après l’échec d’un traitement prometteur, la recherche revient à la case départ

après l’échec d’un traitement prometteur, la recherche revient à la case départ
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Après des décennies de recherche, les patients Charcot restent pratiquement non traités. L’une d’entre elles, qui avait suscité de nombreux espoirs, s’est finalement révélée inefficace, relançant les spéculations sur les meilleures voies contre cette maladie qui enferme peu à peu le patient dans son corps.

• Lire aussi : Maladie de Charcot : un traitement controversé retiré aux Etats-Unis et au Canada

“Nous avons eu 30 ans de tests (et) tous ont été négatifs”, a résumé lundi le neurologue français Philippe Couratier lors d’une conférence consacrée à cette maladie, aussi appelée sclérose latérale amyotrophique (SLA).

« N’imaginez pas que nous soyons insensibles au fait que nous enchaînons échec après échec. Quand on est à la quarantième ou à la cinquantième, c’est un peu dur à supporter», a-t-il déclaré devant un public composé de plusieurs patients.

Ces derniers sont condamnés à une paralysie progressive qui s’étend à tout le corps et entraîne la mort en quelques années : trois à cinq en moyenne.

Comme pour de nombreuses pathologies neurologiques, au premier rang desquelles la maladie d’Alzheimer, les traitements sont quasiment inexistants malgré des décennies de recherche.

Le professeur Couratier s’est exprimé dans un contexte rendu particulièrement douloureux par l’échec d’un traitement sur lequel les patients comptaient beaucoup : le Relyvrio, du laboratoire américain Amylyx.

Ce médicament a donné des résultats jugés prometteurs lors de premières études réalisées sur un petit nombre de patients. Sans qu’il soit question de guérir la maladie, ces essais laissaient entrevoir la possibilité de donner aux patients quelques précieux mois supplémentaires.

Point de départ ?

C’est sur cette base que les autorités sanitaires américaines l’ont approuvé en 2022. Mais cette décision, prise sous la forte pression des associations de patients, était loin de faire l’unanimité, de nombreux neurologues la jugeant prématurée.

En effet, Amylyx a annoncé en début d’année qu’un essai plus large avait abouti à des résultats négatifs et, ce faisant, a logiquement retiré son traitement du marché.

En France, l’agence du médicament (ANSM) venait de l’autoriser, imposant certes des conditions beaucoup plus restrictives qu’aux Etats-Unis mais se montrant plus ouverte aux associations de patients que son homologue européenne, l’EMA, qui s’opposait à un refus d’accepter .

Avons-nous indûment suscité l’espoir des patients ? En approuvant un traitement sans base suffisamment solide, est-ce qu’on abaisse les normes qui pourraient un jour aboutir à des médicaments réellement efficaces ?

“Au moment où les décisions ont été prises, l’approbation de l’ANSM était justifiée”, assure à l’AFP le professeur Claude Desnuelle, pour qui il était “légitime” de penser que les premiers résultats seraient confirmés par une étude ultérieurement.

Mais « nous regrettons profondément que les espoirs suscités ne se confirment pas », admet le professeur Desnuelle, vice-président de l’Association pour la recherche sur la SLA (ARSLA).

Difficile pour les associations de ne pas ressentir cet échec comme un retour à la case départ, même si les progrès ne sont pas totalement inexistants en matière de traitements.

Paysage clinique complexe

L’un d’eux, en particulier, a récemment été approuvé en Europe par l’EMA. Il s’agit de Qalsody, développé par le laboratoire Biogen à partir d’une molécule appelée tofersen.

Cependant, ce traitement ne concerne qu’une infime partie des patients (moins de 2 %) qui sont touchés par une forme génétique bien spécifique de la maladie.

Ce médicament agit en effet en rectifiant l’action du gène incriminé. Elle semble capable de ralentir la progression de la maladie, voire chez certains patients de l’interrompre temporairement, même si ce dernier point est encore loin d’être confirmé.

Malgré le faible nombre de patients concernés, ces bons résultats suscitent l’espoir chez les neurologues car ils valident l’intérêt des thérapies dites géniques face aux formes héréditaires de la maladie, ouvrant potentiellement la voie à d’autres succès.

Il n’en demeure pas moins que ces formes sont clairement minoritaires : à peine plus d’un patient sur dix. Les autres souffrent de formes dites sporadiques dont les facteurs de risque sont largement méconnus.

Quelles réponses thérapeutiques peuvent leur être apportées ? La question est d’autant plus complexe que la maladie de Charcot varie fortement selon les patients : âge d’apparition, vitesse d’évolution, présence de problèmes cognitifs…

Ce paysage clinique complexe explique, pour plusieurs spécialistes, les difficultés de la recherche. Cela devrait, selon eux, mieux identifier les différences entre les patients.

« Ce que l’on sait maintenant, c’est qu’il n’y a pas une seule SLA mais bien la SLA », conclut Claude Desnuelle. “Il ne faut pas s’attendre à un traitement unique.”

 
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