La neuvième édition du Dictionnaire de l’Académie française a été solennellement remise jeudi au président Emmanuel Macron, consacrant une quarantaine d’années de travail à cet ouvrage désormais contesté.
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14 novembre 2024 – 17h04
(Keystone-ATS) Fondée en 1634 pour harmoniser la langue, l’Académie a pour mission d’écrire de A à Z ce dictionnaire qui fait plus ou moins référence. La dernière édition, la huitième, date de 1935, tandis que la première fut achevée en 1694.
Le président de la République est arrivé dans l’après-midi à l’Académie, où il a prononcé un discours devant les “Immortels”, la ministre de la Culture Rachida Dati et des invités, a constaté un journaliste de l’AFP.
« Vous êtes les gardiens de notre langue. Et vous devez le faire savoir clairement à ses centaines de millions de locuteurs dans le monde entier », a-t-il déclaré. « Conservateurs, révolutionnaires, vous êtes, permettez-moi de le dire, les deux à la fois. »
“Cette autorité est bénéfique, elle fixe les repères, les permanences, et en même temps les conditions de l’inventivité”, a déclaré M. Macron.
« Le rythme d’élaboration de votre dictionnaire vous protège de cette tentation de céder aux tics et aux modes. Cette édition accueille le mot zadiste, que les contemporains de Paul Valéry ne connaissaient sans doute pas », note-t-il.
Cette neuvième édition compte 59 000 mots.
Le Dictionnaire suscite des commentaires très variés dans la communauté scientifique, entre ceux qui considèrent l’outil obsolète et ceux qui y trouvent du mérite, aux côtés de ses concurrents publiés par des sociétés privées comme Larousse et Robert.
« Que les neuf éditions soient disponibles gratuitement sur Internet est aussi un service rendu unique au monde pour la population partageant le français », souligne le linguiste Jean Pruvost, candidat malheureux à l’Académie en 2021 et 2022, interrogé par L’Express. .
« Les travaux actuels de l’Académie sur ce dictionnaire n’ont plus de sens, tant sur le plan économique que scientifique. Les académiciens n’ont pas les compétences techniques et scientifiques », estime le Collectif des linguistes consternés, dans Libération.
Sur France Inter jeudi matin, une escarmouche a opposé une membre de ce collectif, Julie Neveux, à un académicien, Antoine Compagnon. On a déploré que, dans la définition du « courrier », il n’y ait aucune mention du courrier électronique. Le second note qu’il existe un lien vers « Dites, ne dites pas » pour déconseiller cet anglicisme.
M. Macron a défendu les travaux d’académiciens, rarement des spécialistes français. « Ceux qui définissent le langage ne sont pas nécessairement des linguistes mais aussi des écrivains. (…) Il est important que ce soient les écrivains qui s’occupent de la langue. Ils en ont le goût, l’usage », selon lui.
Ce Dictionnaire est vendu en librairie, édité par l’Imprimerie nationale et Fayard.
Le tome 1 (A-Enzymologie) a connu plusieurs éditions entre 1992 et 2005. Le tome 2 (Éocène-Mappemonde) a connu deux éditions, en 2000 et 2005. Le tome 3 (Maque-Quotité) est sorti en 2011. Le tome 4 (R-Zzz) a été publié mercredi.