Après avoir ouvert une enquête contre son épouse, le Premier ministre espagnol Pedro Sánchez envisage une éventuelle démission

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Pedro Sanchez assiste à une séance plénière à la chambre basse du parlement espagnol, à Madrid, le 14 mars 2024. PIERRE-PHILIPPE MARCOU / AFP

Par Le Nouvel Obs avec AFP

Publié le 24 avril 2024 à 20h00Mis à jour 24 avril 2024 à 20h24

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Le Premier ministre espagnol Pedro Sánchez a annoncé ce mercredi 24 avril, dans une lettre publiée sur X, ” réfléchir à “ à une éventuelle démission après l’annonce de l’ouverture d’une enquête contre son épouse pour trafic d’influence et corruption.

“Je dois m’arrêter et réfléchir” afin de décider « si je dois continuer à être chef du gouvernement ou si je dois renoncer à cet honneur »a-t-il écrit, indiquant qu’il annoncerait sa décision lundi à la presse et suspendrait ses activités d’ici là.

Cette enquête préliminaire contre Begoña Gómez a été ouverte le 16 avril après une plainte de l’association « Manos limpias » (Clean Hands), un collectif considéré comme proche de l’extrême droite, a annoncé le Tribunal Supérieur de Justice de Madrid dans un bref communiqué.

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Il est placé sous le sceau de « secret d’instruction »a ajouté le tribunal.

Dans sa lettre, Pedro Sánchez, au pouvoir depuis 2018, dénonce une plainte fondée sur des faits “inexistant” et une campagne de « harcèlement » dirigé par les médias « ultraconservateurs » et soutenu, selon lui, par l’opposition de droite et d’extrême droite contre son épouse.

Une plainte « parce que c’est ma femme »

“Je ne suis pas naïf”il a dit, “Je suis conscient du fait qu’ils portent plainte contre Begoña, non pas parce qu’elle a fait quelque chose d’illégal, parce qu’ils savent que ce n’est pas vrai, mais parce qu’elle est ma femme”.

Selon le média en ligne El Confidencial, qui a révélé l’information, cette enquête porte notamment sur les liens de Begoña Gómez avec le groupe touristique espagnol Globalia, propriétaire de la compagnie aérienne Air Europa, à une époque où cette dernière était en pourparlers avec le gouvernement. pour obtenir des aides face à la forte baisse du trafic aérien provoquée par la pandémie de Covid.

À l’époque, Begoña Gomez dirigeait IE Africa Center, une fondation liée à l’école de commerce de l’Université IE de Madrid, poste qu’elle a quitté en 2022.

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Selon El Confidencial, IE Africa Centre aurait « a signé un accord de sponsoring avec Globalia en 2020 » et Begoña Gomez aurait participé à “une réunion privée avec son PDG Javier Hidalgo au moment où Globalia négociait son plan de sauvetage de plusieurs millions d’euros avec le gouvernement” par Pedro Sánchez.

« Donner des explications aux Espagnols »

Ce plan a permis à Air Europa de percevoir 475 millions d’euros en novembre 2020, issus d’un fonds de 10 milliards destiné à soutenir les entreprises stratégiques en difficulté en raison de la crise sanitaire.

L’entreprise espagnole a été la première entreprise à bénéficier de ce fonds. Des dizaines d’autres ont suivi, dont plusieurs de ses concurrents (Iberia, Vueling, Volotea…).

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Le président du gouvernement espagnol Pedro Sánchez, lors d'une réunion du PSOE le 24 juillet 2023 à Madrid, au lendemain des élections législatives.

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L’opposition de droite a appelé ce mercredi le Premier ministre à « donner des explications aux Espagnols »par la voix d’Ester Muñoz, membre de la direction du Parti populaire (PP, droite). « Tout finira par être connu »a prévenu un porte-parole du parti, Borja Semper.

Plusieurs proches du Premier ministre sont montés au créneau ce mercredi, accusant la droite de manipuler la justice à des fins politiques.

« Pratiques trumpistes »

Il y a « une stratégie qui consiste à lancer des accusations sans aucun fondement, sans aucune information véridique, sans aucune preuve, juste pour blesser, juste pour salir » Et “diffamer”a dénoncé le président du groupe socialiste à la Chambre des députés, Patxi Lopez.

Le PP « utilise une fausse accusation d’une organisation d’extrême droite pour diffamer et lancer des calomnies » envers le Premier ministre, a insisté la numéro deux du gouvernement, Maria Jesus Montero. « Nous ne permettrons pas que ces pratiques trumpistes portent atteinte à la démocratie espagnole »elle a ajouté.

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Le socialiste Pedro Sanchez, Premier ministre sortant, et le conservateur Alberto Nuñez Feijoo, leader du Parti populaire, lors de l'unique débat télévisé entre les deux hommes, le 10 juillet 2023, une dizaine de jours avant les élections législatives espagnoles.

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Manos limpias, collectif fondé en 1995, a été à l’origine de plusieurs procédures judiciaires ces dernières années et s’est constitué partie civile dans de nombreux procès pour des affaires de corruption.

Le collectif est considéré comme proche de l’extrême droite, notamment en raison de la personnalité de son fondateur Miguel Bernad, ancien leader du parti Frente Nacional, dissous en 1993.

Accusé d’être impliqué dans un réseau d’extorsion, ce dernier a été condamné à quatre ans de prison en juillet 2021, mais a finalement été acquitté en appel le mois dernier, faute de preuves selon le tribunal.

Par Le Nouvel Obs avec AFP

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