L’ancien ministre des Finances Bruno Le Maire pointe du doigt le gouvernement actuel

L’ancien ministre des Finances Bruno Le Maire pointe du doigt le gouvernement actuel
L’ancien ministre des Finances Bruno Le Maire pointe du doigt le gouvernement actuel

“Quand on me dit que le déficit en 2024 sera de 6,1%, c’est le choix du gouvernement actuel”, a-t-il déclaré. “Si toutes les mesures que nous avions préparées (…) avaient été mises en œuvre sans tarder par le nouveau gouvernement, couplées aux mesures de recettes sur les rentes énergétiques et sur les rachats d’actions avec effet rétroactif, elles auraient permis de contenir le déficit pour 2024. à 5,5% sans augmentation d’impôts.»

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Le déficit public est attendu à 6,1% du PIB cette année, un chiffre très éloigné des 4,4% prévus pour l’automne 2023 et des 5,1% prévus pour le printemps après réévaluation par le précédent exécutif. Il ne tomberait qu’en dessous des 3 % du PIB autorisés par l’UE en 2029, faisant de la France un mauvais élève européen.

La raison, selon l’ancien ministre parti enseigner à Lausanne (Suisse), est le soutien massif déployé lors des crises successives, et cette année les recettes des prélèvements obligatoires inférieures de 41,5 milliards d’euros aux prévisions.

« L’arbitrage » présidentiel

« Il n’y avait aucune faute, aucune dissimulation, aucune volonté de tromper. Il y a eu fondamentalement une erreur technique grave dans l’évaluation des recettes, sur laquelle le ministre ne se prononce pas, a-t-il souligné : il y a une « imperméabilité totale » pour éviter un risque de « manipulation ».

Le président de la commission des Finances Claude Raynal (PS) a estimé que le gouvernement avait très tôt des notes internes qui prévoyaient un dérapage plus marqué que prévu, et qu’il tardait à en tenir compte.

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Bruno Le Maire a contesté. Face à la brutale dégradation de l’environnement économique début 2024, entraînant un abaissement de la prévision de croissance de 1,4% à 1,1%, Bercy a réagi « vite, sérieusement et en pleine conscience de la gravité de la situation », en annulant 10 milliards d’euros de crédits dès février. Durant l’été, 16,5 milliards d’euros de crédits ont été gelés.

Mais l’ex-ministre a regretté de n’avoir pas réussi à convaincre au printemps de la nécessité d’un projet de loi de finances rectificative de 15 milliards d’euros. Si le ministre des Finances propose des économies, “l’arbitrage” revient au président Emmanuel Macron, a-t-il souligné, se disant toutefois “solidaire” des décisions prises.

Puis, après la dissolution de l’Assemblée nationale en juin et malgré une dérive aggravée selon Bercy par les dépenses des collectivités locales, « nous n’avions plus ni la légitimité institutionnelle ni les leviers administratifs pour prendre des mesures fortes ».

« L’autosatisfaction »

“Je constate cette espèce de feu d’artifice d’autosatisfaction collective et solidaire sur votre action qui se paie (…) au prix fort (…) d’une dette colossale et abyssale”, a taclé le rapporteur général du budget Jean-François Husson (LR). La dette s’élève à environ 3 230 milliards (112 % du PIB), augmentée d’un millier de milliards depuis 2017.

Le dérapage du déficit, après celui déjà observé en 2023 à 5,5% du PIB contre 4,9% prévu, suscite des interrogations sur la fiabilité des prévisions de la précédente majorité macroniste.

Auditionné par la commission, l’ancien ministre des Comptes publics Thomas Cazenave a déclaré que les trois quarts de l’aggravation d’environ 50 milliards d’euros du déficit cette année provenaient d’un problème de prévision des recettes ; et le reste, de « l’augmentation très rapide » des dépenses communautaires, alors que celles de l’État sont en baisse.

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Outre une inflation plus faible, une masse salariale moins dynamique et une croissance tirée davantage par le commerce extérieur, “est-ce l’effet des sorties de crise qui mettent en quelque sorte à l’épreuve des modèles pourtant très stables dans le temps ?” lui est-on demandé.

Pour l’actuel ministre de l’Économie, Antoine Armand, plutôt que « la recherche de responsabilités individuelles », la mauvaise santé des finances nécessite une « capacité, collectivement, à nous mettre au défi de dépenser moins ».

Le Sénat entendra vendredi l’ancien Premier ministre Gabriel Attal et son prédécesseur Elisabeth Borne le 15 novembre, avant l’examen prochain du projet de budget 2025 et de l’effort budgétaire des « 60 milliards » qu’il prévoit.

 
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