Harvard ne prendra plus position sur les questions controversées

Harvard ne prendra plus position sur les questions controversées
Harvard ne prendra plus position sur les questions controversées

Dans un rapport publié mardi, l’université américaine a décidé de ne plus afficher de parti pris sur des questions étrangères à sa fonction d’enseignement, après des mobilisations pro-palestiniennes sans précédent sur le campus.

Harvard se recentre sur le cœur de sa mission, l’éducation. La célèbre université américaine a annoncé le 28 mai sa décision de ne plus afficher de position sur des questions qui ne concernent pas directement ses fonctions principales, rapportent nos confrères de Gardien . A l’origine de cette nouvelle réglementation, un groupe de travail composé de hauts responsables de l’administration et du personnel enseignant de l’université a été créé alors que l’institution traversait une crise profonde.

Un mois après l’attaque terroriste du Hamas contre Israël, 34 associations d’étudiants universitaires ont signé une déclaration accusant le « régime d’apartheid » imposée par Israël aux Palestiniens et faisant porter l’entière responsabilité de la tragédie sur Israël. En janvier dernier, la présidente de Harvard, Claudine Gay, a été contrainte de démissionner après des accusations de plagiat et un refus de condamner les discours antisémites croissants au sein de l’université. Finalement, trois mois plus tard, des étudiants envahissent le campus, réclamant la rupture des partenariats avec des entreprises liées à Israël.

Si la question de la guerre à Gaza a joué un rôle dans cette décision prise par Harvard, la direction précise néanmoins que le problème est bien plus ancien.

« Échange sain et libre entre points de vue divers »

Dans une interview accordée au Gazette de Harvard Selon l’organe de communication de l’université, les deux codirecteurs du groupe de travail, Alison Simmons et Noah Feldman, font état de plaintes formulées par des membres de Harvard, et d’un climat délétère régnant au sein de l’université. « Nous avons entendu de nombreuses personnes se sentir obligées de « parler au nom de Harvard », même si elles ne le souhaitent pas. » explique Alison Simmons.

« Nous avons également eu beaucoup de retours sur la manière dont les déclarations institutionnelles et individuelles sont reprises par les médias, y compris les réseaux sociaux. » ajoute Noah Feldman. « À l’ère de ces réseaux, il est facile pour le public de penser que quiconque apparaît dans un sweat-shirt Harvard parle ‘au nom’ de l’université. Ce n’est pas le cas ! Et il faut le dire clairement, conclut-il.

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En partie inspirées par ces témoignages, ces nouvelles règles proposées par le groupe de travail ont été facilement acceptées par la direction de Harvard. Dans un rapport publié sur son site Internet, l’université réaffirme sa mission première : « ccréer un environnement dans lequel nous pouvons avoir un échange d’idées et d’arguments sain, productif et libre entre divers points de vue sur des questions de science, de société, de valeurs, de culture, etc..

Avis et assistance

Dans le monde universitaire et associatif américain, nombreux sont ceux qui accusent l’institution de se prétendre neutre dans le contexte du conflit à Gaza, alors même qu’elle y est financièrement investie. Eric Reinhart, par exemple, doctorant à Harvard et psychanalyste clinicien, pointe du doigt les investissements financiers de Harvard pour discréditer ses nouvelles règles. « Harvard se déclare neutre en matière politiqueil a écrit dans un tweet, tout en investissant activement dans la fabrication d’armes et en poursuivant ses innombrables contrats avec Israël et l’armée américaine.. Et d’affirmer : « La notion de neutralité et de responsabilité institutionnelle est plutôt commode, à mon avis ».

D’autres, à l’inverse, défendent l’université, arguant de la nécessité de défendre la liberté d’expression. L’association FEU(Foundation for Individual Rights and Expression, « Fondation pour les droits et l’expression individuelle », en français) réagit aux déclarations de Harvard par un « forte approbation » sur X, et rappelle également son soutien apporté l’année précédente à l’Université de Chicago qui avait engagé la même démarche. En effet, Harvard n’est pas la première université américaine à adopter cette politique de neutralité pour ses allocutions. Avant elle, l’université de Chicago mais aussi de Columbia avaient affirmé leur neutralité, et les universités de Pennsylvanie et de Yale envisagent désormais de faire de même.

 
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