En RDC, 53 personnes jugées pour « tentative de coup d’État » avec de nombreuses zones d’ombre

En RDC, 53 personnes jugées pour « tentative de coup d’État » avec de nombreuses zones d’ombre
En RDC, 53 personnes jugées pour « tentative de coup d’État » avec de nombreuses zones d’ombre
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Des avocats à l’intérieur de la prison militaire de Ndolo, à Kinshasa, en février 2023. ALEXIS HUGUET / AFP

La première audience du procès des auteurs ou complices présumés du très énigmatique « tentative de coup d’État » du 19 mai contre le régime de Félix Tshisekedi doit avoir lieu vendredi 7 juin dans l’enceinte de la prison militaire de Ndolo, devant le tribunal de garnison de Kinshasa-Gombe. Selon un document judiciaire publié par les médias congolais, 53 personnes sont poursuivies pour « attentat, terrorisme, détention illégale d’armes et munitions de guerre, tentative d’assassinat, association de malfaiteurs, assassinat et financement du terrorisme ».

Au petit matin du 19 mai, un commando de plusieurs dizaines d’hommes équipés d’armes automatiques a attaqué le domicile du ministre de l’Economie, Vital Kamerhe (depuis élu président de l’Assemblée nationale), sans parvenir à l’atteindre. physiquement. Ils sont ensuite entrés avec une facilité déconcertante – ouvrant la voie au doute sur une éventuelle complicité – dans le Palais de la Nation, un bâtiment présidentiel essentiellement cérémonial, à Kinshasa.

Là, sous l’œil des caméras de leurs propres téléphones qui diffusaient en direct sur les réseaux sociaux, ils avaient démonté le drapeau de la République Démocratique du Congo (RDC) pour hisser à sa place celui du Zaïre, l’ancien nom du pays. . On pouvait voir Christian Malanga, chef du commando, proclamer : « Le moment est venu. Vive le Zaïre ! […] Félix est tombé […] Nous sommes victorieux. »

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Une victoire aussi illusoire qu’éphémère. Dans des circonstances qui restent floues, les assaillants ont en fait été « neutralisés » quelques heures après le début de leur périple aventureux. Au moins quatre personnes ont été tuées. Parmi eux, Christian Malanga, 41 ans. Congolais naturalisé américain, il se présentait comme « un homme d’affaires, philanthrope et ancien vétéran militaire congolais ». En 2017 à Bruxelles, ce personnage troublé s’était autoproclamé « président du nouveau Zaïre ».

Dans la foulée, les autorités ont annoncé que« une tentative de coup d’État » a été “étouffé dans l’œuf”, selon Sylvain Ekenge, porte-parole des Forces armées de la RDC. Depuis, aucun détail n’a filtré qui permettrait de lever le voile sur cet événement et notamment sur les motivations des assaillants, peu nombreux et mal armés, qui s’en sont pris à des cibles secondaires si la déstabilisation de l’État était bien leur objectif. . « Bizarrement, l’accusation d’« atteinte à la sécurité de l’État », attendue en cas de tentative de coup d’État, n’a pas été retenue par le tribunal militaire. » souligne Hervé Diakiese, avocat spécialisé dans les droits de l’homme et porte-parole d’Ensemble, le parti de l’opposant Moïse Katumbi.

Trois Américains et un Belge

Un autre élément inquiétant est l’extrême rapidité avec laquelle l’enquête a été menée à bien, moins de trois semaines après les faits. « Les procédures flagrantes sont effectivement traitées avec célérité, mais ces procédures restent tributaires de la gravité des faits »est surpris Me Diakiese. En l’occurrence, un commando d’une quarantaine de personnes a tiré sur le domicile d’un vice-premier ministre avant de s’emparer de l’un des bâtiments chargés des symboles les plus lourds de la république. Sans compter la présence dans ce groupe de ressortissants étrangers qui pourrait laisser présager des ramifications et des complicités hors de la RDC.

Parmi les personnes arrêtées immédiatement figureraient, selon les autorités congolaises, “trois Américains”. Contacté par téléphone, Greg Porter, porte-parole de l’ambassade des Etats-Unis à Kinshasa, dit « soyez conscient des informations selon lesquelles des citoyens américains pourraient avoir été impliqués dans les événements du 19 mai. » Sans toutefois en préciser le numéro. Quelques heures après l’attaque, sur son compte X, l’ambassadrice Lucy Tamplin assurait aux autorités congolaises ” Coopération [américaine] le plus loin possible.”

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Au moins un autre ressortissant étranger figure parmi les prévenus : Jean-Jacques Wondo, arrêté trois jours après les faits. Congolais qui possède également la nationalité belge, il vit avec sa femme et ses quatre enfants à Bruxelles. Spécialiste des questions de sécurité, il travaille depuis février 2023 comme conseiller spécial pour la réforme de l’Agence nationale du renseignement (ANR). Il avait été appelé à cette fonction par l’administrateur général de l’ANR, le colonel à la retraite Daniel Lusadisu Kiambi, à qui le président Tshisekedi avait confié la mission de“humaniser” l’agence et ” fermer “ ses donjons secrets.

Le 31 mai, Daniel Lusadisu Kiambi, ancien des Forces armées zaïroises et de la Division présidentielle spéciale (DSP, unité d’élite créée par l’ancien président Mobutu Sese Seko), formé à l’École royale militaire de Belgique tout comme Jean-Jacques Wondo, a été relevé de ses fonctions. Il n’a pas été précisé si cette décision était liée aux événements du 19 mai.

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Les proches de Jean-Jacques Wondo dénoncent “une arrestation arbitraire et un dossier en préparation”. « Il n’a aucun lien avec Christian Malanga, qu’il n’a rencontré qu’une seule fois brièvement en 2016 »explique, depuis Bruxelles, Joël Kandolo, beau-frère de l’accusé et porte-parole de la famille : « La justice militaire a d’abord diffusé une photo où Jean-Jacques Wondo apparaît en 2016 aux côtés de Malanga. Elle l’accuse désormais d’avoir assuré le transport des assaillants. Tout cela n’a aucun sens. »

Christophe Châtelot

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