. ” Un dossier humainement dramatique », a résumé son avocat, Maître Thibaud Millet.

En avril 2022, une patrouille à pied de la gendarmerie a découvert 110 plants de cannabis dans le jardin de la famille Vairaaroa, à Taiarapu. Le père, Ariimatatini, a expliqué aux enquêteurs qu’il fabriquait une huile pour soulager son fils et qu’il se fumait ” se relaxer « . Une goutte sous la langue de l’enfant et des massages quotidiens avaient conduit, selon lui, à « arrêter complètement » ses crises d’épilepsie. ” Il avait même commencé à marcher « . Le jeune garçon, aujourd’hui lourdement handicapé, avait jusqu’à 20 crises d’épilepsie par jour, suite à une vaccination obligatoire alors qu’il avait 9 mois. une des rares victimes vaccinées, mais pour laquelle le fonds d’indemnisation ne s’applique pas en Polynésie. » Alors, les parents alternent une nuit sur deux pour veiller sur lui et partager la fatigue, consultant plusieurs médecins sans résultat. Les médicaments puissants qui lui sont administrés ont des effets secondaires qui le poussent vers l’autisme, mais n’ont aucun effet sur l’épilepsie. Le père apprend alors que des traitements ont été testés en Israël contre l’épilepsie pharmacorésistante, mais qu’ils sont interdits en Polynésie française. Il se lance dans la production artisanale d’huile de cannabis, avec une variété « avec un taux de THC très faible et un taux de CBD très élevé. » « Cette variété ne doit même pas être considérée comme un stupéfiant, » plaide son avocat, Maître Thibaud Millet, qui demande la relaxe de son client. ” C’est un drame humain qu’il faut juger. Je vous demande de ne pas condamner ce père pour le combat qu’il mène contre la maladie de son fils. »

Après l’arrachage des plants de cannabis, l’état du garçon « se dégrade rapidement « . Il doit prendre un autre médicament puissant, il perd 10 kilos. ” Je veux que mon fils m’enterre. Ce n’est pas moi qui vais enterrer mon fils, » déclare le père, ému, à la barre. Son fils n’a jamais retrouvé cet équilibre. ” C’est une course pour qu’il retrouve la santé et c’est pourquoi je suis ici. »

Maître Millet fournit des certificats médicaux certifiant que le cannabis a atténué les convulsions du garçon durant cette période.

Sur le plan juridique, Maître Thibaud Millet pointe l’échec des réglementations locales, qui ne prévoient aucune dérogation au classement du cannabis, contrairement à la loi métropolitaine qui retient un seuil de 0,3% de delta-9-tétrahydrocannabinol (THC) pour classer dans la catégorie « stupéfiant ». Aussi, au sens strict de la loi polynésienne, les cordes, pare-chocs, huiles alimentaires ou textiles à base de chanvre sont des stupéfiants.

Le procureur, Michel Mazars, visiblement ému, entame un réquisitoire exceptionnel. Il demande une exemption de peine. ” La justice est parfois impuissante dans certaines situations. Notre droit positif permet aux magistrats d’exercer la possibilité de poursuites. C’est l’honneur du législateur d’avoir pourvu à ces facultés. […] Si j’avais eu connaissance de la situation, je n’aurais pas engagé de poursuites judiciaires. Je ne peux que m’incliner devant le désarroi de ce monsieur et de cette famille. Serait-il juste de condamner cet homme ? Je n’y crois pas. »

Votre décision créera un précédent dans la vie de cette famille», a plaidé Maître Thibaud Millet. ” Le père est poursuivi, mais le fils est déjà condamné à la privation de soins. La police a détruit le cannabis. Les crises d’épilepsie ont repris, avec la souffrance d’une sensation d’étouffement. » L’avocat du père n’a pas mâché ses mots et a dénoncé » des poursuites indignes ” Et ” une politique pénale extrémiste » du procureur et du vice-procureur de l’époque qui avaient lancé la procédure, « hypocrisie et atteinte à l’intégrité de cet enfant « . « Le procureur Mazars vient de mettre un terme à la folie de cette affaire, avec beaucoup d’élégance et de classe.. »

Après 5 minutes de délibéré, le juge unique, Thierry Fragnoli, a prononcé l’acquittement. Dans la pièce, le soulagement remplace l’émotion. ” je suis soulagédéclare Ariimatatini en quittant la salle d’audience. Je remercie les tribunaux de leur indulgence. Je ne vois que la guérison de mon fils. C’est ma motivation, mon diamant. J’espère une nouvelle loi, pour que je puisse planter normalement et être laissée seule dans mon petit coin. » En attendant, il espère une « autorisation » du président du pays pour pouvoir continuer à cultiver du cannabis ce qui apaiserait son fils.

La loi sur le cannabis thérapeutique doit prochainement être débattue à l’Assemblée polynésienne.

 
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