« Il fallait que j’agisse pour éviter que d’autres personnes meurent comme Rosa », un jeune Belge assigne TotalEnergies en justice

« Il fallait que j’agisse pour éviter que d’autres personnes meurent comme Rosa », un jeune Belge assigne TotalEnergies en justice
« Il fallait que j’agisse pour éviter que d’autres personnes meurent comme Rosa », un jeune Belge assigne TotalEnergies en justice

Près de trois ans après le drame, l’émotion est toujours très palpable chez Benjamin. A 17 ans, il se retrouve à porter plainte au pénal contre l’un des plus grands groupes pétroliers au monde : TotalEnergies. Mais plus qu’une simple action militante pour le climat, cette offensive est avant tout une histoire personnelle pour Benjamin. Lors des inondations de juillet 2021, son amie Rosa est décédée, emportée par le courant de l’Ourthe, à Marcourt.

Climat, le changement par le citoyen

“Nous parlions de la façon dont nous allions changer le monde”

Ils se trouvaient à l’époque dans un camp de jeunes au Luxembourg. Lorsque les pluies torrentielles commencent à menacer d’inondation le bâtiment dans lequel ils se trouvent, ils décident de se réfugier dans une maison située en hauteur. “Nous étions tout près d’une petite rivière qui commençait à déborder de son lit », raconte-t-il. “La plaine s’est rapidement retrouvée sous les eaux et on ne pouvait plus distinguer la plaine de la rivière.” Sans qu’il sache vraiment comment, Rosa se retrouve soudain emportée par le courant. Pour tenter de la sauver, Benjamin court le long de la berge, avant de se jeter à l’eau. Malgré plusieurs tentatives, il n’a pas réussi à la ramener au bord.

C’est ce drame qui le motive aujourd’hui à poursuivre son combat contre le changement climatique. “Avec Rosa, nous parlions souvent de la façon dont nous allions changer le monde ensemble“, il se souvient. “Les mois qui ont suivi ont été très difficiles pour moi. Plus tard, j’ai décidé que je devais agir pour empêcher que davantage de personnes ne meurent comme Rosa. Je devais souligner et montrer aux gens que la crise climatique n’est pas qu’une question de chiffres. Cela concerne aussi les gens. Des gens qui en souffrent et en meurent.»

Pas seul

Benjamin n’est pas le seul à déposer cette plainte auprès du tribunal correctionnel de Paris. Trois ONG (BLOOM, Santé Planétaire et Nuestro Futuro), ainsi que sept autres victimes, participent à la procédure judiciaire. Ces sept autres victimes viennent du monde entier : Zimbabwe, Grèce, Australie, Philippines… Toutes ont en commun l’envie de se battre.

Ils accusent l’entreprise d’homicide involontaire, de mise en danger de la vie d’autrui, d’incapacité à prévenir les catastrophes et de destruction de la biodiversité. Des accusations graves, d’autant qu’elles ne visent pas uniquement le groupe lui-même. Le conseil d’administration, mais aussi les actionnaires, sont désignés comme des acteurs responsables contribuant au changement climatique.

Après avoir déposé plainte à Paris ce mardi matin, Benjamin s’est rendu au siège de TotalEnergies à Bruxelles pour déposer la plainte auprès de la direction belge. Le groupe a refusé de recevoir Benjamin et les portes sont restées fermées.


Pas le premier reproche

Pour TotalEnergies, cette plainte n’est pas la première du genre. Partout dans le monde, le grand groupe énergétique subit la pression des victimes du réchauffement climatique, des ONG et des militants. En France notamment, plusieurs associations ont accusé le groupe de greenwashing. En mars 2022, trois ONG ont par exemple assigné TotalEnergies en justice pour « pratiques commerciales trompeuses ». Ils remettent en cause la présentation du gaz, vendu comme l’énergie fossile la plus « propre ». Toujours en France, une enquête pénale a été ouverte en 2021 contre le groupe pour les mêmes motifs de pratiques trompeuses.

Mais ces actions dépassent les frontières de la France. Au Yémen, TotalEnergies a été accusé en janvier 2024 de polluer les terres et les eaux d’une région désertique de l’Hadhramaout, où le groupe exploite des puits de pétrole depuis plus de trente ans. En Ouganda et au Mozambique également, le groupe est poursuivi pour homicide involontaire, mais aussi pour climaticide.

 
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