Engagé dans l’armée, le jeune Russe en couverture de “M Le magazine du Monde” est mort

Engagé dans l’armée, le jeune Russe en couverture de “M Le magazine du Monde” est mort
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« Pacha est mort. » Les mots sont parfaitement clairs, mais il me faut quelques instants pour enregistrer l’information et surtout essayer de me rappeler qui est Pacha. Au bout du fil, Anna Ouvarova, la mère de Nikita, ancienne « héroïne » du reportage. L’adolescent anarchiste et rebelle, “terroriste” aux yeux du régime, a été condamné à cinq ans de prison pour un plan d’attentat inexistant – la vague idée, avec ses amis, de faire sauter un immeuble du FSB à Minecraft, un jeu vidéo dans lequel l’utilisateur peut modéliser des bâtiments.

En avril 2021, nous sommes allés rendre visite à la famille de Nikita à Kansk, un coin perdu de la région sibérienne de Krasnoïarsk. Anna Ouvarova nous avait installé la photographe Maria Turchenkova et moi chez sa sœur. Là se trouvaient Maxim, le cousin aux cheveux bleu-vert de Nikita, et « Pacha », Pavel Jevnerovitch. Alors que les pièces commencent à se mettre en place, Anna Ouvarova explique : « Pacha, le garçon en couverture… »

Il s’agit du service d’iconographie de M Le magazine du Monde qui avait fait ce choix : plutôt que celle de Nikita, déjà incarcéré, c’était une photo pleine de mélancolie de son cousin face au vide de la steppe qui avait été choisie pour faire la couverture du magazine. Pacha, le jeune homme de 18 ans qui riait bêtement pour cacher sa timidité. Pacha qui n’avait qu’un rêve : rejoindre l’armée…

Pacha, alors âgé de 18 ans, à Kansk (Russie), en couverture de « M Le magazine du Monde », publié le 8 mai 2021. MARIA TURCHENKOVA POUR « M LE MAGAZINE DU MONDE »

Bizarrement, avant même de me souvenir de lui, je savais que « Pacha est mort » voulait dire « Mort à la guerre ». Il y a bien des façons de mourir, quand on a 20 ans, dans un endroit comme Kansk : l’alcool, la violence, les accidents… Mais, ces derniers mois, ces dernières années, c’est la guerre en Ukraine qui a déprimé les habitants des marches. de l’empire paient leur dû. Sur l’une des chaînes Telegram répertoriant les morts de « l’opération spéciale » (uniquement ceux connus de sources ouvertes), on trouve quarante-deux noms de personnes tuées à Kansk, soit quatre-vingt-cinq mille habitants. Celui de Pavel Jevnerovitch n’est pas là – seulement deux messages vidéo de proches mendiant des nouvelles, des bribes d’informations.

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La recherche d’un corps, pour confirmation officielle, est une épreuve dans celle vécue par des milliers de familles de soldats russes tués au front. Le coup de téléphone d’Anna Ouvarova remonte à début décembre 2023. Elle venait elle-même d’être informée du sort de son neveu par un camarade de régiment. Pacha était mort quelques jours plus tôt, touché par un éclat d’obus dans le dos, non loin de la ville ukrainienne d’Avdiïvka, dans le Donbass, dont l’armée russe s’est emparée en février.

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