« Il n’existe pas d’école en Belgique qui explique comment produire des poudres explosives »

« Il n’existe pas d’école en Belgique qui explique comment produire des poudres explosives »
« Il n’existe pas d’école en Belgique qui explique comment produire des poudres explosives »

Et dans le milieu restreint des producteurs de poudres, ou de « charges propulsives » comme ils préfèrent se présenter, nous avons considérablement augmenté les capacités des lignes de production. “Si la guerre devait prendre fin, il faudrait de toute façon reconstituer les stocks.», explique Sébastien Lardinois, PDG d’Eurenco Clermont (Engis), située à deux pas de Liège, filiale du groupe français du même nom.

Un nom peu connu du grand public. C’est un acteur de l’ombre. Mais Eurenco est l’un des leaders européens de la production de poudre et le principal producteur en Belgique, qui approvisionne par exemple le groupe wallon FN Herstal.

Le groupe Eurenco emploie plus de 1.200 personnes au total, a réalisé 500 millions d’euros de chiffre d’affaires (dont 50 millions en Belgique) et vise un milliard annuel d’ici 2030.

Et Eurenco se sent à l’étroit, veut grandir. Le groupe va adresser cette semaine une demande de permis aux autorités wallonnes pour agrandir son site de Clermont d’une quinzaine de bâtiments.

« Le groupe Eurenco investira plus de 400 millions d’euros sur ses quatre sites européens, dont 80 millions en Belgique. Nous doublerons la production de poudres et d’explosifs de petit calibre et augmenterons la charge d’artillerie modulaire (le matériau propulsif des obus, NDLR) par sept, voire dix pour les gros calibres. Tout cela pour 2025”, précise le manager de 47 ans d’origine liégeoise. Objectif ? Réaliser une production de plus de 4 400 tonnes de poudres et autres produits similaires par an. Juste ça.

Un partenariat bénéfique entre la FN Herstal et l’armée française

Le partenariat stratégique dévoilé par le ministre français des Armées, Sébastien Lecornu, et FN Herstal, le groupe d’armement wallon, le 21 mai, ne fait que confirmer la solidité du marché pour Eurenco. Pour rappel, son client FN Herstal fournira donc l’armée française en munitions de petit calibre. Quelques euros devraient donc finir dans les poches de l’expert en poudre, Eurenco.

« Nous travaillons en étroite collaboration avec les autorités françaises et belges depuis plusieurs mois sur ce sujet afin de répondre aux besoins en munitions des forces armées françaises et sécuriser leur approvisionnement stratégique à long terme.», déclarait il y a une semaine Julien Compère, le PDG de FN Herstal. “La Défense française est depuis longtemps un partenaire majeur de notre société FN Herstal, un lien que nous sommes extrêmement heureux et fiers de pouvoir encore renforcer dans les mois et années à venir. »a-t-il déclaré via son porte-parole.

Eurenco Engis, spécialiste des poudres. ©EDA VR

« Le contrat de 20 ans pour la fourniture de la Défense belge et de la FN Herstal et ce partenariat avec la France donne de la visibilité à notre partenaire FN Herstal et nous permet de faire un pas en avant. Mais les discussions sont toujours en cours», ajoute, de son côté, Sébastien Lardinois, précisant que son groupe est «le plus grand fabricant de poudres propulsives en Europe». “Nous sommes dans un mode de croissance très rapide“, il ajoute.

Et en cas de paix ?

La question qui pourrait se poser est de savoir si, malgré les partenariats de longue date noués avec les armées belge et française, Eurenco ne voit pas trop « grand ».

Pour Sébastien Lardinois, ce n’est pas le cas. “Cette industrie a connu un désinvestissement important après la fin de la guerre froide et la chute du mur de Berlin. Nous pensions qu’il n’y aurait plus de conflit ouvert en Europe“, Il commence. Une logique qui a poussé la France à fermer l’usine d’armement de Saint-Étienne, qui produisait par exemple le célèbre fusil d’assaut Famas.

mouette

« Cette industrie a connu un désinvestissement important après la fin de la guerre froide et la chute du mur de Berlin. Nous pensions qu’il n’y aurait plus de conflit ouvert en Europe.»

« Mais l’investissement ici est durable. Nous ne les ferions pas si c’était pour fermer ces usines dans quelques années. Nous avons une visibilité sur le marché d’au moins cinq à dix ans», assume-t-il. “Oui, nous devons espérer que le conflit en Ukraine cesse. Mais la demande restera élevée. Ne serait-ce que pour reconstituer les stocks“, il dit. Et anticiper les conflits, pourrait-on ajouter. “Nous avons conquis des marchés en Pologne et en République tchèque, qui ont également plus de besoins“, il continue.

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Un marché « protégé » par l’Europe ?

