La radiodiffusion publique n’arrive toujours pas à y croire. Contre toute attente, Kamala Harris n’a pas été élue présidente des Etats-Unis. La pilule est d’autant plus difficile à avaler que le candidat démocrate – que la plupart des médias français voyaient déjà confortablement installé dans le bureau ovale – a été lourdement battu. « Trump en est à 71 millions de voix. C’est énorme !a amèrement noté Patrick Cohen, mercredi soir à C à toi. Donald Trump aura sous son contrôle le gouvernement fédéral, le Sénat, peut-être la Chambre des représentants, la Cour suprême… » Bref, c’est une catastrophe.
Alors, comment expliquer ce qui apparaît aux yeux des médias comme laissé à un événement contraire au sens de l’histoire ? Le premier responsable de ce bug politique est évident : c’est Elon Musk, bien sûr, patron de X, ce réseau social qui « façonner le monde »comme l’affirme Patrick Cohen. « Les réseaux sociaux sont devenus le quatrième pouvoir, mais comme le quatrième est entre les mains du premier, il suffit de dire qu’il n’y a plus de contre-pouvoir »il s’indigne. Venant d’un journaliste qui est sans doute l’incarnation médiatique la plus caricaturale du ready-made de gauche qui nous gouverne depuis 40 ans, l’attaque ne manque pas d’ironie…
La carte facile du sexisme
Qu’en est-il de la responsabilité personnelle de Kamala Harris dans son échec ? Cette option a été rapidement balayée sur le plateau de France 5. « Personne ne sait si, en cent jours, une autre figure démocrate aurait pu faire mieux »» a décidé Patrick Cohen. “Elle a fait ce qu’elle pouvait”ajouta Anne Sinclair, magnanime. Non, la deuxième cause de l’échec électoral de Kamala Harris est ailleurs : c’est le sexisme, bien sûr. Impossible que cette femme de couleur puisse assumer la moindre responsabilité. Elle ne peut être qu’une victime. Les hommes en général, et les Latinos en particulier. «La plupart des hommes hispaniques se sont rangés du côté de Trumpa dénoncé Patrick Cohen mercredi soir. Ont-ils été séduits, galvanisés, par les propos sexistes, misogynes, vulgaires, masculinistes de Donald Trump ? Les hommes américains étaient-ils prêts à amener une femme à la Maison Blanche ? La question reste ouverte… »
En face, Anne Sinclair, grande spécialiste des Etats-Unis, était du même avis. « On ne connaît pas exactement les motivations sous-jacentes, mais il y a eu le rejet d’une femme noire et métisse. (…) Peut-être qu’en fait, le fait d’avoir une femme présidente ne correspondait pas. C’est quand même la deuxième fois en huit ans qu’une femme est bannie de la Maison Blanche ! »
Cette vision victimisante et essentialisante est d’autant plus déplorable que le début de l’analyse d’Anne Sinclair a été plutôt bien accueilli. Elle a expliqué que certaines minorités finissent, au fil du temps, à s’assimiler aux peuples amérindiens et à rejeter toute affiliation communautaire. « Les hommes hispaniques ont voté pour Trump parce qu’ils sont ici depuis des générations et sont devenus Américains.» a-t-elle alors déclaré à juste titre. Nous avons voulu cantonner le vote hispanique et dire que, comme le vote noir, il était acquis. Ils n’ont pas accepté d’être catalogués. »
En effet, les hommes hispaniques n’ont pas voté pour Trump en raison de son sexe ou de la couleur de sa peau, mais en raison du programme qu’il soutenait. Plutôt que de se comporter comme des Latinos, ils ont voté comme des Américains. De même, ils n’ont pas voté contre une femme, mais contre un projet de société qui leur paraissait dangereux. Contre un certain wokisme.
Un vote anti-réveillé avant tout
C’est également l’analyse livrée par Éric Zemmour, mercredi soir sur CNews. « Donald Trump est le nom de la révolte contre ce qu’incarne Kamala Harrisil a expliqué. Cette victoire est très symbolique d’une défaite majeure de la gauche. Le peuple américain ne voulait plus qu’on compte sur lui. »
Mais il est finalement assez cohérent que France 5 nie cette défaite du wokisme en victimisant Kamala Harris et en adoptant une grille de lecture elle-même… wokiste.
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