“Les immigrants rendent l’Amérique grande” : devant un meeting de Donald Trump en Pennsylvanie, une cinquantaine de manifestants ont repris mardi le slogan de l’ex-président pour clamer leur colère après des propos polémiques d’un comédien lors d’un meeting républicain.
En scandant également « Trump, fuera ! » (« Trump, dehors ! »), ces manifestants n’apprécient pas l’arrivée du milliardaire mardi à Allentown, ville à majorité hispanique de l’État clé de Pennsylvanie.
“Les Latinos sont vraiment dégoûtés”, a déclaré à l’AFP Ivet Figueroa, une femme de 60 ans présente à la manifestation. Élevée par ses parents portoricains à Allentown, elle a exprimé son aversion en dehors de l’arène où Donald Trump devait donner un meeting.
“Nous sommes des citoyens, et il parle de nous de cette façon ?”, ajoute-t-elle. “Comment ose-t-il?”
Lors d’un rassemblement de Donald Trump au Madison Square Garden de New York dimanche, le comédien Tony Hinchcliffe a qualifié Porto Rico, un territoire américain des Caraïbes, d’« île flottante d’ordures ».
Une insulte dont l’écho se fait depuis sentir au sein de la diaspora portoricaine, forte de six millions de personnes dans les 50 États américains selon le Pew Research Center.
Dans une élection présidentielle qui s’annonce comme la plus serrée de l’histoire américaine moderne, l’impact de ces remarques reste flou.
Changement d’avis
Mais quelques milliers de voix supplémentaires de cette communauté pourraient suffire à Kamala Harris pour l’emporter en Pennsylvanie, considéré comme le plus important des États clés et qui compte plus de 400 000 habitants d’origine portoricaine.
Certains militants disent avoir observé les effets sur le terrain de cette polémique qui n’a fait que s’amplifier depuis dimanche : de plus en plus d’électeurs hispaniques se retournent contre Donald Trump, même si l’ancien président a pris ses distances avec l’humoriste.
“Personne n’aime plus que moi la communauté latino et notre communauté de Porto Rico”, a-t-il déclaré lors de sa réunion.
Armando Jimenez, chef d’une organisation politique dirigée par des immigrés en Pennsylvanie, a déclaré avoir “entendu des gens dire qu’ils avaient changé d’avis, des républicains qui, désormais, à cause de cela, vont voter pour Kamala”.
« Nous sommes le plus grand bloc électoral de tout le pays, donc une chose peut vraiment faire basculer les élections si nous continuons à être attaqués », ajoute-t-il.
Pour Michelle Fernandez, fervente partisane portoricaine de Donald Trump, les commentaires de Tony Hinchcliffe n’ont pas d’importance.
“Cela ne m’a fait ni chaud ni froid”, a-t-elle déclaré à l’AFP en faisant la queue pour entrer dans le meeting républicain, car les mots “ne sont pas sortis de la bouche de Trump”.
Collecte des déchets
Accompagnés de son mari, les deux hommes tiennent des pancartes indiquant « Les Boricuas avec Trump », du nom des membres de la diaspora portoricaine.
«Le commentaire était sale, mais ce n’est pas un facteur décisif pour moi», déclare Michelle Fernandez. Le plus important pour elle ? Immigration clandestine, délinquance et économie, énumère-t-elle.
A l’intérieur de l’arène, les alliés de Donald Trump réchauffent la salle avant l’arrivée du milliardaire. Parmi eux, Tim Ramos, ancien candidat portoricain aux élections municipales d’Allentown.
L’actuel maire, le démocrate Matthew Tuerk, est présent à la manifestation à l’extérieur, critiquant les propos tenus à New York.
« C’est une insulte aux habitants d’Allentown ! » » a-t-il déclaré aux dizaines de manifestants.
Les récentes déclarations républicaines sont « remplies de plaintes concernant « l’ennemi intérieur » », a-t-il déclaré, reprenant les propos controversés de Donald Trump.
« Savez-vous de qui il parle ? De nous ! »
Ivet Figueroa, originaire d’Allentown, tient sa propre pancarte faite maison, comprenant une photo d’une poubelle.
Il est inscrit dessus : « Le 5 novembre est le jour de la collecte des ordures. »
(AFP)