A la question de savoir si l’Europe « fausse » la concurrence grâce aux barrières à l’importation, Sébastien Lardinois rétorque que «ce n’est pas faux. Nous devons être performants en Europe. Nous avons des qualités, mais nous ne pouvons pas vendre à n’importe quel prix. Nous sommes dans un marché concurrentiel international. Mais il y a des qualifications OTAN qui coûtent de l’argent, mais sont des exigences de qualité, avec des munitions qui chauffent moins par exemple, tout en gardant une bonne vélocité et en améliorant la durée de vie des armes.. Il y a aussi tout ce qui touche aux licences d’exportation et aux réglementations nationales très strictes. C’est une manière de protéger un marché, mais aussi de réguler le marché d’un point de vue éthique.», raconte le dirigeant, à la tête de la filiale qui emploie 140 personnes en Belgique et prévoit d’en recruter une centaine. “dans les 18 mois” avenir. “Nous recherchons des opérateurs que nous formerons ici. Il n’existe aucune école qui explique comment produire des poudres explosives ou des charges propulsives“, il finit.

Le groupe Eurenco, quant à lui, emploie plus de 1.200 personnes au total, a réalisé 500 millions d’euros de chiffre d’affaires (dont 50 millions en Belgique) et vise un milliard annuel d’ici 2030.

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3 questions à Sébastien Lardinois, CEO d’Eurenco Belgique

Nous devons reconnaître une chose : la guerre est bonne pour les affaires, n’est-ce pas ?

Sébastien Lardinois, PDG d’Eurenco Belgique. ©Gilles ROLLE Tél : +33 612906012

« Les besoins sont là… Mais au-delà de cette question, on peut se demander ce qui va se passer avec la Russie, avec le reste du monde ou à l’égard des élections américaines par exemple. Je ne sais pas ce qui pourrait arriver mais les demandes s’accumulent avec le temps. Les conflits peuvent être moins intenses (qu’avec la guerre en Ukraine, NDLR) mais les besoins resteront considérablement élevés. C’est une industrie stratégique. Et que cela nous plaise ou non, nous devons maintenir cette industrie stratégique. Les troupes doivent pouvoir s’entraîner sur le long terme. Nous nous souvenons tous des masques bloqués pendant le Covid et des problèmes causés par le fait de ne pas les avoir. Aujourd’hui, c’est la même chose pour l’industrie de Défense. Nous devons retrouver notre souveraineté sur le sujet.»

mouette

« C’est une industrie stratégique. Et que cela nous plaise ou non, nous devons maintenir cette industrie stratégique. Les troupes doivent pouvoir s’entraîner sur le long terme.»

Ne revoit-on pas ces investissements à la baisse, surtout en période de soudure, une fois les crises passées ?

« Nous avons constaté un vrai changement de mentalité, tant au niveau européen que du côté du secteur bancaire, lorsqu’il s’agit de demandes de financement. Cela a profondément changé. Eurenco a reçu 76 millions de subventions de l’Europe et la Belgique a toujours subventionné la recherche et le développement (R&D)..

Est-il possible d’être « ESG friendly » (normes environnementales, sociales et de gouvernance) dans le secteur de l’armement ?

“Oui. L’ambition du groupe s’est affichée en 2019 : réduire nos émissions de CO₂. Nous savons que cela fait partie des obligations, nous sommes un groupe industriel sérieux. Par ailleurs, nous avons déjà réduit notre consommation d’eau de 20 % depuis 2020, car elle deviendra une denrée rare. En matière énergétique, il est plus simple d’atteindre la neutralité en France grâce au parc nucléaire, mais nous atteindrons la neutralité pour l’ensemble du groupe en 2050. »

<p>Emmanuel Macron lors de la pose de la première pierre de l’usine de production de propulseurs d’obus Eurenco, à Bergerac, le 11 avril 2024.</p> <p>” width=”768″ height=”512″ fetchpriority=”auto » src = »https://aa-3-en.e24n.com/en/wp-content/uploads/2024/05/There-is-no-school-in-Belgium-that-explains-how-to. png” srcset=”https://www.lalibre.be/resizer/v2/4NRZND6GINF57L33BHD6CKBXQM.jpg?auth=107915bfe0ab9c1a74cf40a5e05fc928d22f22eb12d547a973ac1127090408dc&width=768&height=5 12&quality=85&focal=384%2C256 768w,https://www.lalibre.be/resizer/ v2/4NRZND6GINF57L33BHD6CKBXQM.jpg?auth=107915bfe0ab9c1a74cf40a5e05fc928d22f22eb12d547a973ac1127090408dc&width=1200&height=800&quality=85&focal=384%2C256 1 200w” data-sizes=”auto” data-optimumx=”1″/></p> </div></div> <p>< figcaption>Emmanuel Macron lors de la pose de la première pierre de l’usine de production de poudre propulsive pour obus Eurenco, à Bergerac, France, le 11 avril 2024. ©POOL/AFP</figcaption></figure> </p></div> </p></div> <p>Drones, roquettes, missiles… le conflit israélo-palestinien renforce les fabricants d’armes en bourse</p> </div></div> <p><!-- .entry-content --> </p> <footer class=

Publié 27 mai 2024Par Liliane

 
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