Ces psychédéliques pointés du doigt par la société doivent leur mauvaise réputation de drogue hippie à la prohibition des années 70.Les premières recherches sur leur utilisation thérapeutique étaient déjà très prometteuses. Mais ces substances ont pénétré dans la population à une époque très troublée aux États-Unis qui ont décidé de déclarer la guerre à la drogue. Cela a mis fin aux recherches.explique Olivier Taymans. “Depuis récemment, une nouvelle vague de recherches a montré des résultats très prometteurs avec des protocoles beaucoup plus stricts qu’auparavant.”
« Voyage médical »
Les psychédéliques regroupent toutes les substances chimiques qui modifient la perception des choses dans le cerveau. Chaque substance a son propre « voyage médical » : la psilocybine aiderait en cas de dépression, d’anxiété, de détresse existentielle face à la mort, tandis que la MDMA serait d’un grand soutien pour les personnes souffrant de troubles post-traumatiques en inhibant la peur et en permettant à l’événement de se dérouler. revécu sans le fardeau traumatique.
La thérapie assistée par les psychédéliques est toujours réalisée accompagnée. “La personne est d’abord préparée à l’expérience avec le thérapeute. Cette dernière crée une relation thérapeutique car l’expérience est assez intense. Ensuite, il y a plusieurs séances pour analyser et suivre le traitement.», explique Olivier Taymans.
En Belgique, la recherche en est encore à ses débuts et ces médicaments ne peuvent être utilisés sans prétextes expérimentaux. « La seule exception est la kétamine, une substance anesthésique qui peut être utilisée hors AMM pour traiter la dépression. Mais l’expérience n’est pas très supportée”précise le membre du PSBE. “La recherche doit faire face à d’énormes contraintes et à un cadre protégé.»
Récemment, une expérience unique a été lancée ici : des spécialistes testent des champignons hallucinogènes pour traiter l’alcoolisme.
Champignons hallucinogènes pour traiter l’alcoolisme : une expérience unique lancée en Belgique et dont les résultats sont déjà prometteurs
« Faible risque de dépendance »
Contrairement aux idées reçues, la consommation de certains psychotropes ne plonge pas le patient dans une spirale d’addiction. “Les médicaments comme les antidépresseurs et les anxiolytiques, très souvent prescrits par les médecins, présentent un risque d’addiction. Ce n’est pas le cas des psychédéliques. De plus, il ne s’agit pas d’un usage chronique. Le risque de la MDMA et du LSD ne vient pas de l’aspect potentiel de dépendance”assure Stéphane Leclercq, directeur de la Fédération bruxelloise des drogues et addictions (Feda) et qui plaide pour la poursuite des recherches sur les usages thérapeutiques des psychédéliques.
Réglementer la vente de cocaïne et de MDMA en pharmacie, l’idée du maire d’Amsterdam fait ici réagir, “c’est une manière de reprendre le contrôle”
Le danger de ces médicaments réside dans leur utilisation incontrôlée. “Les psychédéliques sont une révolution. Il s’agit de la première avancée en termes psychopharmacologiques depuis les années 1980. On peut parler de nouvelles avancées et d’une nouvelle génération de produits. Nous les utilisons d’une manière différente : contrairement aux traitements actuels qui administrent des pilules pour traiter les symptômes pendant des années jusqu’à ce qu’ils disparaissent, nous préparons la personne et elle n’a pas besoin d’une intégration plus poussée car nous traitons la cause plutôt que les symptômes. Nous avons également beaucoup moins d’effets secondaires graves. Mais il faut l’accompagner. C’est une révolution dans les soins de santé mentale.souligne Olivier Taymans
Le PSBE organise une journée de conférences sur le thème le samedi 9 novembre à Bruxelles et l’événement affiche complet ! L’association espère informer sur les possibilités offertes par les médicaments et créer les conditions permettant un cadre législatif sur l’usage thérapeutique de ces substances.