Les personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer ou d’une autre maladie neurodégénérative peuvent déposer une demande anticipée d’aide médicale à mourir dès mercredi, une nouvelle qui apporte un soulagement à un Trifluvien atteint d’un Alzheimer précoce.
«C’est un grand jour que j’attendais depuis longtemps», déclare d’emblée Sandra Demontigny.
Elle dit éprouver un sentiment de sérénité à l’idée de pouvoir désormais formuler sa demande.
« Ma maladie se dégénérant au fil du temps, je ne cache pas que j’avais hâte qu’elle soit résolue pour être sûre d’avoir accès aux demandes anticipées avant qu’il ne soit trop tard », explique-t-elle.
Ayant reçu son diagnostic il y a six ans, elle prévoit remplir le formulaire dans les semaines à venir, car elle réfléchit encore aux critères qu’elle souhaite y inclure.
Elle a accompagné son père, atteint de la même maladie génétique, jusqu’à la fin de sa vie. Mme Demontigny estime que cela lui permet d’y voir plus clair.
« Cela m’a permis de me préparer différemment. Me préparer en sachant ce qui m’attend en grande partie, puis la limite que je suis capable de me donner », mentionne-t-elle.
« Une très belle avancée sociale »
Pour le président de l’Association québécoise pour le droit de mourir dans la dignité, le Dr Georges L’Espérance, le fait que Québec permette les demandes anticipées d’aide médicale à mourir est « une très grande avancée sociale ».
Pour certains organismes, comme Carpe Diem, un centre de ressources Alzheimer de Trois-Rivières, certains aspects restent à clarifier.
Sa directrice et fondatrice Nicole Poirier dit ne pas en avoir encore vu la forme et se demande, entre autres, comment sera évaluée la « souffrance », quand les conditions font référence à « une souffrance physique ou psychologique qui doit être persistante et insupportable ».
A ce sujet, le Dr L’Espérance répond : « Bien sûr qu’on ne peut pas l’évaluer, le patient est dément, par définition il ne peut pas nous le dire. Je dirai à tous mes patients : notez vos niveaux que vous ne voulez pas dépasser. Et d’ajouter : même si je ne semble pas souffrir d’un point de vue mental, psychologique ou existentiel, je veux l’aide médicale à mourir, car je ne serai plus la même personne que j’ai été toute ma vie. »
Pour Sandra Demontigny, cette victoire dans le combat qu’elle a mené est une victoire d’équipe, qui va désormais lui permettre de profiter pleinement de son quotidien avec son conjoint et ses enfants.
« Sachant que, quand cela va être trop difficile pour moi par rapport à ce que j’ai décidé auparavant, eh bien le médecin qui m’accompagne va me laisser partir doucement », conclut-elle.